Établir l’agriculture en tant que pierre angulaire de la conduite des politiques en accord avec la revitalisation rurale complète en Chine. 

Une habitante du village Yulingguan, dans le district de Qingliangfeng (Zhejiang), le 16 février. (XINHUA)

Le développement agricole et rural a toujours été une question importante à l’ordre du jour des sessions annuelles chinoises de l’Assemblée populaire nationale et du Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois, qui ont généralement lieu au début du mois de mars de chaque année. 

Avant les sessions annuelles de cette année, le Président Xi Jinping a prononcé un discours inaugural lors de la Conférence centrale sur le travail rural (CCTR) annuelle de deux jours en décembre 2021, qui a mis en évidence le fait que les domaines de l’agriculture et du développement rural en Chine sont fondamentaux en termes de conduite des politiques. 

Quelle a été l’expérience de la Chine en matière de revitalisation rurale et de consolidation de la production agricole ? Quelles leçons peut-on tirer pour l’Afrique du Sud alors qu’elle est aux prises avec le problème apparemment sans fin de « l’injustice historique » de la privation de terres et de l’insécurité alimentaire ? 

Le Président Xi a déclaré en avril 2021 que la sécurité alimentaire est « une base importante pour la sécurité nationale ». Le XIVe Plan quinquennal de la Chine (2021-2025) établit un lien entre les deux objectifs, énonçant clairement les objectifs sociaux et économiques du pays. Cela comprend le maintien d’une production céréalière annuelle de plus de 650 millions de tonnes. 

Il n’est pas surprenant de voir qu’en 2021, la production céréalière de la Chine ait atteint près de 683 millions de tonnes, soit une augmentation de 13,4 millions de tonnes par rapport à l’année 2020. Plus important encore, la production céréalière a enregistré une croissance pendant sept années consécutives. Dans cet esprit, la CCTR a fixé l’objectif de production pour 2022 à plus de 650 millions de tonnes. 

Compte tenu du fait que la Chine a connu des périodes de pénurie alimentaire dans le passé, le Président Xi a noté qu’à tout moment, « le bol de riz du peuple chinois doit être fermement tenu entre nos mains. Notre bol de riz devrait être rempli principalement de céréales chinoises. » 

En tant que pays en voie développement, la Chine est parfaitement consciente que l’incapacité de garantir la sécurité alimentaire et la revitalisation rurale pourrait nuire à la stabilité sociale. Il est donc encourageant de constater que la CCTR a reçu l’assurance que la production de céréales, de riz et de blé sera en mesure de répondre à la demande intérieure croissante de la Chine. Bien sûr, cela dépendra dans une large mesure de la stabilité des prix alimentaires domestiques et également de la réduction progressive de la dépendance excessive de la Chine à certaines importations alimentaires telles que le soja. 

Lors de la CCTR, il a été réitéré que le pays restait déterminé à construire 6,67 millions d’hectares agricoles de haute qualité en stimulant les industries concernées par le secteur et en accélérant l’intégration rurale-urbaine. 

Faire de l’agriculture une pierre angulaire politique et programmatique pour la Chine est directement lié à la revitalisation rurale complète. La Chine vise également à s’appuyer sur sa victoire sans précédent dans sa lutte contre la pauvreté. Grâce à laquelle, au cours des huit dernières années, plus de 98 millions d’habitants ruraux, 128 000 villages pauvres et 832 districts démunis se sont débarrassés de la pauvreté.  

Alors que l’Afrique du Sud est aux prises avec la faim et l’insécurité alimentaire, il y a beaucoup de choses à admirer et à apprendre de la Chine. Le Groupe consultatif présidentiel sur la réforme agraire et l’agriculture, dans un rapport publié en mai 2019, s’est exprimé sans ambiguïté sur l’injustice historique. Le rapport a identifié la lenteur de la réforme agraire comme un goulot d’étranglement dans les efforts déployés après 1994 pour édifier la nation. 

Parmi les thèmes centraux mentionnés dans le rapport dont il faut s’occuper de toute urgence, notamment « l’insécurité foncière qui entraîne l’exclusion économique (par laquelle) l’Afrique du Sud compte plus de 60 % des citoyens dont les droits fonciers ou de propriété ne sont ni publiés ni enregistrés ». Cela n’augure rien de bon pour la cohésion sociale. 

De toute évidence, la Chine a fait quelque chose de bien en augmentant les revenus de la population rurale pendant 11 années consécutives. Cette réduction de la « fracture villes-campagnes » a également permis à la Chine de construire et d’améliorer plus de 2 millions de kilomètres de routes reculées entre 2012 et 2019, et dans ce processus relier également 51 000 villages avec des voies en béton. 

Comme pour toutes les autres réalisations record en Chine, cela peut se résumer, premièrement à la cohérence des politiques mises en œuvre et à leur surveillance régulière des impacts ; deuxièmement à la volonté politique et exécutive qui est communiquée et transmise des provinces aux municipalités, et troisièmement à la participation croissante des citoyens eux-mêmes en tant que moteurs de leur propre développement et transformation. 

Ces éléments non négociables en Chine ne sont pas uniques à ce pays, mais sont des valeurs et des principes universels qui peuvent être reproduits en Afrique du Sud. 

L’auteur est sinologue et fondateur de SELE Encounters.