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  2022-11-11
 

Donner, c'est recevoir

par Edwin Nyirongo VOL. 14 NOVEMBRE 2022  ·   2022-11-11
Mots-clés: Malawi

Un programme de charité au Malawi se sert de chèvres pour sortir les populations de la pauvreté. 

Une famille remet des chèvres à une autre famille bénéficiaire dans le district de Neno, au Malawi. (EDWIN NYIRONGO) 

  

Bertha Sumani, du district sud de Chikwawa au Malawi, était une femme désespérée. Veuve, sans moyen pour nourrir sa famille, elle a dû se résigner à demander à ses trois enfants de cesser l’école pour se soulager des frais de scolarité. « Deux d’entre eux ont compris la situation [financière], mais le troisième, qui aimait vraiment étudier, a été amèrement déçu », a confié Bertha. 

 

Heureusement pour cette famille, les soutiens étaient au rendez-vous. 

  

Transmettre à son tour 


Une organisation non gouvernementale, la Fondation Stephanos, très active au Malawi, s’est rendue à Chikwawa, où elle s’est engagée à soutenir les familles ayant des enfants scolarisés, mais aucun appui financier. 

 

À cette fin, ils ont instauré un programme de transmission dans la région, qui consiste, par exemple, à donner à une famille trois chèvres. Lorsque les chèvres se reproduisent, la famille donne trois chèvres à son tour à une autre famille bénéficiaire et garde le reste de la portée. Ainsi s’établit une chaîne de dons et de profits. 

 

Selon le directeur exécutif de la Fondation Stephanos, Clifford Kuyokwa, les bénéficiaires ne déboursent rien car les chèvres sont données gratuitement. « Je suis ravi que les choses se déroulent comme prévu et que de nombreuses familles en aient bénéficié », a-t-il partagé. 

 

Bertha a pu rapidement transmettre à son tour car l’une de ses chèvres a donné naissance à des triplés. « Je pensais qu’il m’aurait fallu plus de temps pour transmettre les trois chèvres. Mais j’ai été surprise de voir l’une d’elles donner naissance à trois chevreaux. Après quelques semaines, je les ai donnés à mon ami », a-t-elle indiqué. 

 

M. Kuyokwa soutient que la race des chèvres qu’ils donnent est très fertile et que les chevreaux grandissent rapidement. La période de gestation moyenne des chèvres dure environ 150 jours, il est donc possible pour une chèvre de mettre bas deux fois par an. 

 

Bertha affirme qu’elle est désormais en mesure de payer les frais de scolarité de ses enfants et d’acheter de la nourriture pour sa famille. Sa région a été dévastée par la tempête tropicale Ana fin janvier, qui a détruit les récoltes et d’autres biens. Elle a été en mesure de commencer la reconstruction après la vente de chèvres. Elle possède actuellement un troupeau de sept chèvres et décide de la meilleure façon de les utiliser à bon escient. Une chèvre peut se vendre entre 15 000 MK et 25 000 MK (de 14 à 24 dollars). 

  

Des chèvres polyvalentes 


Bertha fait partie des nombreuses personnes à travers le Malawi qui ont bénéficié du programme auquel un certain nombre d’organisations participent. Il s’agit notamment de l’Association nationale des petits exploitants agricoles du Malawi, Hunger Project et CARE International. 

 

L’ancienne Présidente du Malawi, Joyce Banda, a encouragé l’initiative. Elle a suggéré que le programme de transmission devait aussi inclure le bétail, mais certaines personnes ont émis des doutes. En effet, il faut du temps aux bovins pour se reproduire et se multiplier. Ils ont également besoin d’une alimentation adaptée. Les chèvres, quant à elles, se reproduisent rapidement, peuvent vagabonder à loisir, mangent ce qu’elles trouvent dans leur environnement et peuvent fournir à la fois de la viande et du lait. 

 

Elle a cependant été félicitée pour avoir accru la visibilité du programme, que beaucoup considèrent comme une réussite. 

 

La ministre de l’Éducation, Agnes Nyalonje, a fait part que de nombreuses filles ne poursuivaient pas leurs études parce que leurs parents ne pouvaient pas payer les frais. « Nous promouvons l’éducation des filles, mais nous n’y parviendrons que si elles vont à l’école. Mais avec le manque de moyens, cela a été un problème », a-t-elle déclaré. 

 

Mme Nyalonje soutient que le programme de transmission des chèvres est devenu populaire dans les communautés rurales car il apporte des revenus et de la nourriture indispensables. 

 

Selon la ministre, par le passé, lorsqu’une famille n’avait pas assez d’argent pour payer les frais de scolarité, la priorité était donnée aux garçons. Elle certifie qu’avec le programme, les familles ont maintenant assez d’argent pour envoyer les filles et les garçons à l’école. 

 

Le secrétaire principal au ministère de l’Agriculture, Sandram Maweru, a indiqué que le gouvernement se rendait compte de l’importance de l’élevage car il apporte un revenu aux familles. 

 

Selon lui, si davantage de personnes, en particulier dans les zones rurales, élevaient des chèvres, les éleveurs pourraient non seulement obtenir un revenu, mais aussi avoir suffisamment de nourriture. « Il y a un avantage important et ignoré de l’élevage du bétail, c’est le fumier. Pour les petits agriculteurs, le fumier peut remplacer les engrais pour la fertilité des sols », a-t-il exprimé. 

  

Et les cochons ? 


Le militant de l’éducation, Benedicto Kondowe, a salué le programme de transmission, affirmant qu’il a amélioré la fréquentation scolaire dans le pays. 

 

M. Kondowe, directeur exécutif de la Civil Society Education Coalition, a été particulièrement impressionné par la race de chèvres offerte car elle se multiplie rapidement et est facile à nourrir. « J’aurais pourtant aimé voir un programme de transfert de cochons, car ils se multiplient également en peu de temps. Le cochon est très demandé dans le pays, par conséquent, le marché n’est pas un problème », a-t-il précisé. 

 

Tamani Nkhono-Mvula, directeur national du Civil Society Agriculture Network, fait écho à son homologue sur la nécessité d’inclure les cochons dans le programme. Il souligne qu’en cette période de changement climatique, où les inondations et la sécheresse sont monnaie courante, l’élevage est la seule solution à la sécurité alimentaire. « Pendant les inondations, nous perdons beaucoup de récoltes, sur lesquelles les agriculteurs comptent pour payer les frais de scolarité de leurs enfants. Mais le nombre de têtes de bétail perdues à cause des inondations est faible. Par conséquent, les agriculteurs devraient élever du bétail », a-t-il expliqué. 

 

Cette année, et à la fin de l’année dernière, le Malawi a été touché par trois cyclones, à savoir Ana, Gombe et Jasmine, où un certain nombre de personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. Les peuples ont eu du mal à mener une vie normale alors que leurs maisons et leurs récoltes étaient emportées. 

 

Les écoles ont aussi été affectées, ce qui a entraîné la suspension de l’apprentissage dans de nombreuses régions touchées. Un rapport d’évaluation du Département des affaires de gestion des catastrophes  dans sept districts scolaires a montré qu’environ 398 908 élèves dans 476 écoles étaient confrontés à un environnement d’apprentissage médiocre à la suite des cyclones. 

 

La propagation de maladies d’origine hydrique telles que le choléra et la diarrhée suscite également des inquiétudes. 

 

Bertha a confié que, bien que les cyclones l’aient affectée, tout comme de nombreux autres agriculteurs de sa région, elle a trouvé du réconfort dans ses chèvres qui lui permettent de garder sa précieuse famille à l’école. 

  

Reportage du Malawi 

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