Un ouvrier procède à la récolte dans la rizière Wanbao, à Xai Xai, au sud du Mozambique. (XINHUA)

Lucilio Machava, un jeune mozambicain de 22 ans, est l’un des 150 employés du projet Wanbao Africa Agriculture Development Ltd. (WAADL). Fruit d’un partenariat entre le gouvernement mozambicain et l’entreprise chinoise Wanbao, WAADL est l’un des plus grands producteurs de riz du Mozambique.   

Lucilio, comme beaucoup d’autres jeunes de Gaza, la deuxième province la plus pauvre du pays, est le seul homme dans sa famille de cinq personnes. En tant que tel, il est responsable de nourrir et subvenir aux besoins de sa famille. Il a donc abandonné l’école secondaire au début de l’année dernière, alors qu’il ne lui restait que deux ans avant d’obtenir son diplôme. Sans autre choix, il est parti à la recherche d’un travail pour pouvoir aider à nourrir sa mère, sa sœur de 15 ans, sa femme et leur bébé.   

Les occasions sont rares   

Selon les statistiques de l’UNESCO, le taux de chômage au Mozambique est de 25 %. La moitié des chômeurs sont des jeunes avec au moins un niveau d’éducation de base. Cela signifie que les jeunes comme Lucilio ont beaucoup de difficulté à trouver du travail. En fait, il s’est retrouvé au chômage pendant près de quatre mois avant de trouver un emploi à Wanbao, en avril 2018. Depuis, il a gravi les échelons au sein de l’entreprise, devenant superviseur du système de ventilation de l’entrepôt de riz.   

« Avant de travailler à Wanbao, je ne faisais rien. Nous dépendions tous des récoltes de la petite ferme de ma mère et ce n’était pas suffisant pour tout le monde », a-t-il dit. 

Selon Jaime Cumbane, rédacteur en chef du bulletin annuel du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, à la fin de 2018, le Mozambique comptait 180 000 nouveaux chômeurs, dont 9 000 étaient originaires de Gaza. En comparaison, seulement environ 3 500 emplois avaient été créés dans la même période dans cette province.   

Dans une étude de cas réalisée par le Fonds de développement Chine-Afrique, publiée en juillet de cette année, il est indiqué que le projet de riziculture de Wanbao à Xai Xai, dans la province de Gaza, est actuellement le plus grand projet chinois de plantation de riz en Afrique et l’un des 13 projets clés de coopération entre la Chine et le Mozambique. Le projet couvre 20 000 hectares et intègre la mise en valeur des terres agricoles, la production céréalière, l’entreposage, la transformation et la vente, en mettant l’accent sur la culture du riz. Au total, 15 000 familles vivant dans les milieux agricoles ont été formées à la riziculture, selon l’étude, et les rendements locaux sont passés de 1,5 à 7 tonnes par hectare en sept ans.   

Le Mozambique est un pays à fort potentiel agricole. Environ 70 % de ses terres sont fertiles. Malgré le fait que de nombreux chercheurs agricoles aient été formés sur place, la croissance rapide de l’industrie agraire mondiale oblige le gouvernement à créer des partenariats internationaux, principalement avec la Chine, pour maximiser l’utilisation des terres et échanger des expériences dans ce domaine.   

« Parmi les plus de 457 000 emplois créés en 2018 par les 32 secteurs les plus importants du pays, l’agriculture a généré au moins 80 000 emplois, ce qui place ce secteur bien en avant des autres », a déclaré M. Cumbane. 

Un fermier répand des pesticides dans la rizière Wanbao, au sud du Mozambique. (XINHUA)

Forte création d’emplois   

Selon Margarida Madureira, représentante de Paz y Desarrollo, une organisation de consultants travaillant dans les secteurs de la société civile et des ONG, Wanbao est responsable de la création de 400 emplois directs et 1 500 emplois indirects au Mozambique. La plupart de ces emplois se concentrent à la fin de l’année, surtout entre novembre et janvier, alors que Wanbao réalise la fertilisation et la plantation de semences. De plus, au milieu de l’année, la saison des récoltes voit également un grand nombre d’embauches.   

Lorsqu’ils n’étudient pas, Zefanias João, 21 ans, et Mário Alfredo, 19 ans, sont tous deux des employés saisonniers. En novembre de l’année dernière, ils ont présenté leurs candidatures à l’entreprise afin d’être embauchés.   

« L’an dernier, j’ai constaté que les premiers [à postuler] obtenaient les meilleurs emplois », a expliqué Mário. Au Mozambique, les écoles cessent leurs activités en octobre, il est donc possible de travailler sans manquer les cours, a-t-il ajouté.   

Quant à lui, Lucilio a de grandes ambitions. Il économise une partie de son salaire pour terminer la maison en béton que son père avait commencé à construire avant de quitter sa famille pour vivre en Afrique du Sud. Le jeune homme travaille du lundi au dimanche sans arrêt. « De cette façon, je gagne plus d’argent et je peux accélérer les travaux de finition de la maison », a-t-il affirmé. Il prévoit retourner aux études en soirée en 2020 pour terminer ses deux dernières années d’études secondaires.   

Une agriculture exemplaire   

WAADL est devenue l’une des entreprises les plus demandées dans les foires agricoles du Mozambique, car elle produit et vend ses produits localement. En 2016, l’entreprise chinoise s’est classée première dans la catégorie des meilleures petites et moyennes entreprises de produits manufacturés lors de la cérémonie de remise des prix de la Foire agro-commerciale et industrielle du Mozambique (FACIM), la plus grande foire agricole annuelle du pays avec des participants venant de plus de 20 pays.   

Lors des deux dernières éditions de la FACIM, Wanbao a battu des records de vente en vendant tous ses produits deux jours avant la fermeture de la foire. Selon Mme Madureira, WAADL a pour objectif déclaré de promouvoir le transfert de technologie agraire pour augmenter la productivité agricole. 

« Ce projet fait explicitement partie du Plan stratégique de développement agraire du gouvernement mozambicain et est soutenu par l’accord de jumelage existant entre la province de Gaza au Mozambique et la province du Hubei en Chine, signé en 1987 », a expliqué Mme Madureira.   

La récente campagne électorale du Mozambique s’est achevée le 12 octobre avec la réélection de Filipe Jacinto Nyusi à la présidence du pays. Lors de la campagne, il a promis que la province de Gaza transformerait l’agriculture du Mozambique et ferait du pays l’un des principaux joueurs de l’industrie agricole internationale.   

Pour y parvenir, le Président Nyusi s’est engagé à investir dans la formation des jeunes intéressés par l’agronomie en les « envoyant étudier dans des universités chinoises », ainsi qu’en créant des échanges entre des entreprises nationales et internationales.   

La vulgarisation agraire (à savoir, l’application de la recherche scientifique et des nouvelles connaissances aux pratiques agricoles par l’éducation des agriculteurs) est une autre option pour développer l’activité agricole. À cet égard, le gouvernement prévoit accroître la formation et l’embauche d’experts afin de pouvoir aider les agriculteurs à améliorer leur production, en qualité et en quantité. 

Reportage du Mozambique

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