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  2020-01-19
 

Sans limite

par Christophe Alexandre  ·   2020-01-19
Mots-clés: innovation
Edwin Mwenda. PHOTOS : COURTOISIE
 

« Aucun humain n'est limité ». Lorsqu'Edwin Mwenda, entrepreneur kényan de 32 ans, cite son compatriote, l'athlète Eliud Kipchoge, lors des Africa Dialogues* tenus à Beijing en octobre 2019, fait-il référence à sa propre histoire ?

L'assurance du jeune lion

Alors âgé de 9 ans, Edwin quitte le Kenya pour rejoindre sa mère partie 5 ans plus tôt au Royaume-Uni afin de créer une vie meilleure pour elle et son fils. Après un parcours prometteur, tout portait à croire qu'il poursuivrait sa carrière en Grande-Bretagne. Pourtant, loin de se contenter d'évoluer dans sa zone de confort, Edwin a fait le choix de bouleverser son mode de vie et, ce faisant, de repousser ses propres limites.

« M'installer en Chine est l'une des meilleures décisions que j'aie prises dans ma vie [...] Ma famille s'attendait à ce que je poursuive ma carrière au Royaume-Uni car le travail que j'y avais m'apportait un train de vie plutôt confortable », a-t-il raconté à l'Agence de presse Xinhua. Selon Edwin, la Chine est incontestablement la prochaine puissance mondiale et sa transformation au cours des 40 dernières années offre beaucoup de leçons à des pays comme le Kenya et une grande partie de l'Afrique dans son ensemble. Cette opportunité de comparer et de contraster avec la trajectoire de la Grande-Bretagne dans son développement, en particulier pendant la révolution industrielle, a été pour lui une grande révélation.

En Chine depuis 2014, Edwin a obtenu son diplôme de maîtrise en sciences et ingénierie de l'environnement à l'Université Tsinghua et est actuellement doctorant en économie politique à l'Université de commerce international et d'économie de Beijing. « Je finance moi-même mes études. Je le fais pour mon développement personnel et, dans un même temps, je bâtis mon entreprise », a-t-il précisé.

 

Par amour de son prochain

Fonder une entreprise à l'étranger n'est pas chose aisée. D'autant plus si vous ne parlez pas la langue. « Je parle très peu [le chinois] ! Pas par manque d'efforts, mais entre mes études et mon entreprise, je n'ai tout simplement pas le temps. J'espère y consacrer plus de temps au début de l'année prochaine », a confié Edwin à CHINAFRIQUE. C'est en faisant fi de toutes pierres d'achoppement, et en s'appuyant sur l'équipe qui l'entoure, qu'Edwin a bâti sa société, AHAVAH. L'idée d'AHAVAH est de créer une plateforme capable de construire des entreprises durables, de créer un impact social et de soutenir ce que son fondateur nommera « les bonnes causes ». L'accent est mis principalement sur l'exploitation des opportunités de commerce et d'investissement entre la Chine et l'Afrique dans le secteur de l'agriculture et des énergies renouvelables.

Pour faire face aux sécheresses qui apparaissent fréquemment au Kenya, et aux diverses difficultés agricoles de l'Afrique en général malgré les vastes terres arables, l'équipe d'AHAVAH propose des solutions spécifiques aux régions en intégrant les technologies agricoles chinoises. « La moitié des terres du [Kenya] sont difficiles à cultiver en raison de la sécheresse et des installations de récoltes sous-développées. La mauvaise gestion des cultures, le manque d'informations et le marché dysfonctionnel ne rendent pas la situation meilleure », a expliqué Edwin, avant d'ajouter : « La Chine a une longue histoire, mais aussi des décennies d'expériences dans la manière de se développer dans le monde moderne. » Grâce à des solutions innovantes, Edwin entend réduire la dépendance à la nature dans la production agricole. « Les infrastructures agricoles au Kenya sont toujours à la traîne. Mais elles ont un potentiel énorme. D'ici 2025, nous espérons que ceux qui vivent dans l'extrême pauvreté auront une vie meilleure », a-t-il avancé.

