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  2025-01-08
 

Faire taire les armes

VOL. 17 / JANVIER 2025 par HE WENPING  ·   2025-01-08
Mots-clés: maintien de la paix

L’Afrique à l’épreuve, perspectives de paix face aux turbulences géopolitiques. 

Des membres du contingent chinois de maintien de la paix participent au lever du drapeau à Wau, au Soudan du Sud, le 30 septembre 2024. (XINHUA) 

En 2024, le monde était loin de connaître la paix. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui se prolonge depuis plus de mille jours, continue de peser lourdement sur la scène internationale. Dans le même temps, une nouvelle vague de violences liée au conflit Palestine-Israël, qui dure depuis plus d’un an, s’est étendue au Liban, à l’Iran et jusqu’en Syrie. 

Sur le continent africain, l’année écoulée a également été marquée par de nouveaux défis en matière de paix et de sécurité. Les conflits armés se sont poursuivis dans plusieurs régions, notamment dans la Corne de l’Afrique, tandis que le terrorisme et les ingérences extérieures ont accentué l’instabilité. Face à ces menaces, la paix et la sécurité sont devenues une priorité cruciale pour les nations africaines, s’affirmant par ailleurs comme un enjeu de plus en plus central dans la coopération sino-africaine. 

Des défis complexes 

Au cours des dernières années, la Corne de l’Afrique a connu certaines avancées positives sur le plan sécuritaire. L’Éthiopie et l’Érythrée, par exemple, ont réussi en 2019 à mettre fin à deux décennies d’hostilités, tandis que la piraterie dans les eaux somaliennes a été efficacement contenue. Malgré ces progrès, la région demeure marquée par des conflits internes et des tensions interétatiques persistantes. 

L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, s’est rapidement industrialisée, devenant un moteur de développement dans la région. Cependant, la gestion insuffisante de ses relations interethniques et du partage du pouvoir a engendré des affrontements opposant le gouvernement fédéral au Front populaire de libération du Tigré, mouvement actif dans l’État régional du Tigré, à partir de novembre 2020. Un accord de cessez-le-feu a été signé à Pretoria (Afrique du Sud) le 2 novembre 2022. Peu après, cependant, de nouveaux heurts ont éclaté entre le gouvernement fédéral éthiopien et des milices Amhara, qui avaient pourtant soutenu ce même gouvernement durant le conflit au Tigré. Par conséquent, la situation sécuritaire reste fragile en Éthiopie.  

Le Soudan, quant à lui, demeure instable depuis la chute, en 2019, de l’ancien Président Omar el-Béchir. En avril 2023, un conflit meurtrier a éclaté entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, accentuant encore les tensions dans le pays.  

Par ailleurs, les divergences concernant l’exploitation des ressources en eau du Nil, ainsi que les ambitions éthiopiennes d’accéder à la mer Rouge, alimentent des tensions entre les États de la région. Le désaccord qui persiste entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan au sujet du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne demeure, lui aussi, une source durable d’instabilité.  

Enfin, en Afrique de l’Ouest, la région du Sahel a subi une résurgence de coups d’État militaires ces dernières années, tandis que le terrorisme s’est intensifié. Des putschs ont notamment eu lieu au Mali (en août 2020 et mai 2021), au Burkina Faso (en janvier et septembre 2022), en Guinée (en septembre 2021) et une tentative de coup d’État a été enregistrée en Guinée-Bissau (en février 2022). Le Niger a également connu un changement de régime en juillet 2023. Ces événements sont liés à une conjoncture complexe : effets de la pandémie de COVID-19, crises des moyens de subsistance, intensification des activités terroristes, mécontentement des militaires envers les dirigeants en place et ingérences étrangères. L’ensemble de ces facteurs a contribué à déstabiliser davantage la région.  

La contribution de la Chine à la paix  

En avril 2022, le Président chinois Xi Jinping a lancé l’Initiative pour la sécurité mondiale (ISM), visant à s’attaquer aux causes profondes des conflits internationaux et à renforcer la gouvernance mondiale en matière de sécurité. 

En février 2023, le gouvernement chinois a publié le document conceptuel de cette initiative, qui met en avant des principes fondamentaux : l’adhésion à une vision de la sécurité commune, globale, coopérative et durable ; le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États ; la conformité avec les objectifs et principes de la Charte des Nations unies ; la prise en compte sérieuse des préoccupations sécuritaires légitimes de chaque pays ; le règlement pacifique des différends par le dialogue et la concertation ; enfin, la préservation de la sécurité tant dans les domaines traditionnels que non traditionnels. 

