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Économie
  2017-11-01
 

L'Éthiopie trouve chaussure à son pied

par Yu Nan | VOL. 9 NOVEMBRE 2017
Mots-clés:

L’usine de Huajian en éthiopie crée des milliers d’emplois locaux.

 

À une trentaine de kilomètres de l'aéroport international de Bole à Addis-Abeba, s'étale la Zone industrielle orientale, qui abrite quelque vingt entreprises chinoises. On y trouve un large éventail d'activités, allant de la fabrication de chaussures et de vêtements, à l'automobile et l'acier, en passant par le ciment et l'emballage.

Huajian International Shoe City (Ethiopia) Plc, une succursale du fabricant chinois de chaussures Huajian Group, est l'un des plus grands employeurs de la zone.

Demis Degef, un Éthiopien de 27 ans, travaille chez Huajian depuis déjà six ans, où il se fait appeler affectueusement par le prénom chinois de Shanghai (même nom que la métropole). Demis raconte à CHINAFRIQUE que ce prénom lui a été donné par le fondateur et président du groupe M. Zhang Huarong lui-même, lui qui a créé son empire à partir de rien dans les années 1980.

Dans un mandarin sans faute, Demis dit qu'il a beaucoup appris depuis qu'il s'est joint à l'entreprise. « En plus du savoir-faire avancé en matière de fabrication de chaussures, je me suis initié à la langue et la culture chinoises, l'art de gestion et la culture d'entreprise de Huajian », indique Demis, qui est aujourd'hui responsable d'une chaîne de production. Il a même suivi une année de formation dans la ville de Dongguan, dans la province chinoise du Guangdong (sud), où est situé le siège du groupe.

Derrière lui, des milliers d'employés, vêtus de l'uniforme vert de l'entreprise, s'affairent à couper, coller et coudre des chaussures de qualité sur les chaînes de production.

Un pôle d'investissement

Selon M. Zhang, ce qui a initialement incité Huajian à investir en Éthiopie, ce sont les mots de l'ancien Premier ministre éthiopien, M. Meles Zenawi, qui a appelé à plus d'investissements chinois dans son pays durant sa visite en Chine en août 2011.

Les investissements subséquents du groupe en Éthiopie ont vu l'industrie de la chaussure – un domaine en plein essor – devenir l'une des clés de voûte du partenariat Chine-Éthiopie.

En parallèle, avec l'approfondissement de la politique d'ouverture et de réforme de la Chine, des entrepreneurs chinois réorientent une partie de leurs chaînes de production vers l'Éthiopie, à la conquête de nouveaux marchés. Huajian fait partie de cette tendance.

Fondé en 1996, Huajian Group, l'un des plus grands producteurs de chaussures pour femmes du monde, fabrique des chaussures notamment pour des marques américaines et européennes comme Guess, Nine West et Naturalizer.

Forte du soutien solide des deux gouvernements, la succursale du groupe en Éthiopie a vu le jour en janvier 2012. Avec une production annuelle d'environ 3 millions de paires de chaussures, et plus de 80 millions de dollars d'exportations enregistrées en 2016, l'usine contribue aujourd'hui à plus de 50 % de la valeur d'exportations de chaussures du pays. Elle facilite aussi des industries dérivées comme le traitement du cuir, le transport et la logistique.

Créateur d'emplois

En pratiquant un système de division du travail efficace, les employés de Huajian sont en mesure de terminer l'ensemble du processus de fabrication, allant de la découpe du cuir au modelage et à la couture, et de produire plus de 8 000 paires de chaussures chaque jour.

Zhang Huarong indique qu'une gestion efficace a mis en place les conditions nécessaires au développement de compétences dans l'industrie de la chaussure. Il se rappelle encore qu'au moment de la création de l'entreprise, la productivité locale était loin derrière celle de la Chine, car le secteur n'en était encore qu'à ses prémices. Pour changer la donne, une attention particulière a été accordée à la formation des employés dans le but d'améliorer leur productivité.

Huajian offre des opportunités de formation et de promotion à tout employé, quelle que soit sa position. Les travailleurs fraîchement recrutés qui manquent d'expérience peuvent suivre une formation pratique auprès de mentors expérimentés. Les employés locaux qui excellent, comme Demis, sont envoyés au siège de Huajian en Chine pour apprendre la culture d'entreprise et son savoir-faire en matière de gestion. De retour, ils sont promus au poste de cadre.

Les avantages incluent également un service de navette en provenance et à destination de l'usine, et des repas gratuits. La stabilité de l'emploi et les salaires compétitifs de Huajian sont attractifs pour les jeunes locaux. Avec un salaire mensuel d'environ 800 dollars en tant que cadre, Demis fait l'envie de son entourage. Il constate que le nombre de postulants aux emplois à l'usine ne diminue pas, et que ses parents et amis s'informent régulièrement auprès de lui sur les opportunités éventuelles.

D'après Zhang Huarong, une bonne culture d'entreprise, un système de formation performant et une volonté de partage des bénéfices, font partie des attraits de sa compagnie. Ce sont là les assises permettant de créer une bonne entreprise en Afrique, assure-t-il.

Des perspectives d'avenir

Le président du groupe ne cache pas ses ambitions. D'ici dix ans, il envisage de faire de l'Éthiopie la plaque tournante mondiale de l'industrie de la chaussure. De même, le gouvernement éthiopien espère attirer plus de fabricants chinois pour stimuler le décollage économique du pays. Mulugeta Tiruneh, directeur de la Commission éthiopienne d'investissement, estime que le bas coût de la main-d'œuvre et l'environnement favorable aux affaires figurent parmi les atouts de l'Éthiopie.

Le dernier projet du groupe, Huajian International Light Industry City (Ethiopia), qui concerne un parc industriel de 126 hectares situé aux environs

d'Addis-Abeba, a été lancé en avril 2015, avec un coût de construction de 3,2 milliards de yuans (480 millions de dollars). Il devrait générer des revenus annuels d'environ 2 milliards de dollars et créer quelque 50 000 emplois locaux d'ici 2020.

M. Zhang considère que la Chine et l'Éthiopie devraient tirer davantage parti de leurs avantages réciproques pour parvenir à une meilleure coopération internationale dans l'industrie manufacturière. Il est persuadé que cela permettra non seulement d'améliorer l'allocation des ressources de son entreprise à l'échelle mondiale, mais aussi de pousser l'Éthiopie à poursuivre son développement.

Pour vos commentaires : yunan@chinafrica.cn

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