2016-11-22 |
Une coopération transpacifique |
Yu Lintao |
Mots-clés: coopération transpacifique |
Ces deux derniers mois, la Chine et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes (ALC) ont organisé une série de forums auxquels ont participé des représentants d'entreprises de haut niveau, des think tank et des membres officiels du gouvernement.
La collaboration entre la Chine et l'ALC a permis une relation dynamique toujours plus forte. Lors du dernier Forum des Think tank les 7 et 8 novembre, des observateurs ont souligné que malgré le brusque ralentissement de la croissance économique de certains pays de l'ALC et la tendance à la baisse du commerce Chine-ALC, les relations économiques continuent de s'améliorer dans un contexte de reprise économique mondiale ralentie. Selon les experts, la coopération évolue progressivement et particulièrement en matière de capacité de production, désormais au centre des relations économiques entre les deux parties.
Une transformation commerciale
Le commerce a longtemps guidé la coopération économique entre la Chine et l'ALC. Les statistiques du Bureau national des statistiques de Chine montrent que depuis l'an 2000, le volume du commerce bilatéral Chine-ALC a été multiplié par environ 22, atteignant les 269 milliards de dollars en 2014. La Chine est devenue le deuxième partenaire commercial mondial de l'ALC et le premier pour certains pays comme le Brésil et le Chili. Cette situation a commencé à changer récemment suite au ralentissement économique mondial et à la baisse des prix des matières premières. Les échanges bilatéraux Chine-ALC ont chuté à 236,5 milliards de dollars en 2015 et la croissance au premier semestre 2016 demeure négative.
Cependant, les liens économiques n'ont jamais fléchi, les deux parties recherchant désormais un nouveau potentiel de croissance. Auparavant, les échanges bilatéraux portaient principalement sur l'énergie et les ressources. Mais la grandeur du marché chinois et la stabilité de la demande à long terme attirent désormais de plus en plus d'exportateurs de produits agricoles haut de gamme : le bœuf d'Argentine ou du Brésil, le café de Colombie ou de Jamaïque, le saumon et le vin rouge du Chili, ainsi que la bière du Mexique sont de plus en plus présents sur les tables à manger chinoises.
Selon Sui Pengfei, directeur du département international du ministère chinois de l'Agriculture, le commerce agricole entre la Chine et l'ALC a atteint les 33,4 milliards de dollars en 2015, dont les exportations vers la Chine représentent 93,4 %. Les produits agricoles de l'ALC représentent 27 % des importations agricoles totales de la Chine. Jorge Heine, ambassadeur chilien en Chine, a déclaré aux médias chinois lors du Xe Sommet des affaires entre la Chine et les pays d'Amérique latine mi-octobre que le secteur agricole du Chili, pour lequel la demande chinoise est forte, a progressé de 6 % l'an dernier, soit trois fois plus que sa croissance économique globale. Au premier semestre 2016, les exportations agricoles chiliennes vers la Chine ont augmenté de 20 %.
Une meilleure coopération en matière de capacités de production
L'investissement est en phase de devenir l'un des moteurs de la coopération économique Chine-ALC. Dans le discours prononcé lors du forum de novembre, Yue Yunxia, chercheuse sur les questions liées à l'Amérique latine à l'Académie chinoise des Sciences sociales, a souligné que, bien que le commerce Chine-ALC fût insuffisant ces deux dernières années, les investissements chinois dans la région ont augmenté.
Les données fournies par le Conseil chinois pour la Promotion du commerce international montrent que les investissements non financiers directs de la Chine dans la région de l'ALC ont atteint les 21,46 milliards de dollars en 2015, avec une croissance annuelle de 67 %. Selon Mme Yue, la Chine a signé des accords de libre-échange mais aussi des accords sur la protection de l'investissement et sur la prévention d'une double imposition avec plusieurs pays de l'ALC. Par conséquent, les capacités à coopérer deviennent un nouveau point d'intérêt pour les deux parties. « Par ailleurs, l'établissement du Fond de coopération Chine-ALC a permis un support financier pour encourager cette coopération », a déclaré Mme Yue.
