Un professeur tanzanien donne un cours de chinois à l’Institut Confucius de l’Université de Dar es Salaam, en Tanzanie, le 4 janvier. (XINHUA)

La visite de Wang Yi, conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères, dans cinq pays africains s’inscrit dans la tradition diplomatique transmise depuis une trentaine d’années. Le haut diplomate chinois a choisi le continent africain pour son premier voyage à l’étranger de l’année, preuve de la place importante qu’occupe l’Afrique dans la diplomatie chinoise.

Les pays visités étaient très représentatifs : Le Nigeria en Afrique de l’Ouest, la République démocratique du Congo (RDC) en Afrique centrale, le Botswana au sud, la Tanzanie à l’est et les Seychelles dans l’océan Indien. Avec environ 200 millions d’habitants, le Nigeria est la plus grande population d’Afrique. Première économie du continent, c’est aussi un partenaire stratégique très important. En revanche, la population des Seychelles ne s’élève qu’à 100 000 habitants : la Chine traite véritablement tous les pays africains sur un pied d’égalité.

Des liens étroits

M. Wang a déclaré que ce voyage diplomatique visait à transmettre des messages clairs concernant la coopération sino-africaine. La Chine continue de soutenir l’Afrique en matière de lutte contre la COVID-19, de reprise économique et de renforcement de l’influence internationale.

L’homme d’État s’est entretenu avec ses cinq homologues, parvenant à un consensus sur le renforcement de la coopération bilatérale, l’élargissement des domaines de coopération et la promotion du multilatéralisme. Ils se sont engagés à déployer des efforts conjoints pour sauvegarder les intérêts communs des pays en développement, s’opposer aux ingérences extérieures, défendre l’équité et la justice et promouvoir un ordre international plus juste.

Les cinq Présidents ont tous exprimé à M. Wang leur souhait de renforcer les relations bilatérales. Le Président nigérian, Muhammadu Buhari, a déclaré que les prix du pétrole étant en baisse, engendrant des difficultés de développement, le soutien de la Chine permettait d’atténuer certains problèmes, tels que le sous-développement des infrastructures et l’insuffisance de l’approvisionnement alimentaire. La Chine a en effet un rôle très important à jouer dans le développement durable du Nigeria.

En 2020, le volume global des importations et des exportations entre la Chine et la RDC a augmenté dans le sens contraire de la tendance mondiale à la baisse, reflétant le degré élevé de complémentarité entre les deux économies et le potentiel du commerce bilatéral. Le Président Felix Tshisekedi a déclaré que la RDC, qui assumera bientôt la présidence tournante de l’UA, jouera un rôle plus important dans la promotion de la coopération sino-africaine.

M. Wang a déclaré que la Chine soutenait le gouvernement de la RDC dans le maintien de l’unité et de la stabilité nationales, dans le développement et la revitalisation de l’économie, et dans la future prise en charge de la présidence tournante de l’UA. Les deux parties ont également signé un protocole d’accord pour la coopération dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ».

Le Président du Botswana, Mokgweetsi Masisi, a félicité l’aide de la Chine dans la diffusion des « brevets du Botswana » dans le monde entier. Cette année marque le 46e anniversaire de l’établissement de liens diplomatiques entre la Chine et le Botswana. Lors de cette visite, le Botswana est devenu le 46e pays partenaire en Afrique dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ».

En Tanzanie, M. Wang a honoré l’amitié sino-tanzanienne. Il a fait référence à Zhou Enlai, Premier ministre chinois qui avait fait un long voyage avant d’arriver en Tanzanie en 1965, à Julius Nyerere, premier Président tanzanien qui s’est rendu 13 fois en Chine, et au chemin de fer TAZARA reliant la Tanzanie à la Zambie, construit avec le soutien de la Chine.

Le Président Xi Jinping s’était rendu en Tanzanie lors de son premier voyage en Afrique après sa prise de fonction en 2013. À l’époque, il avait évoqué le principe de sincérité, de résultats réels, de fraternité et de bonne foi dans le développement des relations sino-africaines.

Wavel Ramkalawan, Président seychellois a déclaré que la Chine était l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance des Seychelles. Remerciant du soutien chinois durant la pandémie, il a déclaré souhaiter recevoir le vaccin chinois.

M. Wang a déclaré que la Chine était disposée à approfondir une coopération mutuellement bénéfique avec les Seychelles dans les trois domaines de la protection de l’environnement, de l’économie bleue et du tourisme. Les deux parties signeront un accord sur la construction d’une zone de démonstration de développement à faible émission de carbone pour la coopération Sud-Sud.

Coopération post-COVID-19

Depuis la création du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) en 2000, la Chine et les nations africaines fixent des objectifs concrets tous les trois ans et prennent les engagements correspondants. Les sept sessions précédentes du FCSA ont montré que l’engagement sérieux des deux parties.

Malgré la pandémie, plus de 70 % des résultats du sommet du FCSA à Beijing en 2018 ont été atteints. De grands progrès ont été réalisés dans les huit initiatives que la Chine s’est engagée à lancer en 2018 : promotion industrielle, connectivité des infrastructures, facilitation du commerce, développement vert, renforcement des capacités, soins de santé, échanges entre les peuples ainsi que paix et sécurité.

Au cours de cette visite, il a également été question de stratégies pour atteindre les objectifs fixés lors du sommet de Beijing et de préparation du prochain sommet du FCSA avec la partie africaine afin de préciser les priorités de la coopération bilatérale pour l’après-COVID-19. Le gouvernement chinois soutiendra la stabilité politique et le développement économique et social de l’Afrique, et s’engage à contribuer à la construction d’une « Afrique saine », d’une « Afrique faite en Afrique », d’une « Afrique interconnectée », d’une « Afrique de la récolte », d’une « Afrique numérique », d’une « Afrique verte » et d’une « Afrique sûre ».

Ces domaines couvrent traditionnellement l’agriculture et l’industrie mais également de nouveaux domaines, comme les soins de santé et l’économie numérique.

« Ce qui m’a le plus impressionné tout au long de cette visite, c’est que, quelle que soit l’évolution de la situation internationale, quels que soient les défis auxquels nous sommes confrontés et quels que soient les perturbations que nous rencontrons, l’amitié traditionnelle entre la Chine et l’Afrique résiste à l’épreuve du temps et se renforce de plus en plus », affirme M. Wang.

La pandémie fait toujours des siennes. Tous les pays souffrent de cette catastrophe commune sans précédent. La COVID-19 ne peut être éradiquée que si tout le monde s’unit ; dans le cas contraire, personne ne survivra. La vision d’une communauté de destin commun pour l’humanité a su gagner une plus grande reconnaissance dans le monde entier.

(L’auteur est directeur de la Société chinoise d’études historiques africaines et professeur émérite à l’Université de Pékin)

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn