Il y a deux ans, j’ai appris que le gouvernement chinois avait le grand projet de faire sortir 40 millions personnes de la pauvreté dans un délai ne dépassant pas quatre ans. J’ai publié plus d’un article en rapport avec ce programme, suscitant de nombreuses questions de la part de mes lecteurs. Il était difficile non seulement pour moi mais également pour eux de pouvoir comprendre comment un pays pouvait parvenir à sortir de la pauvreté 10 millions de personnes (soit la population de mon pays Burundi) en seulement un an. Je viens donc de passer deux ans à approfondir la question concernant la stratégie utilisée par cette puissance économique mondiale pour atteindre cet objectif.

Grâce à notre visite sur le terrain, j’ai enfin pu comprendre que tout est possible : la province du Yunnan est une des provinces chinoises les plus pauvres de Chine, et ce en raison de sa situation géographique en haute montagne. Cela prouve qu’il est en effet possible de se sortir de la pauvreté et de se développer mentalement et économiquement. La stratégie utilisée par la Chine peut servir d’exemple à n’importe quel pays qui en est conscient et désire l’appliquer. D’une part, il suffit d’avoir un gouvernement qui met en application des objectifs précis et d’autre part un peuple qui obéit et participe activement à des programmes et des directives définis par ce gouvernement. Ainsi, c’est au Yunnan, province située dans le sud de la Chine, que j’ai découvert comment le village de Wujiazhai, district de Jinping, s’y prend pour lutter contre la pauvreté de sa population.

Une équipe de suivi dans chaque village administratif défavorisé

La politique d’éradication de la pauvreté fait partie d’un programme national du gouvernement central chinois. Les gouvernements provinciaux dirigent et se chargent de la mise en application de ce programme au niveau local. Et pour assister la mise en application de la stratégie du programme mentionné ci-dessus, la Chine prend aussi la mesure de soutiens sectoriels entre partenaires correspondants, comme on a vu au Yunnan, le ministère des Affaires étrangères a mis en place une équipe de suivi dans son chaque village administratif sous-développé où il a effectué une aidé partenaire ciblée.

À Wujiazhai, parmi les 400 familles enregistrées en tant familles défavorisées, le chef de l’équipe dédiée à l’éradication de la pauvreté dans ce village, Yujiang Zhou, explique que 150 familles ont déjà pu « monter en grade ». Cela signifie qu’elles ont atteint les points et le niveau requis. Le ministère des Affaires étrangères a engagé 4 millions de yuans dans ce programme. L’équipe de suivi, composée de personnes de trois groupes minoritaires du village, doit d’abord procéder à la collecte de toutes les informations concernant les familles défavorisées avant d’entreprendre toute action. Une fois la famille enregistrée, l’équipe doit l’informer de tout ce qui touche à l’éradication de la pauvreté (mesures/conditions à suivre et avantages). La famille se voit attribuer une carte de sécurité sociale pour accéder aux soins médicaux et les frais de scolarité des enfants sont pris en charge par le programme. L’équipe de suivi doit contrôler que tout enfant en âge d’être scolarisé aille bien à l’école. Si elle découvre que certains n’ont pas eu la chance de faire des études, elle est chargée de leur donner certaines notions scolaires de base. Il revient également à l’équipe de suivi de contrôler le niveau de revenu de chaque famille et de l’aider à obtenir un logement décent, le cas échéant.

Selon M. Zhou, 150 familles sur les 400 familles défavorisées enregistrées à Wujiazhai ont déjà pu « monter en grade ». (Photo : Hu Fan)

Des avantages accordés à des familles devenues modèles

À la question de savoir si les familles enregistrées sont intéressées par le programme, M. Zhou répond qu’elles participent activement à sa mise en application. Avec l’aide des organisations, les responsables du village évaluent les familles enregistrées sur une période définie et leur fournissent certains articles selon les points obtenus. En d’autres termes, si une famille a bien respecté toutes ou certaines conditions exigées par le programme, celle-ci reçoit des points correspondant à sa « performance ».

Dans le magasin des articles dédiés aux familles défavorisées de Wujiazhai, le chef de l’équipe de suivi explique aux journalistes africains comment une famille bénéficie des avantages quand elle a respecté les conditions exigées. (Photo : Hu Fan)

Par ailleurs, si l’équipe de suivi juge nécessaire la construction ou l’agrandissement d’une maison, la famille concernée bénéficiera de la prise en charge de l’ensemble des frais. La famille « monte en grade » quand elle a obtenu la note requise et qu’elle est capable d’aider trois autres familles défavorisées. En face du bureau de l’équipe de suivi à Wujiazhai se trouve un magasin contenant divers articles à fournir aux familles, selon les points obtenus, afin de les encourager dans leurs démarches. En outre, chaque village administratif chinois a désormais son propre centre médical.

Grâce à cette stratégie déployée pour lutter contre la pauvreté, je suis pour le moment convaincu que la Chine est sur la bonne voie pour mener à bien son grand projet. C’est un bon exemple à suivre pour tous les pays en développement, surtout en Afrique.