Le gouvernement central réitère son soutien aux entreprises d’e-commerce.

Un employé manipule des colis dans un entrepôt de JD.com à Guangzhou, dans la province du Guangdong, le 15 septembre 2022. (XINHUA)

« Acceptez mon invitation à Temu pour m’aider à obtenir un cadeau ! » Si vous avez déjà reçu ce lien d’invitation de la part de vos amis, félicitations ! Vous êtes désormais un membre de l’« équipe » du marché en ligne Temu, dont le nom est dérivé de son slogan, « Team Up, Price Down ». 

Temu, lancé en septembre 2022, est la version américaine de Pinduoduo, une plateforme d’e-commerce chinoise qui vend de tout, et le plus grand acteur de son genre en Chine en termes d’utilisateurs enregistrés. Pinduoduo propose aux consommateurs des articles à des prix plus bas, voire gratuits, s’ils sont capables de trouver un nombre suffisant d’amis pour cliquer sur les liens qu’ils partagent. Le modèle économique, copié de la Chine, connaît un véritable succès sur le marché extérieur. 

Le commerce électronique chinois est le plus important au monde, non seulement en chiffres bruts mais aussi en termes de proportion de la population du pays. 

Néanmoins, depuis 2021, les pratiques commerciales de certaines plateformes, telles que l’abus de positions dominantes ou les atteintes à la vie privée, ont entraîné des mesures de réglementation à l’échelle du secteur.  

Mais aujourd’hui la donne change, alors que les politiques continuent à se déployer en faveur de l’économie numérique depuis 2022. 

Un signal fort  

Le taux de croissance du commerce électronique en Chine a ralenti au cours des trois dernières années en raison d’une série de facteurs, dû notamment au nombre élevé d’internautes, à la pression à la baisse sur l’économie, au renforcement de la supervision gouvernementale et à un environnement mondial incertain, a écrit Zhang Chunfei, chercheur à l’Institut de recherche politique et économique relevant de l’Académie chinoise des technologies de l’information et de la communication (ACTIC), dans un article publié à China Daily, le 26 décembre 2022. 

Cependant, plusieurs réunions ayant eu lieu au niveau central en mars, mai et juillet 2022 ont envoyé un signal fort indiquant que les autorités allaient encourager le développement sain et durable du commerce électronique. 

La Conférence centrale annuelle sur le travail économique, qui s’est tenue les 15 et 16 décembre 2022 et qui devait définir les priorités politiques pour 2023, a réaffirmé que le gouvernement donnerait une nouvelle impulsion à l’économie numérique, ajoutant que des efforts seraient faits pour améliorer les normes de supervision et soutenir les plateformes afin qu’elles exploitent pleinement leurs capacités en matière de développement, de création d’emplois et de concurrence internationale. 

En outre, la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières et le ministère des Finances ont signé en août dernier un accord de coopération en matière de surveillance des audits avec le Public Company Accounting Oversight Board des États-Unis, l’organisme indépendant de réglementation des travaux d’audit des sociétés publiques du pays. « Les résultats de la coopération entre la Chine et les États-Unis en matière de surveillance des audits sont favorables aux investisseurs, aux sociétés cotées et au commerce électronique », a déclaré Song Xiangqing, directeur du Centre de recherche en économie industrielle de l’Université normale de Beijing. 

Une animatrice de livestreaming vérifie les ventes de son espace sur la plateforme d’e-commerce Taobao, le 14 juin 2022. (XINHUA) 

Un panorama du secteur 

Les dix nouvelles mesures pour optimiser la réponse à la COVID-19 publiées début décembre 2022 ont encouragé les gouvernements locaux à intensifier leurs efforts pour relancer l’économie. Certaines puissances économiques régionales, comme les provinces du Jiangsu, du Zhejiang et du Guangdong, ont affrété des vols pour permettre aux propriétaires d’entreprises privées et aux représentants de sociétés de se rendre à l’étranger pour obtenir davantage de commandes ou participer à des expositions internationales. 

Mais tous n’ont pas pu se le permettre. « Un voyage d’affaires à l’étranger pour assister à des expositions industrielles coûte au moins 100 000 yuans (14 359 dollars), trop cher pour les PME », a confié un homme d’affaires de la province du Shandong. 

Pour faire face à ces défis, le géant de l’e-commerce Alibaba a mis en place le Digital Hybrid Trade Show pendant le festival annuel d’achats en ligne de la plateforme, aux alentours du 12 décembre 2022. Ce programme vise à aider les PME à participer à des expositions dans des pays tels que les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon ou Singapour, en ligne ou hors ligne, afin qu’elles puissent approcher leurs clients cibles au coût le plus bas possible. Les entreprises comme Alibaba assument de multiples rôles, de la vente de produits à l’offre de services, ce qui, selon M. Song, constitue leur « valeur la plus importante ». 

Au fil des ans, l’économie numérique chinoise, l’activité économique qui engendre des milliards de connexions en ligne quotidiennes, s’est développée à pas de géant, le marché atteignant 7 100 milliards de dollars en 2021, se classant au deuxième rang mondial et représentant 39,8 % du PIB de la Chine, selon l’ACTIC. 

Les plateformes font partie intégrante de l’économie numérique, et leur influence s’étend, a déclaré à Beijing Review Yuan Shuai, secrétaire général adjoint du Comité de revitalisation et de construction rurales relevant de l’Association chinoise d’administration de la culture. 

JD.com était auparavant considéré comme une plateforme d’e-commerce, mais son activité étendue à la logistique lui permet d’être considérée comme une entreprise d’économie réelle. Il s’agit d’un exemple vivant de la manière dont les plateformes numériques peuvent s’harmoniser avec l’économie réelle. 

En outre, les plateformes numériques jouent un rôle de plus en plus important dans la création d’emplois. « Ces plateformes emploient de nombreuses personnes, génèrent un tas de demandes de services spécialisés et donnent naissance à de nouveaux emplois tels que les animateurs de livestreaming, les livreurs et les chauffeurs de covoiturage en ligne, entre autres », a précisé Guo Tao, investisseur providentiel et expert senior en plateformes numériques. 

Une question d’équilibre 

Wang Peng, président de l’Institut de recherche sur l’économie numérique de l’Institut de technologie de Nanchang et chercheur à l’Académie des sciences sociales de Beijing, estime que la supervision gouvernementale et le fonctionnement indépendant des entreprises ne s’opposent pas. « L’innovation vient en premier, puis les risques apparaissent, et la supervision suit. Mais il ne s’agit pas de prévenir les risques en supprimant l’innovation. » 

Selon Zhang Xuefeng, un expert financier, les autorités doivent améliorer leurs capacités de supervision en fixant des limites tout en laissant suffisamment d’autonomie aux entreprises. Ces dernières doivent également adopter une approche prévoyante au lieu de se concentrer sur les bénéfices à court terme. 

« Dans la pratique réglementaire, le jeu du chat et de la souris va inévitablement se poursuivre », a soutenu M. Song. À mesure que la réglementation devient de plus en plus claire, plus détaillée et adaptée aux lois du marché, le commerce électronique fonctionnera plus consciemment dans le cadre légal. En effet, dans la pratique, cela s’avérera être le moyen le plus rentable pour les entreprises, ainsi que le moyen optimal de promouvoir leurs marques et leur réputation, a-t-il ajouté.