La Chine trace sa voie face aux vents contraires.

Vue aérienne d’une centrale éolienne à Taizhou, dans la province du Zhejiang, le 26 août. (CNSPHOTO) 

La Commission nationale du développement et de la réforme, principal organe planificateur économique de Chine, a récemment présenté une série de stratégies destinées à dynamiser la croissance économique du pays. Parallèlement, la banque centrale, le régulateur des marchés financiers et le régulateur des valeurs mobilières ont annoncé des mesures pour stimuler l’économie, notamment via des politiques de soutien au secteur immobilier et des initiatives visant à renforcer le marché des capitaux. Ces politiques incluent la baisse du taux des réserves obligatoires pour les banques et la réduction des taux hypothécaires pour les logements existants, ainsi que l’introduction de nouveaux dispositifs pour dynamiser les marchés financiers. 

Les dirigeants chinois ont exprimé leur confiance quant à la réalisation de l’objectif de croissance économique fixé à 5 % cette année. Cette déclaration est surprenante, surtout au regard des prévisions pessimistes de certains experts et analystes, qui suggèrent que la Chine pourrait voir son économie stagner après des décennies de croissance rapide. La crise immobilière récente, exacerbée par les difficultés financières du groupe Evergrande, a notamment alimenté des spéculations sur un possible ralentissement durable de l’économie chinoise. 

Toutefois, ces craintes semblent exagérées. Le Fonds monétaire international projette une croissance mondiale de 3 à 4 %, un chiffre inférieur à la moyenne pré-pandémique. En revanche, il est prévu que la Chine maintiendra une croissance d’environ 5 % cette année. Bien que ce taux soit moins élevé que les taux à deux chiffres des années précédentes, il demeure significatif comparativement aux économies développées. La transition vers des technologies et des énergies plus vertes et un rythme de croissance plus modéré sont les nouvelles normes de l’économie mondiale en 2024. Malgré un ralentissement relatif, la Chine continue de jouer un rôle essentiel dans l’économie globale.  

Les défis économiques mondiaux  

Les défis économiques auxquels la Chine est confrontée ne sont pas uniques à son économie. De nombreux pays subissent les effets d’une inflation élevée causée par des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, des pénuries de main-d’œuvre, et des fluctuations des prix de l’énergie. La volatilité des marchés financiers mondiaux est également alimentée par ces mêmes facteurs d’inflation et par des incertitudes géopolitiques persistantes. Les banques centrales, y compris la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, adoptent des politiques monétaires prudentes, jonglant entre la nécessité de maîtriser l’inflation et de soutenir la croissance économique. Sur les marchés boursiers, les secteurs de la technologie et de l’énergie verte enregistrent des gains, tandis que les industries plus traditionnelles font face à une grande instabilité. 

La Chine, leader en énergie verte et innovation technologique, continue de stimuler l’économie mondiale. Elle vise désormais une croissance plus durable et qualitative, axée sur l’autonomie, la demande intérieure et la durabilité environnementale, face à un contexte économique international complexe. 

En Occident, notamment aux États-Unis et en Europe, la montée économique et technologique de la Chine est perçue comme une menace pour le statu quo, suscitant des critiques influencées par des rivalités géopolitiques. L’Occident s’inquiète particulièrement des avancées chinoises dans des secteurs clés comme les semi-conducteurs, l’IA et les télécommunications. 

En réponse, les tensions commerciales s’intensifient, surtout entre les États-Unis et la Chine, alors que les économies occidentales cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine dans des secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs et les terres rares. Parallèlement, le conflit russo-ukrainien accroît l’incertitude économique, affectant l’énergie et les marchés alimentaires, notamment en Europe. 

Les tensions internationales montent avec la campagne de dédollarisation, soutenue par la montée en puissance des BRICS. La politisation du dollar par les États-Unis et la confiscation des réserves russes poussent de nombreux pays à diversifier leurs devises pour se protéger. 

L’année 2024 est marquée par une montée du protectionnisme et une réorganisation des chaînes d’approvisionnement. Les pays misent sur la relocalisation ou la « délocalisation entre amis » dans les secteurs stratégiques pour réduire leur dépendance aux nations adversaires. Cette tendance fragmente davantage la chaîne mondiale, avec un choix accru pour la sécurité et la résilience plutôt que l’efficacité. 

Malgré les sanctions et les restrictions imposées par les États-Unis qui limitent l’accès à des technologies cruciales comme les semi-conducteurs avancés, la Chine renforce rapidement son propre écosystème technologique. Le développement de géants telles qu’Alibaba, Tencent et Huawei souligne l’influence grandissante de la Chine dans l’industrie technologique mondiale. 

Critiquer la Chine ne résoudra pas les problèmes de récession économique actuels aux États-Unis et chez ses alliés occidentaux. À l’heure actuelle, les économies des États-Unis, du Japon, du Royaume-Uni et de l’Allemagne peinent à se redresser après avoir initié des conflits commerciaux avec la Chine et la Russie ces dernières années. 

Des touristes explorent une rue culturelle à Ganzhou, dans la province du Jiangxi, le 1er octobre. (CNSPHOTO) 

De belles perspectives 

Alors que les économies occidentales peinent à maintenir leur dynamisme, l’économie chinoise continue de progresser avec vigueur. Ce n’est guère surprenant de voir des leaders mondiaux, dont les nations avaient précédemment pris leurs distances avec la Chine, s’empresser de renouer les liens. Parmi eux, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, le Président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, et le Premier ministre australien Anthony Albanese cherchent à revitaliser leurs relations avec la Chine.  

L’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) continue d’élargir son influence sur les marchés émergents en Asie, en Afrique et en Amérique latine, permettant ainsi à la Chine de diversifier ses partenaires commerciaux et d’investissement. Malgré les tensions avec l’Occident, la Chine reste une pièce maîtresse des réseaux commerciaux mondiaux, notamment dans les secteurs de l’électronique grand public, des machines et des textiles. 

L’ascension économique de la Chine renforce également son influence mondiale. En septembre, plus de 50 pays africains et le président de l’Union africaine ont pris part au Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine à Beijing, abordant des thèmes tels que la gouvernance, l’industrialisation, la modernisation agricole, la paix et la sécurité, ainsi que la coopération de qualité dans le cadre de l’ICR. 

La prochaine édition de l’Exposition internationale des importations de Chine, qui se tiendra à Shanghai début novembre, est un autre événement clé qui promet de stimuler la coopération internationale de la Chine. Première exposition mondiale dédiée à l’importation, elle témoigne de la confiance de la Chine dans son développement économique et sa capacité à coopérer à l’international. De nombreux pays africains y participeront, mettant en avant leurs produits et services auprès des consommateurs chinois, ce qui devrait renforcer encore la coopération sino-africaine. 

En somme, contrairement aux critiques des commentateurs occidentaux et de leurs relais médiatiques, l’économie chinoise se porte nettement mieux que celles des États-Unis, de l’UE et du Japon. 

L’auteur est rédacteur en chef de l’African Times, en Afrique du Sud.