Une visiteuse porte un casque de réalité augmentée au Davos d'été 2017 à Dalian (province du Liaoning). 

Le thème du Davos d'été 2017 – la 11^e réunion annuelle des Nouveaux champions – a porté sur les modalités de « Réalisation de la croissance inclusive dans la 4^e Révolution industrielle », mais on y a davantage évoqué les sciences et technologies.

« C'est un dialogue sur les valeurs humaines », a expliqué Jean Liu, présidente de la société Xiaoju Science and Technology Ltd., qui détient l'application de réservation de voiture avec chauffeur Didi Chuxing. Elle coprésidait cette réunion annuelle qui s'est déroulée du 27 au 29 juin à Dalian, dans la province septentrionale du Liaoning.

Le développement rapide de l'intelligence artificielle (IA) a suscité de nombreux débats sur l'impact humain des technologies. Par ailleurs, le monde a aussi connu des percées dans la robotique, les drones, et les systèmes de réalité virtuelle, augmentée et hybride, ainsi que dans la biotechnologie et les nouveaux matériaux. C'est ce qu'on appelle la 4^e Révolution industrielle, qui repose sur les avancées du numérique de la 3^e Révolution industrielle. « Les transformations technologiques que nous avons vues ont des développements exponentiels. Nous sommes confrontés au risque de créer plus de désaccord, de transferts d'emplois, davantage de polarisation et de division dans la société », a déclaré à CHINAFRIQUE David Aikman, directeur du Bureau de liaison du Forum économique mondial. « La Terre est confrontée à un défi que nous voulons évoquer à Dalian, à savoir comment nous pouvons mettre l'humain davantage au centre de la technologie, comment nous pouvons inclure l'individu et notre société en tant que constituants de cette technologie, et trouver des moyens d'utiliser la technologie pour créer une société plus inclusive. »

Le premier ministre Li Keqiang a déclaré lors de cette rencontre que du moment qu'un esprit déterminé prévalait, le monde pouvait profiter de la stabilité croissante dans l'innovation et les transformations pour abolir l'incertitude. « La révolution industrielle a donné naissance à de nouveaux secteurs, modèles d'entreprise et technologies. Jamais les êtres humains n'avaient eu autant d'opportunités pour le développement », a fait savoir M. Li lors de la cérémonie d'ouverture.

À la pointe de l'économie de partage 

L'économie de partage devient sans cesse plus populaire en Chine, de plus en plus de gens souhaitant se simplifier la vie et faire des économies, ce qui a créé de nombreux emplois. Elle est entrée dans la vie quotidienne des Chinois depuis l'introduction réussie des services de partage de véhicule ces dernières années.

« L'ère des transports 3.0 est arrivée », s'est réjoui Madame Liu. Elle voit trois principales transformations dans le secteur : le partage de véhicule, la conduite intelligente et l'intelligence artificielle vont résoudre les problèmes d'embouteillage. De plus, la conduite intelligente va réduire considérablement le taux d'accident, et l'utilisation des véhicules électriques va supprimer la pollution aux gaz d'échappement.

Le secteur du vélopartage fournit aussi des solutions. « Le vélopartage réduit non seulement les embouteillages, mais change aussi les habitudes de transport », a expliqué Dai Wei, fondateur et PEG d'Ofo, un fournisseur de services de vélopartage.

Pour les autorités, il est parfois difficile de s'adapter à ces nouvelles tendances.

Le Conseil des affaires d'État – le Cabinet chinois – a décidé de faciliter le développement sain de l'économie de partage. Une réunion exécutive présidée par Li Keqiang le 21 juin a encouragé les entrepreneurs à explorer ce secteur, les autorités adaptant les procédures d'approbation administratives et d'immatriculation en fonction des nouveaux modèles d'entreprise. « Le gouvernement chinois est le premier à légaliser le service de location de voiture avec chauffeur au monde. C'est une avancée importante, selon Madame Liu. Cependant, le concept de partage de voyage est encore nouveau et il évolue. Si les autorités peuvent avoir une attitude et une perception plus inclusives de l'économie de partage, ce sera mieux. »

Plus d'énergie propre 

Il y a 20 ans, la Chine était encore vue comme le royaume des vélos. Aujourd'hui, le pays est doté de dispositifs technologiques comme le satnav, le paiement sans fil, la datamasse et l'informatique en nuage. Avec les véhicules électriques, ce sont des symboles d'un mode de vie écologique, partie intégrante de la révolution technologique propre, a remarqué M. Wan.

Les ventes de véhicules électriques en Chine ont atteint 507 mille unités en 2016, en tête dans le monde. La question de la recharge des batteries reste cruciale. « Le Réseau d'État tente de résoudre le problème », a souligné Shu Yinbiao, son président, ajoutant que le développement des véhicules électriques est une avancée importante dans les technologies propres, car les transports consomment 20 % de l'énergie dans le monde. Le Réseau d'État a créé une plateforme en ligne pour surveiller en temps réel le chargement des véhicules dans les bornes électriques. Actuellement, 160 000 bornes et un million de véhicules dans 95 villes de 13 provinces sont concernés. « On peut dire que nous sommes les leaders du développement des technologies propres, a noté M. Wan. L'innovation technologique va de pair avec l'innovation dans le dispositif institutionnel. » Il a estimé que les investissements étaient un élément essentiel, mais que les dispositifs devaient être plus souples.

La Chine veut changer son mix énergétique pour que les énergies renouvelables représentent 50 % du total au minimum. Beijing a fermé sa dernière centrale au charbon en mars et le chauffage dans la région Beijing-Tianjin-Hebei ne sera pas assuré par le charbon cet hiver.

La Chine se tourne vers l'avenir 

La récente réunion exécutive a souligné que la Chine tentait de s'adapter à la révolution technologique et industrielle mondiale en cours et de faire progresser l'économie de partage, de favoriser l'allocation optimale des ressources, de réduire la surcapacité et de stimuler la croissance.

Dans son discours au Davos, le Premier ministre chinois a ainsi fait savoir que la Chine allait accroître l'accès au marché, assouplir les restrictions à la propriété étrangère, et placer les entreprises chinoises et étrangères sur un même pied d'égalité.

Plus de 90 % des PDG chinois sont optimistes quant aux perspectives de croissance de leur entreprise, un chiffre bien plus élevé qu'à l'étranger, d'après une étude du cabinet KPMG publiée le 27 juin. Elle montre que pour les trois prochaines années, les deux tiers des PDG chinois prévoient une croissance du chiffre d'affaires de 2 % ou plus, et pour les deux prochaines années, 97 % prévoient d'accroître les embauches.

Le président de KPMG China Benny Liu a fait savoir que le processus de restructuration en Chine et la sophistication accrue des consommateurs créent des défis et des opportunités. Les décideurs y répondent par l'innovation dans les modèles de production et de distribution. « Le processus de réforme et d'ouverture continu de la Chine nécessite la participation de capitaux, d'entrepreneurs, ainsi que de la sagesse de l'étranger, a noté le premier ministre. Nous accueillons les entreprises étrangères pour effectuer des fusions, des acquisitions et des réorganisations en Chine. La Chine va élargir leur accès au marché, appliquer une approche de liste négative et les considérer sur un même pied d'égalité ».

(Envoyée spéciale à Dalian)