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Économie
  2017-06-14
 

Jeunes et en pleine croissance

par Hou Weili | VOL.JUIN 2017
Mots-clés: enseignement préscolaire

Les cours de gymnastique pour les enfants constituent une part importante de l'industrie de l’enseignement précoce en Chine.

 

Liu Ying se souvient à peine de la dernière fois qu'elle a eu un week-end de libre. En tant que responsable du développement commercial de MAMALOOL, une société basée à Beijing qui propose des formations d'anglais pour enfants, la jeune femme de 29 ans a vu sa charge de travail augmenter considérablement au cours des derniers mois.

« Mon emploi du temps est très serré. Notre programme de formation en anglais connait une forte demande et les investisseurs se bousculent à ma porte pour devenir franchisés », explique-t-elle à CHINAFRIQUE.

Depuis le lancement de la première session de formation en mai 2014, MAMALOOK – dont le créneau concerne les enfants entre 2 et 12 ans – a développé son réseau de franchisés avec 51 structures à travers le pays, et vingt contrats supplémentaires en cours de négociation.

Cela reflète l'intérêt croissant grandissant du secteur privé pour les structures d'enseignement au cours des dernières années. Avec le développement de la classe moyenne, les parents, notamment ceux de la génération post-1980, accordent de plus en plus d'importance à l'éducation de leurs enfants. La demande est donc en hausse et de plus en plus diversifiée, alors que les investissements privés ont commencé à affluer.

Le marché de l'enseignement pour les enfants âgés de zéro à six ans, devrait atteindre 300 milliards de yuans (43,5 milliards de dollars) en 2020, selon les rapports de Forward Business Information Co. Ltd., une entreprise de conseil en investissement basée à Shenzhen, dans la province du Guangdong.

Déterminé par la demande

Selon le Bureau national des statistiques chinois, 17,86 millions de bébés sont nés en Chine en 2016. Le chiffre s'élevait à environ 16 millions entre 2010 et 2013, et a légèrement augmenté en 2014 et 2015, avec la fin de la politique de planification familiale en Chine. En 2016, le nombre d'enfants entre zéro et six ans a été estimé à plus de 100 millions.

« C'est un segment de population immense, et c'est ce qui rend les investisseurs optimistes quant aux perspectives commerciales de l'enseignement préscolaire », explique Liu, notant par ailleurs que la majeure partie de ce marché lucratif pourrait être pleinement exploitée d'ici cinq à 10 ans.

La plupart des Chinois nés dans les années 1980 sont enfants uniques. « Élevés dans un environnement opulent, ces personnes, qui deviennent parents à leur tour, valorisent l'enseignement précoce et sont prêts à acheter les produits et les services correspondants pour leurs enfants, dès leur plus jeune âge », poursuit Liu.

Lu Yao, 30 ans, répond parfaitement à cette tendance. La jeune maman a récemment souscrit dans un centre d'enseignement précoce de Beijing, pour son fils d'un an, en plus d'un abonnement à des livres et des produits vidéo correspondants. Bien qu'elle soit très prise par son travail, elle parvient tout de même à emmener son fils aux cours de gym et de musique, deux fois par semaine.

« Les livres et les vidéos m'aident à mieux interagir avec mon enfant et à développer son intelligence. Les activités d'enrichissement et les programmes du centre sont très agréables et productifs », a confié Lu à CHINAFRIQUE.

Pour un coût annuel de 1 400 yuans (200 de dollars), les livres et les vidéos sont livrés à son domicile chaque mois. Son package de 72 cours, comprenant gym et musique, lui est revenu à environ 16 000 yuans (2 300 de dollars).

Comme les besoins et les intérêts varient en fonction de chaque enfant, les programmes s'adaptent. Au lieu de sport et de musique, Zhang Juan, un habitant de Beijing, a choisi des cours de peinture et de danse pour sa fille de quatre ans. « J'ai dépensé au moins 10 000 yuans (1 450 de dollars) pour les activités périscolaires de ma fille l'an dernier », annonce-t-il.

Un marché en pleine expansion

L'amendement de la loi sur la Promotion des écoles privées en Chine, qui prendra effet en septembre, permettra de jeter une base juridique plus solide pour la suite du développement du secteur de l'enseignement privé de la Chine. Elle permettra aussi à ces structures de choisir leur statut, à savoir des entités à but non lucratif ou des sociétés commerciales. Sera également levée l'interdiction sur la liste des entreprises de formation commerciale.

Avec la modification de la loi, les écoles privées (en Chine, la scolarité est obligatoire pendant neuf ans) seront désormais strictement encadrées et passeront sous statut associatif. « De ce fait, les autres acteurs du système éducatif, comme la maternelle, le lycée et l'enseignement supérieur ne seront pas déstabilisés. Nous souhaitons un écosystème plus sain dans le secteur de l'éducation, avec des investissements de plus en plus importants », a spécifié Gao Shuai, avocat spécialisé de la Beijing Dacheng Law Firm.

Cette amélioration de l'environnement juridique donne déjà des résultats. Outre les startups ouvrant des franchises, des entreprises cotées à la bourse de Shanghai (A-share market) s'intéressent désormais au secteur et acquièrent des structures d'enseignement précoce.

Vtron Group Co. Ltd., un fournisseur de panneaux vidéos, a racheté Hoing Education et ses 1 192 maternelles, début 2015, pour 520 millions de yuans (75,4 millions de dollars). Depuis lors, fournir des solutions d'exploitation aux écoles maternelles est devenu une activité phare de Vtron.

La percée de Vtron dans le secteur a rapporté gros. Selon leur rapport annuel 2016, le chiffre d'affaires s'élevait à 1,05 milliard de yuans (152 millions de dollars), soit une augmentation de 12,11 % sur une année glissante. Par ailleurs, 37,5 % de ces recettes proviennent des activités scolaires récemment acquises.

À l'inverse de Vtron, Hodgen, un fabricant d'appareils électroniques intelligents basé au Jiangsu, est en train de s'implanter fortement dans les services d'enseignement en ligne.

« Avec la nouvelle donne économique et l'impact du plafond de verre sur la croissance des entreprises manufacturières, nombre d'entre elles cherchent à se relancer. L'enseignement, avec ses perspectives et un environnement politique favorable, est un bon choix dans les circonstances actuelles », analyse Liu.

Encore plus d'efforts à fournir

De la même manière que d'autres secteurs émergents, le business de l'enseignement précoce devra faire face à de nombreuses problématiques, et non des moindres, à l'instar du contrôle de la qualité, d'après les initiés. Pour l'instant, en effet, le système éducatif de ces sociétés n'est pas encore mature et ne dispose d'aucune grille d'évaluation standardisée.

« De nombreuses structures ou de centres d'enseignement précoce n'ont pas de programme fixe, uniforme et stable garantissant la qualité de leurs services », souligne Yuan Ailing, expert de l'École d'éducation de l'École normale supérieure du Sud de la Chine, dans la province du Guangdong. « Il faudrait instaurer de meilleures conditions d'accès au marché et une surveillance plus stricte de ces entreprises », ajoute-t-elle.

Les experts prévoient que le marché devrait jouer son rôle à cet égard, puisque le secteur reste axé sur le profit. « Pendant ce temps, le gouvernement peut définir des critères pour les entreprises qui veulent accéder au secteur et donner la garantie au consommateur qu'il dispose de voies légales pour préserver ses droits en cas de fraude ou de litige », conclue Xiong Bingqi, directeur adjoint de l'Institut de recherche sur l'éducation du XXI siècle, un think tank sur l'éducation publique.

Pour vos commentaires : houweili@chinafrica.cn

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