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  2022-09-09
 

Un nouveau regard sur la sécurité collective

par Charles Onunaiju  ·   2022-09-09
Mots-clés: Initiative pour la sécurité mondiale ; casque bleu

L’Initiative pour la sécurité mondiale proposée par la Chine offre une autre approche pour traiter les menaces émergentes. 

Des casques bleus du 25e contingent chinois de maintien de la paix en République démocratique du Congo reçoivent la médaille de la paix de l’ONU, le 25 juillet. (XINHUA) 

  

L’escalade des tensions régionales et leurs effets au-delà des épicentres des conflits engendrent et exacerbent les menaces à la sécurité dans tous les pays. Par exemple, la conséquence directe de l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi en Libye a été l’afflux d’armes légères et d’instructeurs militaires, qui ont stimulé les séditions dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, en particulier au Nigeria où l’insurrection extrémiste s’est muée en activités criminelles violentes. 

  

Le conflit russo-ukrainien a bouleversé la stabilité régionale en Europe avec des conséquences et des effets au-delà du théâtre immédiat du conflit. Avec la confluence de ces facteurs, ainsi que d’autres, qui aggravent les tensions et se répercutent sur la sécurité, la gouvernance et la capacité de production à travers le monde, la récente Initiative pour la sécurité mondiale de la Chine mérite d’être prise en considération. 

  

Aggravation de l’environnement sécuritaire  

  

Le renversement violent du gouvernement libyen en 2011, avec la connivence active de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), et l’assassinat de Kadhafi ont été le catalyseur crucial de la montée d’insurrections et de banditisme qui ont englouti la région du Sahel en Afrique de l’Ouest. 

  

La région du nord-est du Nigeria est depuis longtemps en proie à Boko Haram et à l’État islamique. Le nord-ouest et d’autres parties du pays ne sont pas épargnés par la vague de violences déclenchée par le déferlement d’armes illégales en provenance de Libye. 

  

Les difficultés actuelles en matière de sécurité, qui ont considérablement entravé la stabilité et le développement des pays de la région sahélienne, auraient été évitées si l’initiative de l’OTAN en faveur d’un changement violent du régime libyen avait cédé la place à un règlement négocié du conflit, initiative promue par l’Union africaine (UA) mais rejetée avec véhémence par l’armée libyenne. L’alliance est allée jusqu’à invoquer son article 5 de défense collective, qui n’avait absolument aucune application aux crises libyennes de l’époque. 

  

Ironiquement, en obtenant un changement de régime, l’OTAN a renoncé à la responsabilité de protéger les actifs nationaux de la Libye, y compris son arsenal militaire lourd, ouvrant la voie à son effondrement et servant de conduit pour l’écoulement d’armes vers la région du Sahel et au-delà. Ces armes ainsi que l’affluence d’instructeurs militaires ont alimenté directement l’insurrection qui couvait alors dans la région et l’ont propulsée à des niveaux épidémiques, entraînant sa propagation à davantage de pays. 

  

Une nouvelle initiative 

  

Lors de la conférence annuelle 2022 du Forum de Boao pour l’Asie, le Président chinois Xi Jinping, tout en proposant l’Initiative pour la sécurité mondiale, a souligné que son objectif serait « de rester engagé envers la vision d’une sécurité commune, intégrée, coopérative et durable ; de rester attaché au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays en poursuivant la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres et en respectant la voie de développement et le système social choisis en indépendance par les peuples ; de rester déterminé à observer les buts et les principes de la Charte des Nations unies, à rejeter la mentalité de guerre froide, à s’opposer à l’unilatéralisme et à refuser à la politique de groupe et à la confrontation de blocs ; de rester déterminé à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays, à défendre le principe de l’indivisibilité de la sécurité, à construire une architecture de sécurité équilibrée, effective et durable et à s’opposer à la poursuite de sa propre sécurité au détriment de la sécurité des autres. » 

  

Le leader chinois a souligné que les pays du monde entier sont comme des passagers à bord du même navire qui partagent le même destin, et par conséquent, « pour que le navire tienne dans la tempête et navigue vers un avenir radieux, tous les passagers doivent se serrer les coudes. » 

  

Assumant l’énorme responsabilité de promouvoir la sécurité collective et le développement commun, la Chine a défini des moyens constructifs, mesurés et pratiques pour faire face aux nombreux défis auxquels l’humanité est confrontée. L’initiative est importante car la Chine a la volonté politique et, surtout, beaucoup de bonne volonté pour la mener à bien. 

  

Cette initiative préconise de parvenir à la sécurité collective par le dialogue et les consultations, et d’instituer des systèmes d’alerte précoce, qui est un mécanisme bien connu de prévention des conflits et des crises, ce qui éliminerait l’argument en faveur des changements de régime et ses conséquences. 

  

Alors que des initiatives chinoises telles que « la Ceinture et la Route » ont permis le développement dans plusieurs régions du monde, la Chine ne bombe pas le torse. Il s’agit davantage de souligner que le projet a réussi car le monde se l’est approprié et, tel un orchestre, la sagesse collective et les différentes voix de tous les participants l’ont enrichie. 

  

L’année dernière, lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, qui a également coïncidé avec le 50e anniversaire du retour de la Chine dans l’organisation, le Président Xi a proposé l’Initiative pour le développement mondial, qui a ensuite été soutenue par l’ONU, plus de 100 pays, et organisations internationales. Dans sa proposition, la Chine a offert son expérience dans la lutte contre l’extrême pauvreté pour lutter contre la pauvreté mondiale. La Chine travaille avec la communauté internationale sur la mise en œuvre solide de l’initiative. 

  

La sécurité alimentaire et les efforts pour accélérer la reprise mondiale après la COVID-19 ont été quelques-uns des points forts de l’initiative. Un aspect essentiel des initiatives chinoises est qu’elles ne sont pas basées sur une approche unique, mais sont conçues pour être adaptées aux conditions nationales des différents pays. Fondamentalement, ces initiatives sont généralement un appel à une participation plus large et à la contribution de la sagesse de différents pays et d’autres parties prenantes pour faciliter l’appropriation collective. 

  

La Chine joue déjà un rôle considérable dans le renforcement de l’architecture de sécurité régionale de l’Afrique grâce à un soutien concerté au mécanisme de paix et de sécurité de l’UA. En outre, en tant que partenaire commercial et investisseur clé, la Chine a un énorme intérêt pour la sécurité future de l’Afrique. 

  

Considérant les déficits sécuritaires émergents dans le monde en général et en Afrique en particulier, l’initiative de la Chine sur la sécurité mondiale mérite d’être sérieusement prise en considération. 

 

L’auteur est directeur du Centre d’études chinoises d’Abuja. 

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