2019-08-08 |
L'Algérie sur le toit de l'Afrique ! |
par Éric Vincent Fomo · 2019-08-08 |
Mots-clés: Algérie; CAN 2019; football |
Face à la joie débordante des joueurs algériens qui courent dans tous les sens dans le stade pour communier avec leur public, il y a la déception des joueurs sénégalais. Les Lions de la Teranga sont atterrés. Leur coach Aliou Cissé doit à chaque fois trouver des mots justes pour remonter ses poulains. C'est l'image qui s'observe au Stade international du Caire, ce soir du 19 juillet, à l'issue de la finale de la première édition de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN 2019) à 24 nations. Une image définitivement consacrée lorsque Riyad Mahrez, le capitaine des Fennecs d'Algérie, récupère des mains du président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad, le trophée de cette compétition et va le brandir avec l'ensemble de ses coéquipiers. Les Fennecs sont de nouveau sur le toit de l'Afrique, 29 ans après le premier titre remporté au bercail en 1990.
Un titre arraché de haute lutte, à l'issue d'un match où les Fennecs ont été simplement dominés par une séduisante équipe sénégalaise qui court toujours après son premier sacre en CAN. L'engagement des joueurs algériens a très vite payé dès la seconde minute du match. Le premier de leurs deux tirs cadrés lors de cette finale, une frappe du virevoltant attaquant Baghdad Bounedjah a été détournée par le défenseur sénégalais Salif Sané. Malheureusement pour les Lions sénégalais, le ballon a fini sa course au fond des filets des buts gardés par Alfred Gomis, totalement impuissant. Les Lions de la Teranga, poussés par un Sadio Mane volontaire, mais inefficace, vont dominer toute la rencontre, sans parvenir toutefois à compter. À deux ou trois fois, les joueurs sénégalais ont réussi à se défaire de l'axe central de la défense algérienne, mais à chaque fois, ils ont pêché dans le dernier geste.
La superbe reprise de volée de l'attaquant Mbaye Niang à la 31 minute a fleuré la lucarne du portier Raïs M'Bolhi, qui a ensuite bien capté la lourde frappe de Youssouf Sabaly (69). Le Sénégal, qui aurait pu bénéficier d'un penalty n'eut été l'intervention de la VAR, a perdu pour la deuxième fois dans ce tournoi son duel face à l'Algérie sur le score étriqué d'un but à zéro. Le mérite de l'équipe algérienne a été de s'arcbouter devant ses buts pour défendre son unique réalisation. Une stratégie allant à l'encontre du jeu proposé par cette équipe tout au long du tournoi. Mais au final, les Fennecs ont gagné sans la manière, mais le plus important était ailleurs : ramener le trophée à la maison.
Ce second Graal pour les Algériens est d'autant plus savoureux que la compétition, la première à 24 nations, a été longue, épuisante, éprouvante en tous points. Il a fallu aux poulains du coach Djamel Belmadi, puiser dans leurs dernières ressources pour pouvoir triompher de leurs adversaires. « Face à une bonne équipe sénégalaise très talentueuse, performante, forte sur toutes les lignes, notre talent pour nous ne suffisait pas. Il nous a fallu être stratèges, tactiques, et répondre physiquement. Il fallait courir, travailler, surtout appliquer les consignes, jouer pour l'équipe, être moins technique et plus réaliste », a précisé le coach Djamel Belmadi. Et les chiffres sont là pour attester de cette formidable performance de l'Algérie qui achève le tournoi avec la meilleure attaque (13 buts marqués) et l'une des meilleures défenses avec deux buts encaissés. Cerise sur le gâteau, le milieu de terrain de l'AC Milan en Italie, Ismaël Bennacer est désigné meilleur joueur du tournoi.
