Les institutions médicales et les entreprises à Shanghai collaborent étroitement pour réaliser des avancées significatives dans le domaine 
des technologies de la santé. 

Chen Chang, directeur du centre de recherche sur les puces médicales de l’Hôpital Ruijin, un hôpital affilié à l’École de médecine de l’Université Jiao Tong de Shanghai, présente la puce utilisée dans le détecteur de glycémie non invasif, à Shanghai, le 24 mai. (XINHUA) 

La vallée de l’équipement médical de l’arrondissement de Jiading à Shanghai, surnommée Shanghai MedValley, est un pivot central de l’innovation médicale. Ce parc industriel se spécialise dans le développement créatif d’équipements médicaux, réunissant une sélection d’entreprises de pointe et de professionnels hautement qualifiés. La mission de la vallée est de stimuler les forces productives de qualité nouvelle dans le secteur médical, avec un accent particulier sur le développement de dispositifs permettant un diagnostic de pointe et des traitements très efficaces. Elle abrite sept grandes institutions de recherche et laboratoires partenaires, y compris un centre de formation dédié aux robots médicaux et un institut de recherche sur les puces médicales. 

Le concept de « forces productives de qualité nouvelle » désigne les initiatives visant à accroître la productivité, l’innovation, la durabilité et la qualité dans divers secteurs économiques par l’innovation technologique, incluant la transformation numérique. 

Les médecins et infirmiers jouent un rôle crucial dans l’innovation médicale au sein de la vallée. « Il reste de nombreux défis non résolus dans le domaine médical, et les médecins ainsi que les infirmiers sont au premier plan pour identifier les besoins des patients », explique Ning Guang, directeur de l’Hôpital Ruijin à Shanghai. « Les avancées de l’industrie médicale doivent être éprouvées sur le terrain. C’est pourquoi il est essentiel que les médecins aient l’opportunité de diriger et d’expérimenter les innovations au sein de l’industrie. » 

Idées de première ligne 

Le modèle d’innovation médicale dirigé par les médecins de Shanghai MedValley a généré des avancées significatives ces dernières années. Parmi celles-ci, le détecteur de glycémie non invasif développé par Wang Weiqing, chef du département d’endocrinologie et de métabolisme de l’Hôpital Ruijin, en collaboration avec une entreprise spécialisée dans la technologie de puces médicales, qui a été cliniquement validé pour se conformer aux normes internationales. 

Niu Chuanxin, chercheur en réadaptation à l’Hôpital Ruijin, a collaboré avec des entreprises de réadaptation cognitive pour lancer plus de 30 produits innovants. Ceux-ci répondent de manière précise et flexible aux besoins des patients, incluant un robot aidant les individus à retrouver l’usage de leurs membres supérieurs. 

Chen Saijuan, membre de l’Académie chinoise d’ingénierie, a réalisé des percées en thérapie génique pour l’hémophilie, réduisant la dépendance des patients à des transfusions de plasma régulières grâce à des traitements plus espacés. 

Le robot chirurgical laparoscopique à port unique, fruit d’une collaboration entre Beijing Surgerii Robotics et l’Hôpital Ruijin, réalise des interventions chirurgicales complexes via une unique petite incision abdominale de moins de 3 cm. 

« Shanghai MedValley a fédéré une communauté de médecins innovateurs désireux de collaborer avec les industries pour transformer leurs découvertes cliniques en produits médicaux développés à grande échelle », souligne M. Ning. Ces trois dernières années, le personnel de l’Hôpital Ruijin a déposé plus de 1 000 brevets, réfléchissant ainsi à l’apport des grands hôpitaux publics dans le développement de forces productives de qualité nouvelle, en encourageant le personnel médical public à devenir des moteurs de l’innovation. 

La biomédecine est identifiée comme l’une des trois industries pionnières à Shanghai, aux côtés des circuits intégrés et de l’intelligence artificielle, jouant un rôle clé dans le développement de forces productives de qualité nouvelle. En 2023, l’industrie biopharmaceutique de Shanghai a atteint un chiffre d’affaires annuel de 933,73 milliards de yuans (128,68 milliards de dollars), en hausse de 4,9 % par rapport à l’année précédente, selon les données présentées lors d’une conférence de presse le 22 mai. 

Ge Dongbo, un responsable de Shanghai, a révélé que les nouveaux équipements médicaux innovants de catégorie III développés localement représentaient 16,67 % du total en Chine, signalant un renforcement des efforts du gouvernement local pour soutenir les entreprises créatives et faciliter l’industrialisation des innovations. Les équipements de catégorie III, à haut risque et essentiels pour la santé ou la survie, incluent des dispositifs tels que les implants d’organes artificiels et les pacemakers, qui nécessitent une surveillance et une régulation strictes. 

Équipement médical d’United Imaging à l’Hôpital Cintocare, en Afrique du Sud. (COURTOISIE) 

Technologie domestique avancée 

L’innovation médicale, particulièrement dynamique à Shanghai MedValley, s’étend aussi aux centres médicaux des zones avoisinantes spécialisés dans les technologies de traitement pointues. Parmi eux, le centre de protonthérapie de l’Hôpital Ruijin, proche de MedValley, est réputé pour ses approches avancées dans le traitement des tumeurs. 

