2017-03-01 |
De nouvelles mesures pour les IDE |
par Hou Weili | VOL.9 Mars 2017 |
Mots-clés: investissements directs étrangers |
Après trois décennies de croissance impressionnante, les investissements directs étrangers (IDE) en Chine montrent des signes évidents de ralentissement. Les experts attribuent ce phénomène aux changements profonds qui se sont produits dans la chaîne industrielle mondiale concomitamment aux défis qui se posent à la Chine avec la perte de ses avantages compétitifs en termes de main-d’œuvre, de terrains et de ressources naturelles.
Les statistiques du ministère chinois du Commerce montrent que la Chine a utilisé 813,2 milliards de yuans d’IDE en 2016, une hausse de 4,1 % en glissement annuel. Compte tenu de la dépréciation du renminbi par rapport au dollar, il s’agit cependant d’une baisse : les IDE ont en effet atteint 126 milliards de dollars, contre 126,2 milliards de dollars en 2015.
Pour répondre à ces défis, le Conseil des Affaires d’État de Chine a publié un document en janvier pour présenter 20 mesures destinées à revigorer les investissements étrangers, notamment en assouplissant les restrictions sur les entrées de capitaux étrangers dans les services, la production manufacturière et les mines. La protection intellectuelle va être renforcée et l’égalité entre soumissionnaires chinois et étrangers pour les appels d’offres publics sera encouragée. De plus, les entreprises étrangères bénéficieront de conditions spéciales pour investir dans les régions sous-développées de l’Ouest du pays et dans la relance des friches industrielles du Nord-Est de la Chine.
Un nouvel environnement
Les nouvelles mesures ont ouvert les portes de certains secteurs monopolistiques. Les capitaux étrangers peuvent maintenant être investis dans le secteur manufacturier comme les transports ferroviaires, les motos et la transformation pétrolière et des graisses. Les restrictions sur les investissements étrangers dans l’extraction pétrolière et minérale non classique sont assouplies, alors que les sociétés à capitaux mixtes dans l’exploration pétrolière et gazière doivent simplement déposer un dossier au lieu d’obtenir une approbation avant exploitation.
« Les flux de capitaux étrangers vont accélérer la réforme dans les secteurs monopolistiques avec l’apport de technologies étrangères et de ressources humaines avec les capitaux », explique Hao Hongmei, vice-directeur de l’Institut des investissements étrangers à l’Académie du commerce international et de la coopération économique de Chine (ACICE). Xu Hongcai, chercheur au Centre pour les échanges économiques internationaux de Chine, partage ce sentiment. « Cela signifie que les entreprises étrangères en Chine vont bénéficier d’un environnement commercial plus ouvert, plus juste et plus aisé. »
D’après le document, la Chine va faire davantage d’efforts pour créer un environnement favorable à la concurrence loyale. Toute entreprise enregistrée en Chine, qu’elle soit étrangère ou chinoise, sera soumise aux mêmes conditions.
Avec ce feu vert donné aux capitaux étrangers, les entreprises chinoises vont entrer en concurrence avec les firmes étrangères. Les fabricants internationaux comme Siemens, Bombardier et ABB veulent déjà accroître leurs parts de marché en Chine. De tels défis constituent aussi des opportunités. Bai Ming, chercheur sur les marchés internationaux à l’ACICE, estime qu’en levant les restrictions, les ressources seront optimisées sur les marchés de Chine et de l’étranger. « Les capitaux étrangers apportent des opportunités de coopération et des possibilités d’optimisation des ressources nationales et mondiales. Cela permet de renforcer la compétitivité des entreprises chinoises sur le marché mondial », estime-t-il.
Dans le secteur des services, les restrictions sur l’investissement des entreprises étrangères dans les banques, les secteurs des services de courtage et des assurances vont être assouplies. La comptabilité, la conception architecturale et les services de notation vont s’ouvrir aux capitaux étrangers. Les télécommunications, Internet et l’éducation vont s’ouvrir progressivement.
Dong Dengxin, directeur de l’Institut de la Finance et des Titres à l’Université des sciences et technologies de Wuhan, souligne que cette initiative va accélérer la globalisation des entreprises financières chinoises et renforcer leur compétitivité internationale. « Même si les banques d’État de Chine sont très grosses, leur part sur le marché mondial est relativement faible. L’ouverture de ces secteurs va accélérer la mondialisation des banques chinoises », explique M. Dong, ajoutant que les banques étrangères pourront entrer sur le marché chinois.
La Chine a introduit par ailleurs des mesures préférentielles pour les entreprises étrangères qui entrent dans de nouveaux secteurs. Elle encourage les investissements dans le secteur manufacturier haut de gamme, vert et intelligent pour contribuer à la stratégie « Made in China 2025 », soutient les entreprises étrangères pour qu’elles soumissionnent des projets d’infrastructure par le biais de la franchise et pour établir des centres de recherche ou coopérer avec les instituts de recherche nationaux.
La Chine reste attrayante
Le Rapport sur les investissements dans le monde 2016 publié par la Conférence sur le commerce et le développement des Nations unies montre que dans le monde, la Chine reste le second marché le plus attrayant pour les IDE. Son secteur des services en pleine croissance, la fabrication haut de gamme et les régions de l’Ouest offrent d’excellentes perspectives financières.
D’après le Bureau national des Statistiques de Chine, la consommation a contribué à hauteur de 64,6 % au PIB du pays en 2016. Le secteur des services, avec 38 400 milliards de yuans (5 600 milliards de dollars), représentait 51,6 % du PIB.
Malgré la faible croissance des flux entrants d’IDE dans d’autres secteurs, les capitaux étrangers sont sensibles au secteur des services en plein essor en Chine. En 2016, les IDE dans le secteur des services en Chine représentaient 70,3 % des IDE totaux tous secteurs confondus, avec 571,58 milliards de yuans (83,2 milliards de dollars), une hausse en glissement annuel de 8,3 %. « Les capitaux étrangers sont attirés par le potentiel du secteur chinois des services. Avec la remise à niveau de la structure économique du pays, l’impulsion donnée à la croissance du secteur des services va rester forte à l’avenir, notamment le secteur moderne des services relatifs à la technologie et à l’information », précise Li Dawei, chercheur à l’Académie de recherche macroéconomique à la Commission nationale pour le développement et la réforme de Chine. Il se montre optimiste, davantage d’entreprises étrangères allant investir dans ce secteur à un moment où la Chine améliore son environnement des affaires et assouplit les restrictions sur l’entrée des capitaux étrangers.
Avec l’initiative « une Ceinture et une Route », les infrastructures et la connectivité dans l’Ouest de la Chine seront améliorées. « Le potentiel énorme et inexploité dans les régions de l’Ouest de la Chine donnera une impulsion continue pour les entreprises étrangères », souligne M. Hao.
Les experts estiment que les opportunités procurées par l’urbanisation attirent aussi. « La promotion de l’urbanisation va créer un marché encore plus grand, dans lequel les entreprises étrangères peuvent se tailler une part », dit M. Li. D’après lui, pour accroître cet attrait, les villes des régions de l’Ouest doivent coopérer et développer des secteurs forts qui puissent promouvoir l’émergence de secteurs connexes ainsi que les progrès économiques de ces régions en général. « Un meilleur environnement des affaires, plus juste, soutenu par des mesures favorables et des infrastructures améliorées, est aussi nécessaire », conclut-il.
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