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  2019-01-30
 

Retombées des désaccords commerciaux

par Benard Ayieko  ·   2019-01-30
Mots-clés: Chine; États-Unis; Afrique; commerce

Après 40 ans de réformes et d’ouverture, la Chine est maintenant la deuxième économie mondiale après les États-Unis. Le PIB de la Chine a connu une croissance exponentielle au cours des dernières décennies, brisant avec succès les barrières d’une économie centralisée et fermée pour devenir un pôle mondial de fabrication et d’exportation, moderne, dynamique et évolutif.  


Un port à Qingdao dans la province du Shandong dans l'est de la Chine.

Géant commercial 

Le succès de la Chine lui a valu une renommée mondiale en tant qu’« usine du monde » en raison de son énorme capacité de fabrication et d’exportation. La croissance économique soutenue de la Chine et le succès de ses exportations ont fait de cette nation un acteur majeur de l’économie mondiale, supplantant ainsi la domination d’autres pays, vieille de plusieurs décennies. 

Les données du Centre du Commerce International indiquent qu’en 2017 la Chine était le premier exportateur mondial en valeur avec 2 263 milliards de dollars de produits exportés. Environ 48,5 % des exportations chinoises ont été livrées à d’autres pays asiatiques, tandis que 22 % ont été achetées par les importateurs nord-américains. La Chine a également expédié 18,9 % de marchandises en Europe. À 4,2 %, une plus petite partie des exportations chinoises ont été achetées par des importateurs d’Amérique latine (à l’exception du Mexique) et des Caraïbes. 4,1 % sont allés en Afrique et 2,3 % dans d’autres régions du monde. 

Les États-Unis, en revanche, sont la plus grande économie du monde depuis 1871, avec un PIB de 19,39 billions de dollars en 2017, devant la Chine et son PIB de 12,25 billions de dollars. Les économies chinoise et américaine jouent un rôle essentiel dans l’économie mondiale en contribuant de manière significative au développement des infrastructures, de la technologie et de l’utilisation des ressources dans la plupart des pays en développement, en particulier en Afrique.   

Conférence centrale sur le travail économique   

L’élection du président Donald Trump à la Maison-Blanche en 2016 a entraîné un changement de politique qui s’infuse lentement dans l’économie mondiale. 

Au cours de sa campagne électorale en 2016 et dans le but de faire une « Amérique grande à nouveau », Monsieur Trump s’est engagé à réparer les « abus de longue date du système international et des pratiques déloyales », annonçant une ère de rupture commerciale entre les deux pays. Le président américain a déjà imposé des droits de douane sur les importations chinoises, estimées à 250 milliards de dollars d’ici à la fin de son premier mandat. 

Le gouvernement chinois a analysé l’impact des désaccords commerciaux sur son économie. En décembre dernier, la Chine a organisé une conférence centrale sur le travail économique de trois jours, organisée par le Comité central du Parti communiste chinois et le Conseil des affaires d’État. Parmi les participants figuraient le Président chinois Xi Jinping, le Premier ministre Li Keqiang, le vice-Premier ministre Liu He et des hauts responsables politiques chinois, dont l’objectif principal était de définir la politique économique du gouvernement pour 2019. La question à l’ordre du jour de cette conférence était de savoir comment réagir aux effets négatifs qu’aurait ce diffèrent commerciale sur l’économie nationale. Selon une déclaration publiée après la conférence, la Chine a approfondi la réforme structurelle du côté de l’offre, a poussé la réforme et l’ouverture avec des efforts accrus, a correctement traité les frictions commerciales sino-américaines, a amélioré le bien-être de la population et a soutenu durablement un développement économique sain ainsi qu’une stabilité sociale globale. 

Les délibérations ont porté principalement sur les priorités politiques que le gouvernement doit prendre pour minimiser les répercussions des dissensions commerciales, en dépit de la trêve de 90 jours qui a débuté le 1er décembre 2018.   

Effet global des mésententes commerciales  

Les mésententes commerciales entre les deux plus grandes économies du monde ont interpellé des pays tels que le Canada, l’Inde, le Mexique, la Russie et le Brésil, entre autres, faisant naître un sentiment de peur et d’inquiétude concernant les retombées potentielles. Les acteurs du secteur financier mondial ont également pris la parole sur les dommages éventuels que les frictions commerciales font peser sur l’économie mondiale. 

En septembre dernier, Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock, une société américaine de gestion d’actifs, a déclaré que « les politiques [protectionnistes] adoptées par l’administration américaine en matière de commerce représentent le plus grand risque aujourd’hui pour l’économie mondiale ». Les tensions commerciales soulèvent la question de savoir quel impact la collision entre les deux plus grandes économies aura sur le reste du monde. Nulle part ailleurs cet impact ne pourrait être ressenti davantage qu’en Afrique. 

En dépit des désaccords commerciaux causés par les États-Unis, la Chine ne changera pas de politique à l’égard de l’Afrique. Lors du sommet sur la coopération sino-africaine de Beijing, en 2018, la Chine a annoncé huit initiatives majeures visant à renforcer davantage cette coopération et a promis 60 milliards de dollars pour la soutenir. Pour les décideurs africains, la meilleure stratégie consiste à « se préparer au pire et à espérer le meilleur » en formulant des politiques claires et cohérentes, à améliorer la facilité et le coût des activités commerciales et à favoriser l’intégration économique. La priorisation des secteurs d’importance stratégique qui exploitent les opportunités émergentes constituera un pilier clé du plan de prévention. 

Le FMI estime que les relations entre la Chine et les États-Unis réduiront le PIB mondial de 0,5 %, avec de graves conséquences à venir si les pourparlers existants s’effondrent. 

En Asie, les tensions commerciales devraient avoir des effets négatifs sur l’économie. On craint que l’économie asiatique ne soit sévèrement touchée en raison du niveau élevé d’intégration de sa chaine logistique avec les outils chinois de production et d’assemblage. Les frictions commerciales entraîneront également un affaiblissement du commerce mondial. Le commerce international de marchandises a déjà diminué en raison des effets de change et de l’évolution des prix des produits de base. La plupart des pays en développement craignent que la tension commerciale ne les expose à un ralentissement d’investissements financiers conduisant à la recherche d’actifs refuges. Cela entraînera un ralentissement des échanges, en particulier dans les pays exportateurs d’énergie, de métaux et de minéraux. L’économie mondiale est exposée à un risque inflationniste élevé, causé par les droits de douane américains, qui a pour conséquence une augmentation des prix pour les consommateurs américain. Cette tendance se répercutera, à différentes échelles, dans diverses économies du monde. 

En augmentant le coût des produits chinois sur le marché américain, les heurts commerciaux pourraient également dévier les investissements vers les pays en développement. Cela concernerait principalement les investissements chinois cherchant à contourner les hausses des droits d’importation aux États-Unis. 

Les pays d’Asie et d’Afrique seront probablement les principaux bénéficiaires de ces investissements. Il est donc nécessaire de se positionner stratégiquement comme la destination alternative pour les investisseurs chinois et de continuer à nouer des partenariats plus étroits avec eux pour une croissance et un développement durables. 

L’auteur est un économiste, consultant et commentateur régional sur le commerce et l’investissement basé à Nairobi, au Kenya. 

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