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Économie
  2016-11-24
 

Conclusion du Sommet de l'APEC au Pérou : opportunités et défis

Kerry Brown
Mots-clés: APEC

Le forum 2016 de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui se tenait cette année au Pérou ne pouvait pas mieux tomber, le monde se remettant tout juste de deux événements marquants et inattendus ces derniers mois : la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne et la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine le 9 novembre.

Ces deux événements sont perçus comme une voix du monde contre la mondialisation. Ce sont des révoltes populaires contre des élites politiques responsables de la croissance des inégalités, des suppressions d'emplois et des marchés internationaux qui ne servent que les intérêts d'une minorité au détriment deceux de la classe ouvrière, qui subit les conséquences d'un libre-échange injuste.

Les deux faces d'une même médaille

En ces temps incertains, le sommet de l'APEC donne une chance aux puissances comme la Chine, les États-Unis et autres partenaires dans la région pacifique, de tenter de déterminer quelles seraient les prochaines étapes à franchir. Cela représente une réelle opportunité pour la Chine en particulier, mais aussi un défi. Après l'intronisation de Trump, la Chine pourrait capitaliser sur l'isolationnisme américain. Pendant sa campagne, Trump a fait des remarques hautement provocatrices envers divers pays et région, particulièrement envers l'Amérique latine. Il a menacé de construire un mur entre le Mexique et les États-Unis et de prendre de la distance par rapport à un certain nombre d'accords concernant le changement climatique et la sécurité. Il a également souligné que les Etats-Unis doivent être une priorité et que les intérêts américains ont été amoindris et dilués par les responsabilités mondiales du pays.

Mais la route est encore longue. La Chine est un fervent défenseur des accords sur le changement climatique et en a dernièrement signé un avec les États-Unis lors du Sommet de l'APEC en 2014 à Beijing, en plus de l'Accord de Paris signé l'an dernier. Le président Xi Jinping a déjà clairement indiqué que la Chine accorde une importance particulière à ces accords lors de discussions en face à face avec M. Trump, malgré que ce dernier s'engage à les abandonner lors de la campagne électorale. La Chine est devenue la plus importante source de stabilité internationale et d'engagement en termes de changement climatique, faisant preuve d'un remarquable redressement ces dix dernières années et démontrant à quel point la géopolitique se transforme radicalement.

L'expansion du libre-échange constitue une autre source d'opportunités. Pour l'élection de M. Trump, comme pour le Brexit au Royaume-Uni, le problème réside dans le fait que les accords de libre-échange trop nombreux n'ont pas été efficaces. Le cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est conclu sans résolution. De plus, les dix ans d'efforts pour instaurer le Partenariat transpacific (PTP), une coalition de 11 pays de la région Asie-Pacifique pilotée par les Etats-Unis, ont été suspendus suite à l'ascension de M. Trump. L'administration Obama espérait que cet accord serait mené à son terme si Hillary Clinton avait été élue, mais le PTP ne verra jamais le jour.

Cela offre de nouvelles opportunités à la Chine, qui ne faisait pas partie du PTP et le regardait d'un mauvais œil, ayant pour objectif de former sa propre zone de libre-échange dans la région. Avec l'initiative « Ceinture et route » et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, le pays dispose des mécanismes conceptuels et administratifs nécessaires pour devenir un acteur beaucoup plus actif dans le libre-échange régional. Et contrairement aux États-Unis, la Chine croit encore en la création d'un cadre mondial pour la libre circulationdes biens et services.

Toutefois, la Chine est propulsée vers une position de leadership plus rapidement que les dirigeants chinois ne l'auraient imaginé. Il n'est pour le moment pas possible de dire si Trump mettra ses idées en application, dont certaines pouvant s'avérer irréalisables. Mais il y a de grandes chancesque les Etats-Unis soient moins impliqués dans la sécurité de la région pacifique et plus enclins à voir des partenaires tels que la Corée du Sud, le Japon et l'Australie régler eux-mêmes leurs propres problèmes de sécurité.

Kerry Brown

 

L'Amérique latine sous les feux des projecteurs

Le fait que le forum de l'APEC se déroule cette année en Amérique latine est un symbole fort. En effet, celle-ci n'est pas au centre des préoccupations de la Chine, mais leurs intérêts communs se sont avérés de plus en plus nombreux ces dix dernières années, allant des produits de consommation aux marchés favorables aux entreprises chinoises, comme le géant de la téléphonie Huawei, en passant par la construction d'infrastructures à l'aide de la technologie chinoise. Ce continent est traditionnellement perçu par Beijing comme le théâtre des intérêts américains. Le fait que la Chine soit désormais le premier, le deuxième, voire le troisième partenaire commercial de tant de pays de la région témoigne de son développement.

Notons par exemple que la Chine est le troisième partenaire commercial du Pérou et que les relations avec l'Equateur, que le Président Xi a visité avant de se rendre au Sommet de l'APEC, ont été élevées au niveau de partenariat stratégique global. Trump encourageant le protectionnisme et l'isolationnisme, les opportunités pour la Chine de jouer un rôle encore plus important dans cette région se font plus grandes. Cependant, les risques ne sont pas inexistants, étant donné qu'il s'agit d'une région avec laquelle la Chine n'a pas de fort lien historique. De plus, son réseau dans cette partie du monde, bien qu'opportun, n'est pas aussi solide que dans d'autres.

Les relations Chine - Amérique latine seront donc essentiellement basées sur des liens économiques et commerciaux. Le rôle principal de la Chine est d'encourager l'ouverture du commerce mondial, une responsabilité que les Etats-Unis assumaient auparavant mais vont peut-être abandonner dans le futur. Le forum de l'APEC de cette année symbolise une étape importante dans la transition vers un monde dans lequel la Chine est de plus en plus influente, en tant que source de stabilité et d'autorité dans les domaines du changement climatique et du libre échange, un rôle autrefois joué par les Etats-Unis.

 (L'auteur est spécialiste de la Chine et directeur de Lau China Institute, du King's College, à Londres.)

 

Source: Beijing Information

 

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