Une CAN surprenante
La victoire méritée de l'Algérie ne peut pas occulter les surprises observées tout au long de ce tournoi. Des petites nations de football ont pu se hisser jusqu'en quarts de finale, en bousculant l'ordre établi. L'Afrique du Sud, vainqueur de sa seule CAN en 1996, a réalisé le plus gros coup du tournoi en éliminant l'Égypte, sextuple vainqueur de la CAN et pays organisateur, dès les huitièmes de finale, grâce à un but opportun de son attaquant Thembinkosi Lorch en toute fin de match. Une victoire aux grandes conséquences puisque le coach égyptien, le Mexicain Javier Aguirre, a été démis de ses fonctions, et le président de la Fédération égyptienne de football a remis son tablier après cette débâcle de la star Mohamed Salah et ses coéquipiers. La victoire de l'Afrique du Sud est d'autant plus retentissante que l'Égypte avait jusqu'à cette date, remporté les trois éditions de la CAN organisées sur son sol.
Le second coup de tonnerre de cette CAN est la qualification des Baréas de Madagascar pour les quarts de finale. Un événement historique pour le pays du président de la CAF, Ahmad Ahmad, qui participait à la CAN pour la première fois. La prestation des Malgaches est véritablement à saluer eu égard aux victoires obtenues en match de poule face au géant nigérian (classé troisième du tournoi) et face aux Léopards du Congo en huitièmes de finale, aux tirs aux buts. Les Baréas sont sortis premiers de leur poule devant le Nigeria et ont réjoui le public par la qualité de leur jeu ainsi que leur chef d'État, Andry Rajoelina, présent à la tribune présidentielle pour les accompagner à chaque fois. L'autre grosse surprise est à mettre à l'actif des Écureuils du Bénin, qui ont atteint pour la première fois les quarts de finale d'une CAN sans remporter un seul match au terme du temps règlementaire.
Les coéquipiers de Stéphane Sessegnon ont surtout réussi le gros coup d'éliminer en huitièmes de finale les Lions de l'Atlas du Maroc, l'un des favoris de la compétition, qui a d'ailleurs remporté tous ses trois matchs de poule. Une équipe béninoise qui a su jouer avec ses qualités et fait la joie de son peuple. Au final, cette première CAN aura été un succès tant sur le plan de l'organisation, que sur le plan des matchs joués. Mais des insuffisances peuvent être relevées. En premier lieu, la faible participation des spectateurs, notamment des supporters égyptiens qui ont déserté les stades après l'élimination de leur équipe. L'autre insuffisance a été la qualité de l'arbitrage qui n'a pas toujours été au diapason.
Le stratège Belmadi
Le sacre de l'équipe d'Algérie toujours considérée comme favorite, mais jamais vainqueur, malgré la qualité de son effectif, est d'abord la réussite d'un entraîneur national : le coach Djamel Belmadi. Lors de ses conférences de presse, l'ancien joueur formé au PSG, prenait au dépourvu les médias en dévoilant les stratégies que mettraient en œuvre les entraîneurs adverses. Ce qui avait le double avantage de décontenancer l'adversaire et de montrer sa bonne connaissance du football.
Durant sa carrière de footballeur, Djamel Belmadi a été forgé par ses passages en France (PSG, Martigues, Cannes, Marseille, Valenciennes), en Espagne (Celta Vigo), au Qatar (Al-Gharafa, Al-Kharitiyath) et en Angleterre (Southampton). À 33 ans, il devient entraîneur, et s'illustre par sa rigueur. L'émir du Qatar, séduit, lui confie son équipe (Lekhwiya), nouvellement créée. Ensuite, il prend les rênes de l'équipe B du Qatar et remporte en deux ans, une Coupe du Golfe et un Championnat d'Asie de l'Ouest. De retour en juillet 2015 sur le banc de Lekhwiya, rebaptisé Al-Duhail, il remporte quatre titres de champion successifs. Soucieux d'écrire une page de l'histoire du football algérien, Djamel Belmadi délaisse son club, malgré un salaire XXL, pour prendre les rênes de la sélection. Il a su créer une osmose entre ses joueurs qui a rendu les Fennecs quasiment imbattables. Et au finish, l'Algérie est championne d'Afrique, sur la terre des pharaons.
Reportage du Cameroun
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