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  2019-10-10
 

Mugabe, un héros national

par Zhang Zhongxiang  ·   2019-10-10
Mots-clés: Mugabe; Afrique
L’ancien Président Mugabe reste une idole pour toute une génération. XINHUA
 

L'ancien Président zimbabwéen Robert Mugabe est décédé à l'âge de 95 ans dans un hôpital de Singapour le 6 septembre. Ce jour-là, le gouvernement zimbabwéen l'a déclaré « héros national », proclamant un deuil national jusqu'à ce qu'il soit enterré. Le 14 septembre, des obsèques ont eu lieu à Harare, capitale du Zimbabwe.

Le Président chinois Xi Jinping a adressé un message de condoléances à son homologue zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa. Xi Jinping a déclaré que le décès de Robert Mugabe représentait une grande perte pour le peuple zimbabwéen et que la Chine avait perdu un ami fidèle. Le 12 septembre, le vice-président chinois Wang Qishan s'est rendu à l'ambassade du Zimbabwe en Chine pour présenter ses hommages.

Mugabe a été le Président fondateur du Zimbabwe, partageant les traits communs des dirigeants africains de l'ancienne génération dans la lutte pour l'indépendance nationale et l'émancipation. Il était déterminé à œuvrer pour l'unification de l'Afrique et a grandement contribué à l'amélioration des relations sino-africaines et sino-zimbabwéennes.

 

Un combattant de la liberté

Mugabe était l'un des précurseurs des mouvements d'indépendance africaine. À partir des années 1950 jusqu'aux années 1960, il a été impliqué dans l'indépendance de son pays.

Né le 21 février 1924 à Kutama près de Harare, au Zimbabwe (appelé Rhodésie du Sud avant l'indépendance), Mugabe a fréquenté une école de missionnaires dans son enfance. En 1949, il se rend en Afrique du Sud pour étudier à l'Université de Fort Hare. Fondée en 1916, l'université était la seule institution d'enseignement supérieur en Afrique du Sud à accueillir des étudiants noirs. Beaucoup de ces jeunes étudiants sont devenus par la suite des leaders de mouvements indépendantistes africains, dont Nelson Mandela. C'est pendant cette période que Mugabe a été influencé par le nationalisme noir et a rejoint le Congrès national africain en Afrique du Sud.

Après avoir obtenu une licence en lettres en 1951, Mugabe a travaillé comme enseignant en Zambie et au Ghana. C'est à son retour au Zimbabwe en 1960 qu'il se consacre à la lutte pour l'indépendance nationale, et rejoint l'Union du peuple africain du Zimbabwe (UPAZ). Après la dissolution du mouvement par l'administration blanche de la Rhodésie, il forme l'Union nationale africaine du Zimbabwe (UNAZ). L'UNAZ organise des grèves et des manifestations pour faire pression sur le gouvernement colonial.

Fin 1963, Mugabe est arrêté pour ses « remarques subversives » et emprisonné pendant onze ans. Mais loin de le briser, la détention lui permet de mieux se préparer : il obtient une maîtrise en droit, ainsi qu'une maîtrise en économie de l'Université de Londres par correspondance.

En 1974, Mugabe est libéré et continue de mener des luttes armées pour l'indépendance. Il se rend par ailleurs dans plusieurs pays pour chercher un soutien international, dont la Chine, l'URSS, des pays d'Europe de l'Est, le Vietnam, la République populaire démocratique de Corée et Cuba.

Les premières élections générales sans distinction de race et de couleur ont ainsi lieu au Zimbabwe en février 1980. L'UNAZ remporte le suffrage et Mugabe devient le Premier ministre du Zimbabwe.

Le 18 avril, la République du Zimbabwe est fondée et le pouvoir, entre les mains des colons pendant 89 ans, est transféré aux Africains. En 1987, Robert Mugabe devient Président du Zimbabwe et est été réélu en 1990, 1996, 2002, 2008 et 2013. En novembre 2017, toutefois, il démissionne en raison de l'opposition grandissante, y compris au sein de l'UNAZ.

Après l'indépendance du Zimbabwe, Mugabe adopte des politiques souples et pragmatiques, adaptées aux conditions nationales, en tirant parti de l'expérience et des enseignements en matière de gouvernance d'autres pays africains nouvellement indépendants. Grâce à ses efforts pour promouvoir la réconciliation nationale, développer une économie mixte et attirer les investissements étrangers, le Zimbabwe a réalisé de grands progrès en matière de développement économique dans les années 1980, avec une croissance annuelle supérieure à 4 %, soit trois fois la croissance moyenne de l'Afrique durant la même période. Le Zimbabwe s'est positionné comme un exemple du développement de l'Afrique et était connu comme le « panier à pain » (la grange) de l'Afrique australe. Sur le plan international, la reconnaissance était également au rendez-vous : en 1990, le magazine New African, basé au Royaume-Uni, attribue à Robert Mugabe le titre de dirigeant africain le plus remarquable.

Après 2000, pour résoudre le problème des terres, Mugabe n'hésite pas à affronter les pays occidentaux et à faire face à de lourdes sanctions économiques. Il était fermement opposé à l'ingérence étrangère dans les affaires africaines et Cyril Ramaphosa, le Président sud-africain, ainsi qu'Uhuru Kenyatta, le Président kényan, ont salué son rôle dans la définition des intérêts du continent africain, en tant que combattant de la liberté, champion de la lutte de l'Afrique contre le colonialisme et panafricaniste.

 

Un panafricaniste reconnu

Les panafricanistes mettent l'accent sur l'indépendance, l'émancipation, la solidarité et l'unification de l'Afrique, encouragent les peuples africains à faire confiance à leurs cultures et favorisent l'intégration africaine, notamment par la création d'une zone de libre-échange africaine. Robert Mugabe était un panafricaniste. Il a présidé le Mouvement des pays non alignés et la « Ligne de front » des États d'Afrique australe, appelant à l'instauration d'un nouvel ordre politique et économique mondial afin de défendre les intérêts des pays du tiers monde. Tout en présidant le 26 Sommet de l'Union

africaine les 30 et 31 janvier 2016, il rappelait : « Nous nous battrons pour notre identité et notre personnalité en tant qu'Africains. »

 

Un promoteur de l'amitié

Robert Mugabe s'est rendu à plusieurs reprises en Chine, sa dernière visite d'État en Chine remontant à août 2014. Malgré les changements qui se sont opérés sur la scène internationale, l'ancien Président du Zimbabwe est resté fidèle à sa politique d'amitié envers la Chine et a fermement soutenu le pays sur les questions de Taiwan, des droits de l'Homme et du Tibet.

En 2002, le Zimbabwe a adopté la politique du « Regarder à l'est » et s'est tourné vers les pays asiatiques, afin de briser l'emprise occidentale. Une stratégie qui a permis de développer activement les relations politiques et économiques avec des pays tels que la Chine, l'Inde, l'Iran, la Malaisie et la Thaïlande. Il ne s'agissait pas seulement d'un moyen pour le gouvernement Mugabe de sortir d'un dilemme diplomatique, mais également d'une reconnaissance du modèle de développement chinois.

Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré récemment que Mugabe « avait passé toute sa vie à défendre la souveraineté et l'indépendance du pays, à s'opposer à l'ingérence étrangère et à contribuer à la coopération amicale Chine-Zimbabwe et Chine-Afrique ».

 

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