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  2023-10-08
 

Réinventer l'ordre mondial

VOL. 15 OCTOBRE 2023 par David Monyae  ·   2023-10-08
Mots-clés: BRICS

Avec l’intégration de nouveaux membres, le groupe BRICS s’apprête à renforcer son empreinte sur l’échiquier international.

Drapeaux nationaux lors de la rencontre BRICS-Afrique et du dialogue BRICS Plus à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 24 août. (QUINZIÈME SOMMET DES BRICS) 

 

L’éclat du 15e Sommet des BRICS demeure mémorable. La rencontre, située dans ce qu’on désigne comme « le kilomètre carré le plus prospère d’Afrique » à Sandton, dans la banlieue nord de Johannesburg, s’est déroulée telle une magistrale démonstration diplomatique. Elle a rassemblé 60 nations en développement du Sud et vu la participation du secrétaire général des Nations unies, António Guterres. 

 

Ce sommet a marqué un tournant majeur avec l’intégration de six nouveaux membres à part entière : l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Cet événement, sans doute l’un des plus significatifs, voire le plus marquant de tous les sommets, a suscité des débats contrastés entre les sceptiques des BRICS et leurs fervents défenseurs. 

 

Critiques face à l’expansion 

 

Les sceptiques expriment, non sans raison, leurs préoccupations quant à la faible adhésion à la démocratie et aux droits de l’homme de certains membres des BRICS, tels que la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite. Ils avancent que l’intégration de ces nations pourrait présager un ordre mondial où les droits de l’homme et la démocratie se retrouveraient relégués au second plan. De plus, certains pointent les tensions existantes entre membres, comme entre l’Égypte et l’Éthiopie ou encore entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui pourraient nuire à l’unité et à l’efficacité du groupe. 

 

Les détracteurs avancent aussi que l’élargissement des BRICS compliquera la prise de décisions tranchées sur les enjeux internationaux. En effet, le groupe doit à présent concilier les intérêts de 11 pays, nécessitant l’accord de chacun avant qu’une résolution ne soit adoptée. 

 

Le gouvernement sud-africain n’a pas été épargné par les critiques. Certains ont ironisé en disant que l’Afrique du Sud avait démontré être un hôte bon marché en ce qui concerne l’organisation de tels rassemblements. D’autres ont pointé du doigt les contradictions de la politique étrangère sud-africaine, mettant en avant l’importance accordée aux droits de l’homme et à la démocratie, tout en collaborant étroitement avec certains pays membres des BRICS. 

 

Une influence en ascension 


Bien que les inquiétudes des sceptiques des BRICS aient leur pertinence, je suis, à l’instar de nombreux optimistes, d’avis que nous devrions accorder un sursis aux BRICS et au gouvernement sud-
africain. Le sommet a symbolisé une avancée majeure pour le groupe BRICS. 

 

Au bout de 15 ans, l’impact du groupe sur l’échiquier international ne fait que s’intensifier. C’est non seulement illustré par l’intégration des six nouveaux membres, mais aussi par le fait que ces derniers ont été sélectionnés parmi 23 candidats potentiels ayant déposé une demande d’adhésion officielle. Qui plus est, plus de 40 nations ont manifesté leur désir d’intégrer le groupe. 

 

Le Président chinois Xi Jinping a chaleureusement accueilli cette expansion des BRICS, la décrivant comme un tournant historique. Selon lui, cela témoigne de la détermination des pays BRICS à œuvrer conjointement avec l’ensemble des pays en développement. « Cette croissance marque aussi une nouvelle étape pour la coopération au sein des BRICS. Elle apportera une fraîcheur et une dynamique renouvelée au dispositif de collaboration des BRICS, consolidant encore les forces aspirant à la paix et au progrès à l’échelle mondiale », a-t-il affirmé. Il a en outre invité chacun à se mobiliser pour inaugurer une nouvelle ère pour les marchés émergents et les nations en développement, animés par l’esprit de solidarité et de collaboration. 

 

Avec ces nouveaux membres, le groupe BRICS couvre désormais près de 30 % du PIB mondial et 46 % de la population globale, soit environ 54 % de la population des pays en développement et 43 % de la production pétrolière totale à l’échelle planétaire. Ces chiffres confèrent au groupe non seulement une légitimité accrue, mais aussi des atouts géostratégiques et géoéconomiques majeurs. Ainsi, ils se positionnent en acteurs de poids sur les thématiques mondiales, qu’il s’agisse de commerce international, de changement climatique, de financement du développement ou encore de système financier mondial. 

 

Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors de la rencontre BRICS-Afrique et du dialogue BRICS Plus à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 24 août. (QUINZIÈME SOMMET DES BRICS) 


Concentration sur 
le développement 

 

Ce groupe rassemble des nations dont le potentiel de croissance et de développement a été entravé par un système international largement influencé par l’Occident. Leur préoccupation majeure est la réforme de ce système, englobant des institutions clés de la gouvernance mondiale telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Ces entités tendent à maintenir une prédominance occidentale au détriment des autres économies. Bien qu’il puisse exister des nuances dans les approches de réforme, l’ambition centrale est limpide : instaurer une harmonie et forger un consensus au sein des pays BRICS. 

 

Même si le groupe n’a pas encore instauré un secrétariat fixe pour orchestrer ses initiatives, il progresse vers une structure institutionnelle renforcée, témoignant de son évolution marquée ces 15 dernières années. Le mécanisme rotatif de la présidence des BRICS est soigneusement établi, et les rôles du président sont explicitement délimités. En l’absence d’un secrétariat, la coordination est assurée par les sherpas des BRICS au sein de chaque État membre. 

 

Des entités novatrices comme la Nouvelle Banque de développement des BRICS, basée à Shanghai, et l’Arrangement de réserve contingente des BRICS, chargées respectivement de la distribution de prêts pour le développement et de la gestion des crises financières, ont vu le jour. Sous la bannière des BRICS, d’autres structures ont également émergé, parmi lesquelles le Conseil d’affaires, le Forum parlementaire, le Conseil des think tanks, l’Alliance des femmes d’affaires et le Forum académique. Bien que l’impact décisionnel de ces entités soit actuellement modeste, leur existence anticipe un futur où les BRICS ne se limiteront pas à une initiative purement gouvernementale. Ainsi, le groupe s’enrichit progressivement de nuances et de sophistication, augmentant sa capacité d’exécution, de coordination, de compréhension mutuelle et, par ailleurs, d’apaisement des tensions entre ses membres. 

 

Les analystes ont mis en lumière que l’intégrité morale de l’Afrique du Sud pourrait être éclipsée par ses liens avec des nations dont le respect des droits de l’homme et la démocratie sont discutables. Cela suggère que l’Afrique du Sud devrait privilégier des relations exclusivement avec des pays reconnus pour leur démocratie et leur respect des droits fondamentaux. À mon avis, cette perspective est quelque peu réductrice. Il serait irréaliste de s’attendre à ce que l’Afrique du Sud se positionne comme un champion mondial infaillible des droits de l’homme et de la démocratie. 

 

Les BRICS représentent une coalition de nations aux systèmes politiques et valeurs hétérogènes, mais qui partagent des intérêts communs sur des enjeux majeurs, tels que la refonte des institutions internationales et le progrès économique. L’Afrique du Sud s’associe aux BRICS afin d’optimiser ses propres intérêts stratégiques. Cependant, cela ne signifie pas qu’elle néglige la question des droits de l’homme. D’autres instances, telles que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, sont parfaitement adaptées pour traiter de ces 
préoccupations. 

 

L’auteur est directeur du Centre d’études Afrique-Chine à l’Université de Johannesburg. 

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