 

Avec Nelly, Edwin entend promouvoir un message fort d’autonomie action des femmes sur le continent.

 

Faire florès

Mais Edwin et son équipe n'ont pas l'intention de s'arrêter là. Leur société vient de lancer une nouvelle marque pour le sourcing et l'exportation de fleurs de haute qualité. Nommée Nelly, en référence à la collaboratrice d'Edwin Nelly Njoroge, cette marque vise à défier les récits conventionnels et les associations de clichés, en cherchant à valoriser, autonomiser et célébrer les femmes dans le monde en encourageant chacune d'entre elles à découvrir la vraie beauté et le pouvoir qui les habitent. Nelly Njoroge, qui a grandi à Naivasha, d'où les fleurs kényanes proviennent, était consciente que les ouvrières qui travaillaient dans les fermes à fleurs les cueillaient tous les jours sans jamais vraiment découvrir leur propre beauté ou leur but. Selon Edwin, apprécier les fleurs pour leur beauté unique est quelque chose que chaque femme mérite. Qu'elles soient dans une relation ou non, chaque femme doit se rappeler chaque jour qu'elle est belle et puissante, tout en célébrant son unité et ses différences. « Je pense que la femme africaine est une ressource tellement sous-estimée et sous-utilisée. Si nous leur donnons la bonne plateforme, collectivement, elles pourraient détenir la clé pour libérer le grand potentiel de l'Afrique. C'est le message que notre marque tente de partager : une fleur commence avec quelques graines dispersées, mais lorsqu'elle est exposée aux bonnes conditions, elle prospère et apporte joie et beauté aux autres », a fait valoir l'entrepreneur kényan.

C'est de manière innovante qu'Edwin entend faire évoluer le continent. Et l'innovation, c'est en parlant de sa grand-mère qu'Edwin en donnera la meilleure définition :

« Aux yeux de tous, ma grand-mère n'a pas accompli grand-chose ; elle n'a battu aucun record du monde. Elle n'est même pas allée à l'école. Pourtant, elle n'a eu de cesse d'y envoyer ses enfants, dont ma mère, à une époque où dans notre village personne d'autre ne prônait l'éducation, d'autant plus pour les jeunes filles. Elle a vécu les luttes d'indépendance de notre pays et la lutte pour un changement continu. Elle n'est jamais montée à bord d'un avion, mais par une pensée innovante, ses enfants et ses grands enfants ont pu voyager à travers le monde, travaillant pour différentes organisations à différents niveaux. »

Edwin conclura : « En fin de compte, je crois que le véritable esprit d'innovation réside dans la recherche de créer un impact dans ce monde, même le plus petit. »

En effet, « aucun humain n'est limité ».

 

Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site web www.chinafrique.com

 

Pour vos commentaires :

christophe.alexandre@chinafrica.cn

 

Deux questions pour Edwin :

CHINAFRIQUE : AHAVAH, le nom de votre entreprise, signifie « amour » en hébreu. L'amour a-t-il une place dans le monde des affaires ?

Edwin : Absolument ! Les affaires sont simplement une activité comme les autres et la plupart des gens s'y adonnent parce qu'ils aiment l'activité ou qu'ils aiment les avantages que cette activité leur apportera. Le meilleur équilibre est de le faire pour les deux raisons et plus encore, en essayant de créer un impact positif sur les gens pendant que vous y êtes.

 

Avez-vous d'autres projets ?

Nous sommes actuellement en train de former le réseau de la diaspora africaine en Chine (ADiC Net) grâce au soutien de la Direction des citoyens et de la diaspora (CIDO) de l'Union africaine après son récent événement à Beijing : « Tirer parti de votre expérience en Chine pour stimuler le changement en Afrique ». L'objectif initial est de connecter tous les réseaux existants sur une plateforme commune, puis d'introduire une gamme de programmes et de projets qui bénéficieront à tous les membres.

Nous pensons que ce programme inaugurera un esprit renouvelé de panafricanisme !

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