Yao Shumei, directrice du Bureau général de l'Institut de l'économie avec l'étranger, relevant de la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine, partage cette opinion. Selon elle, malgré le contexte de reprise économique mondiale lente et faible, les relations économiques entre la Chine et l'ALC en subissent également les conséquences et beaucoup d'efforts doivent être consacrés aux industries manufacturières, aux transports, à la communication, aux projets de conservation de l'eau, entre autres. « Actuellement, de nombreux pays de l'ALC doivent réajuster leur structure industrielle et rechercher un nouvel élan économique. Parallèlement, la Chine préconise une coopération internationale en matière de capacités de production, notamment grâce à son initiative de la « Nouvelle route de la Soie » et de la « Route maritime de la Soie », ce qui implique de lier la stratégie d'investissements outre-mer chinoise avec la demande de l'ALC en matière de fonds et de technologie étrangère.
Mme Yao a suggéré que les pays de l'ALC apprennent de l'expérience chinoise quant à la création de parcs industriels, et tentent d'améliorer leurs infrastructures afin d'attirer les investissements étrangers. Au cours de sa visite dans la région en 2015, le premier ministre chinois, Li Keqiang, a déclaré que le commerce de matières premières n'était pas le seul domaine de coopération possible entre la Chine et les pays de l'ALC. Pour améliorer les relations bilatérales, M. Li a proposé un modèle de coopération « trois fois trois ». Ce modèle propose la construction conjointe de trois passages pour favoriser l'interconnexion : un pour la logistique, un pour la transmission d'énergie et un pour les échanges d'informations. Ce projet respecte les règles de l'économie de marché dans le but de créer une réelle interaction entre le secteur privé, la société et le gouvernement. Cela vise également à faciliter la construction de leurs projets coopératifs en développant trois canaux : le financement, les prêts et les assurances. Au cours de ce voyage, le premier ministre chinois a également annoncé la création d'un fonds spécial de 30 milliards de dollars pour la promotion de la coopération Chine-Amérique latine dans les domaines des biens d'équipement et des capacités de production. M. Li a déclaré que les fonds seront attribués sans aucune condition politique.
Lors de son discours au Forum des Think tank, l'ancien premier ministre jamaïcain, Bruce Golding, a souligné que la coopération Chine-ALC en matière de capacités de production peut aider à renforcer la compétitivité des pays de l'ALC. Le rôle actif de la Chine démontre sa volonté de partager ses réussites en termes de développement, ce qui est favorable aux relations bilatérales. « La Chine nous aide à trouver un meilleur positionnement. Nous devons saisir les opportunités que nous avons pour encourager la construction d'infrastructures logistiques en Jamaïque. J'espère que la coopération bilatérale en matière de capacités de production favorisera le développement », a déclaré M. Golding.
En février dernier, une route à péage, construite par la Chine, a ouvert en Jamaïque. Cette nouvelle route, connue sous le nom d'autoroute nord-sud, relie directement la capitale jamaïcaine de Kingston au sud du pays à la ville d'Ocho Rios, au nord, réduisant le trajet de deux heures à 45 minutes. Selon un rapport de The Gleaner, un média local, diverses entreprises devraient être construites le long de cette route par les Chinois. Le ministre des Transports, du travail et du logement, Omar Davies, a déclaré que les entreprises jamaïcaines devraient obtenir une part des bénéfices engendrés. « Je n'attends pas des entrepreneurs locaux d'être capables de dépenser 700 millions de dollars, soit le prix de ce projet, mais ils devraient être capables d'exploiter nombre de ses retombées », a-t-il déclaré.
Lors de la cérémonie d'ouverture du Forum des Think tank, le conseiller d'Etat chinois Yang Jiechi a déclaré que les relations Chine-ALC sont entrées dans une nouvelle dynamique de développement complet et rapide, dans l'objectif d'atteindre une prospérité partagée.
Source: Beijing Information
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