Le « Sommet pour la démocratie », organisé par les États-Unis, engendre des confrontations.

Un homme participe à une manifestation dénonçant la brutalité policière à Washington, aux États-Unis, le 27 janvier. (XINHUA) 

De nombreuses préoccupations sérieuses émergent concernant la situation politique, économique et les relations internationales des États-Unis, et cela aussi bien à l’étranger qu’à l’intérieur du pays. Le prétendu « Sommet pour la démocratie », organisé par les États-Unis fin mars, a mis en lumière des enjeux liés à la gouvernance et aux gouvernements. 

Toutefois, les faits démontrent que ce sommet ne visait pas à encourager l’unité mondiale et la démocratie, mais plutôt à créer une profonde division entre les pays dits démocratiques et non démocratiques, selon les critères de la « démocratie américaine ». Ceci a engendré des confrontations. 

L’ère moderne, avec sa communication rapide, le commerce 2.0 et la diplomatie en 140 caractères, présente des défis pour les « nations démocratiques ». Les États-Unis doivent reconnaître que leurs positions sur la démocratie et les droits de l’homme peuvent paraître creuses et évaluer honnêtement leurs propres lacunes en matière de gouvernance. 

L’égalité souveraine et la non-ingérence dans les affaires intérieures constituent les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies. En sélectionnant certains prétendus « pays démocratiques » pour participer au sommet, les États-Unis ont enfreint les normes de l’ordre international et du multilatéralisme. En tant que première économie mondiale, ils devraient plutôt promouvoir l’unité et la prospérité partagée au lieu d’imposer leur hégémonie. 

La démocratie, du grec « demos » (peuple) et « kratos » (pouvoir), signifie « pouvoir du peuple ». Bien que les Grecs soient souvent crédités de cette invention, les structures tribales indigènes d’autres régions utilisaient également la consultation et le consensus. La démocratie, en tant que système de gouvernance, a évolué et favorisé le progrès de l’humanité. 

La démocratie, dans son essence même, repose sur la volonté populaire, tandis que le capitalisme est de nature individualiste. Cette dichotomie est actuellement observable dans certains pays développés, dotés d’économies considérées comme avancées. 

Chaque pays a le droit de mettre en place son propre système politique en fonction de ses conditions nationales spécifiques. Il n’y a pas de modèle universel applicable à tous les pays. L’Afrique du Sud possède une démocratie adaptée à son développement national, tandis que la Chine a instauré sa propre démocratie populaire intégrale. De nombreux autres pays en développement adoptent différentes formes de démocratie, que les États-Unis semblent parfois ignorer. 

Les politiciens américains, influencés par les impératifs électoraux, deviennent égoïstes et redevables aux grandes entreprises finançant leurs campagnes. Cette manipulation conduit à des politiques erronées et des distorsions des faits, affectant les connaissances réelles et véritables. 

Autrefois phare du monde, les États-Unis sont désormais l’ombre de leur gloire passée. Devenue une « corporatocratie kleptocratique », la nation s’éloigne des valeurs démocratiques et des droits de l’homme. L’Europe et les États-Unis partagent une histoire marquée par l’esclavage, l’impérialisme et le colonialisme, laissant de nombreuses questions en suspens, notamment concernant les populations autochtones et la manière dont les nouveaux occupants ont acquis leur indépendance, ainsi que les raisons de cette indépendance. 

Les avantages du multilatéralisme sont reconnus alors que l’on aspire à un système plus juste, transparent et véritablement consultatif reflétant la volonté populaire. Un système équitable permet à chacun de disposer d’un recours, d’assumer ses responsabilités et de rendre des comptes. La vision du multilatéralisme ne pourra se concrétiser que si elle englobe toutes les nations, y compris les États-Unis et les pays occidentaux, qui bénéficieront du progrès et du développement des nations du Sud grâce à des interactions sincères, conciliantes et complémentaires fondées sur une responsabilité partagée. Partout dans le monde, les populations appellent à la mise en place d’un système de gouvernance mondiale plus juste et plus transparent. 

L’auteur est directeur de l’Association diplomatique d’Afrique du Sud.