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  2017-03-01
 

Égalité des sexes :la lente avancée

par Ni Yanshuo | VOL.9 Mars 2017
Mots-clés: l'égalité des sexes

 

 

Han Han ne savait pas que son dernier film « Duckweed » allait créer une controverse nationale, notamment chez les jeunes femmes, avant la première le 28 janvier 2017, le jour du Nouvel An chinois. La chanson de la bande originale, diffusée avant cette première, a mis le feu aux poudres dans les médias sociaux et l'écrivain, pilote de rallyes et réalisateur s'est retrouvé dans une situation délicate.

Au cœur des critiques, Xu Xin, une actrice de 20 ans, qui a accusé Han Han de discrimination à l'égard des femmes dans les paroles de la chanson. « Quand des garçons innocents vont entendre la chanson, ils seront influencés et auront probablement un comportement discriminant envers les femmes », explique Mlle Xu.

« Avant de te marier avec moi, il faut que tu

saches que tous les jours, [la femme] doit se

lever plus tôt que moi, se coucher plus tard

que moi ; tu dois me préparer de bons repas

et avoir de bonnes relations avec ma mère et

mes soeurs »

dit la chanson de Han Han.

« De nos jours, les femmes ne doivent pas fonder de grands espoirs dans les hommes et montrer ce dont elles sont capables en fonction de leur amour pour leur mari », souligne Mlle Xu.

Elle estime que le message que Han Han veut faire passer est obsolète. « Sans doute il y a des décennies, les femmes ne disaient rien quand elles entendaient une chanson comme celle-là. Mais maintenant, l'idée de l'égalité des sexes est profondément ancrée dans les esprits et de nombreuses femmes font valoir leurs opinions », estime-t-elle.

L'égalité des sexes est reconnue partout en Chine. D'après une étude du Bureau municipal des statistiques de Shanghai, 94,1 % des personnes interrogées estiment que les femmes et les hommes jouent un rôle égal dans le développement de la société. Certains pensent même que les femmes jouent un rôle plus important. Les chiffres associés à internet montrent aussi que le statut des femmes dans la société s'accroît. Des chiffres de Weibo – l'équivalent chinois de Twitter – montrent que 67 % sont des utilisatrices de cette plate-forme de microblogage. Idem pour Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne, où les femmes représentaient 70 % des ventes en 2016. « Même s'il existe des inégalités des sexes dans certains cas, il est vrai que le statut social des femmes s'est grandement amélioré au cours des dernières décennies, constate Mlle Xu. Les femmes devraient apprendre à être indépendantes. »

La réglementation au secours des femmes

Les gens étant davantage sensibilisés à l'égalité des sexes, les femmes savent comment faire valoir leurs droits et les intérêts quand elles sont discriminées et la Chine a promulgué des lois et des réglementations pour protéger les droits des femmes.

Des articles de la Constitution prévoient que les femmes bénéficient des mêmes droits que les hommes dans toutes les sphères de la vie : dans la politique, l'économie, la culture et la société, et la vie familiale. La Chine a fait de l'égalité des sexes une mesure politique fondamentale en 1995.

Depuis cette date, des progrès importants ont été réalisés, a constaté Song Xiuyan, vice-présidente de la Fédération des femmes de Chine lors d'un symposium sur l'égalité des femmes qui s'est tenu à Beijing en décembre dernier.

Au cours des 20 dernières années, plus d'une vingtaine de lois et réglementations relatives à la protection des droits et des intérêts des femmes ont été promulguées et amendées, notamment la Loi sur le mariage, la Loi pour la promotion de l'emploi, la Loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes, ainsi que des réglementations spéciales sur la protection des femmes au travail. En mars 2016, la Loi contre les violences domestiques est entrée en vigueur.

Dans la pratique, des progrès ont aussi été réalisés. D'après le livre blanc « Égalité des sexes et le développement des femmes en Chine », publié par le Conseil des Affaires d'État en septembre 2015, le fossé hommes/femmes dans l'éducation s'est considérablement réduit en Chine.

Les femmes bénéficient maintenant de plus d'occasions dès le collège. Les statistiques émanant du livre blanc montrent qu'en 2014, les collégiennes et lycéennes représentaient 46,7 % et 50 % du total des effectifs, et dans l'enseignement supérieur, on comptait 52,1 % d'étudiantes en licence, 51,6 % en master et 36,9 % en doctorat.