La protonthérapie, technique de radiothérapie de précision, se distingue par sa capacité à cibler le cancer avec moins de dommages collatéraux que les méthodes traditionnelles. Historiquement, la Chine dépendait d’équipements importés pour cette technologie, ce qui entraînait des coûts prohibitifs et limitait l’accès à ce traitement vital. 

Chen Jiayi, directrice du département de radiothérapie à l’Hôpital Ruijin, souligne l’importance de développer localement cette technologie pour en réduire les coûts. « Si nous dépendons uniquement d’équipements importés, il est difficile de réduire les coûts pour les patients », explique-t-elle. Elle rappelle que le coût élevé de la protonthérapie, auparavant estimé à environ 300 000 yuans (41 345 dollars), forçait beaucoup de patients à opter pour des traitements moins adéquats. 

En décembre 2014, l’Hôpital Ruijin a lancé la construction d’une installation dédiée aux dispositifs à protons. L’hôpital a formé une équipe multidisciplinaire, comprenant des médecins, des techniciens et des chercheurs, pour surmonter les défis techniques du projet. 

En collaboration avec l’Institut de physique appliquée de Shanghai et l’Institut de recherche avancée de Shanghai, sous l’égide de l’Académie chinoise des sciences, ainsi que Shanghai APACTRON Particle Equipment, l’hôpital a développé des systèmes de protonthérapie nationaux. Le premier appareil de test a été inauguré le 24 novembre 2023 dans une installation offrant un faisceau rotatif à 180 degrés. En mars de cette année, 100 patients avaient déjà été traités, pour plus de 20 types de tumeurs, avec des résultats prometteurs à court terme. 

Le système de protonthérapie à 360 degrés, plus avancé, permet d’offrir un traitement complet sans repositionner le patient, protégeant mieux les tissus sains. Ce système, également développé par l’Hôpital Ruijin et Shanghai APACTRON, devrait entrer en usage clinique cette année, avec un coût de traitement réduit à 170 000 yuans (23 429 dollars). 

Mme Chen ajoute que l’équipe de protonthérapie ne se contente pas d’améliorations matérielles mais enrichit également ses connaissances et techniques de traitement, dans l’objectif de développer un protocole optimisé de protonthérapie pouvant être adopté par d’autres hôpitaux du pays. « Nous avons élaboré un ensemble complet de solutions technologiques et de gestion prêtes à être déployées dans n’importe quel hôpital du pays », conclut-elle.  

Un robot chirurgical développé par des entreprises technologiques chinoises sépare les coquilles d’oeufs de caille crues de leur membrane dans le parc industriel d’équipements médicaux innovants Shanghai MedValley, le 24 mai. (XIA YUANYUAN) 

Équipement autonome 

Les équipements médicaux haut de gamme sont une preuve éclatante du dynamisme de l’innovation technologique indépendante en Chine. Ces dernières années, la Chine a fait des progrès significatifs dans le développement d’équipements médicaux de classe mondiale, dotés de droits de propriété intellectuelle entièrement nationaux. Cette industrie n’a pas seulement réussi à développer ses produits de manière autonome, mais a aussi réduit la dépendance du pays vis-à-vis des importations, tout en exportant ses innovations dans de nombreux pays et régions, où elles sont largement reconnues et appréciées. 

United Imaging, une entreprise privée de Shanghai fondée en 2011, illustre cette avancée. L’entreprise a mis au point une gamme de produits d’imagerie médicale, de radiothérapie et d’instruments pour les sciences de la vie, intégrant des solutions de numérisation médicale avancée et d’intelligence artificielle. Parmi ses innovations notables, on compte le premier PET-CT de 2 mètres au monde, la première IRM de 5,0T à champ ultra-élevé pour le corps entier, et la première IRM de 3,0T avec une ouverture très large de 75 cm. Ces appareils sont les vedettes des 1 500 mètres carrés de la salle d’exposition du groupe. 

Depuis 2014, United Imaging a commercialisé 78 produits avec des droits de propriété intellectuelle entièrement autonomes. En outre, la société exporte une gamme d’équipements d’imagerie médicale haut de gamme vers plus de 70 pays et régions, incluant les États-Unis, le Japon, l’Italie, la Nouvelle-Zélande, la Pologne, l’Inde et la République de Corée, desservant plus de 13 100 établissements médicaux. Ces produits couvrent environ un tiers des pays participants à l’initiative « la Ceinture et la Route ». 

Selon les données de l’Administration générale des douanes, en 2023, la valeur totale des exportations de dispositifs médicaux chinois a atteint plus de 484,3 milliards de yuans (69,1 milliards de dollars), avec une augmentation annuelle de 5,4 % et une hausse de 54,8 % par rapport à 2019. Ces chiffres témoignent de l’impact croissant de la Chine dans le secteur mondial des équipements médicaux. 

Reportage de Shanghai