Mieux éduquées, les femmes peuvent jouer un plus grand rôle dans la gestion des affaires publiques et privées. D'après le livre blanc, les femmes élues députées lors de la première session de la XIIe Assemblée populaire nationale en 2013 représentaient 23,4 % du total, soit 2,4 points de pourcentage qu'il y a 20 ans. La même année, la part des femmes dans l'ensemble de la fonction publique était de 47,8 % (cf. graphiques).

Des obstacles dans les esprits

Malgré les progrès qu'illustrent les chiffres, il reste encore des obstacles à surmonter pour améliorer le statut des femmes, notamment en termes de développement professionnel.

D'après le livre blanc « Femmes, travail et bonheur » publié par Lean in China, une plate-forme en ligne qui encourage l'égalité des sexes et le développement professionnel des femmes, la plupart des femmes estiment que les principaux défis qu'elles rencontrent au cours de leur développement professionnel sont le bon équilibre entre vie familiale et professionnel (86,3 %), les interruptions de carrière suite à une grossesse (73,63 %) et les responsabilités familiales et maritales (70,42 %). Le livre blanc précise aussi que 63,2 % des femmes mariées assument pour une grande part la responsabilité de l'éducation des enfants. « Il est aisé d'encourager l'égalité des sexes dans la vie courante par des mesures et des lois, mais il est difficile de changer la discrimination ancrée profondément dans l'esprit des gens », explique Liu Li.

À 40 ans, Mme Liu a été maître de conférences dans une université de Xiamen, dans la province du Fujian, pendant onze ans. Avant la fête du Nouvel An chinois, elle a démissionné et trouvé un emploi dans une petite société pour avoir plus de temps de s'occuper de son fils de 3 ans. « Je suis éduquée et je peux avoir un bon emploi, grâce aux progrès réalisés en termes d'égalité des sexes ces dernières années, dit-elle. Mais j'ai le sentiment que quand je m'occupe de ma famille, je ne peux pas bien m'investir professionnellement, et vice-versa. »

En raison de ses responsabilités familiales, Mme Liu a laissé passer de nombreuses occasions de promotion. « Afin de m'occuper de ma famille, le mari ou la femme doit sacrifier sa carrière, note-t-elle. Dans la plupart des cas, c'est la femme. »

Son mari enseigne aussi dans la même université et est devenu professeur à la suite d'une promotion. « Je suis une femme traditionnelle et je dois quitter mon emploi pour mieux m'occuper de mon fils pour que mon mari puisse avoir plus de temps pour son travail et progresser encore plus professionnellement, remarque-t-elle. Je ne sais pas s'il s'agit d'une inégalité des sexes, mais j'ai pris la décision de mon plein gré. »

Les femmes prenant un congé de maternité après la naissance de leur enfant, de nombreuses sociétés et organisations hésitent à embaucher des femmes ou s'en séparent même pour des motifs fictifs quand elles sont enceintes. Dans la majeure partie du pays, les femmes peuvent bénéficier de 98 jours au moins de congés payés de maternité. Dans la province du Guangdong, ce congé peut atteindre 178 jours dans le cas d'une naissance naturelle, et 208 jours après une césarienne. Ces mesures spécifiques et légales expliquent pourquoi certaines entreprises trouvent des excuses pour licencier des femmes. « Elles ne veulent pas assumer les coûts supplémentaires et préfèrent employer des hommes toute l'année, explique He Zhen, juriste auprès de Centre de recherche et d'aide juridique des travailleurs migrants Beijing Zhicheng. Cela va à l'encontre de la loi et les femmes doivent se procurer des preuves et porter plainte quand elles sont victimes de telles discriminations. »

À partir du 1er janvier 2016, la Chine a mis en place la politique autorisant deux enfants dans une famille. « Dans cette situation, davantage d'efforts doivent être déployés par le gouvernement et les autorités locales pour mieux préserver les droits et les intérêts des femmes », explique le juriste. Il note aussi que le mari et la femme doivent assumer une responsabilité partagée dans l'éducation des enfants, pas seulement la femme. « Il reste encore pas mal de chemin à faire pour changer les esprits dans ce sens et parvenir à l'égalité réelle des sexes. »

Pour vos commentaires : niyanshuo@chinafrica.cn

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