L’ISM illustre la volonté de la Chine d’apporter sa contribution à la gouvernance internationale de la sécurité, répondant ainsi aux défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Soutenue par plus de cent pays et organisations internationales et régionales, cette initiative a déjà été intégrée dans de nombreux accords de coopération bilatéraux et multilatéraux entre la Chine et d’autres acteurs. 

Par ailleurs, la Chine intensifie sa coopération en matière de sécurité avec les pays africains, notamment dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA). En facilitant la tenue de conférences de paix dans la Corne de l’Afrique, le gouvernement chinois contribue à forger un consensus entre les différentes parties et à promouvoir la stabilité sur le continent. 

Avec le renforcement de la coopération sino-africaine et l’aggravation des défis sécuritaires en Afrique, l’Union africaine et les États africains souhaitent un engagement accru de la Chine en matière de sécurité.  

En 2022, la Chine a présenté ses « Perspectives sur la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique » et nommé un envoyé spécial pour la région. Deux conférences de paix ont suivi, à Addis-Abeba en 2022 et à Beijing en 2024, mettant les Africains au centre des solutions. Cette approche, saluée comme novatrice, pourrait renforcer la gouvernance sécuritaire et favoriser un développement pacifique durable. 

Lors du Sommet 2024 du FCSA, la Chine a annoncé la mise en place d’un partenariat avec l’Afrique pour mettre en œuvre l’ISM et en faire un exemple de la coopération dans le cadre de cette initiative. Elle s’est engagée à fournir des aides militaires sans contrepartie d’un milliard de yuans (143 millions de dollars), à former pour l’Afrique 6 000 professionnels militaires et 1 000 agents de police et d’application de la loi, et à inviter 500 jeunes officiers militaires à venir en visite en Chine. La partie chinoise travaillera avec l’Afrique à mener des exercices, entraînements et patrouilles conjoints entre les armées chinoise et africaines et à mettre en œuvre l’action de déminage pour l’Afrique en vue de préserver ensemble la sécurité des projets de coopération et des personnels. 

Deux policières chinoises de maintien de la paix échangent avec des étudiants à Malakal, au Soudan du Sud, le 20 août 2024. (XINHUA) 

Perspectives pour 2025 

À l’horizon 2025, si la situation sécuritaire mondiale reste préoccupante, il est peu probable que l’environnement extérieur de l’Afrique se stabilise significativement. L’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait intensifier les rivalités géopolitiques entre grandes puissances au lieu de les apaiser. En raison du lourd héritage colonial occidental, du manque de financements et de la rareté des forces de maintien de la paix sur le continent, de nombreux pays africains demeurent fortement dépendants d’un appui extérieur dans le domaine de la sécurité. La volonté des États africains de promouvoir des « solutions africaines aux problèmes africains » et de gérer leurs propres défis sécuritaires continuera de se heurter aux tentatives de certains pays occidentaux d’intervenir, d’exercer une influence et de peser sur les affaires sécuritaires africaines par divers moyens. 

La situation reste fragile dans plusieurs régions d’Afrique, notamment dans la Corne de l’Afrique et au Sahel. Les tensions en Éthiopie et la quasi « alliance anti-éthiopienne » entre la Somalie, l’Égypte et l’Érythrée attirent l’attention. En 2025, de nombreuses élections présidentielles et législatives pourraient accroître les tensions, comme en témoignent les troubles post-électoraux au Mozambique après le scrutin d’octobre 2024. 

Malgré ces difficultés, la tendance générale va dans le sens d’une amélioration de la paix et de la sécurité sur le continent. L’Agenda 2063 de l’Union africaine met en avant l’idéal d’une « Afrique pacifique et sûre ». Depuis 2016, le nombre de missions de maintien de la paix sous mandat onusien en Afrique a diminué, tandis que les efforts africains en la matière se sont intensifiés. Ces progrès démontrent que la volonté des pays africains de s’unir et de consolider leurs efforts afin de « faire taire les armes en Afrique d’ici 2030 » n’est ni irréaliste, ni simplement utopique.  

L’auteure est chercheuse contractuelle de l’Université des langues étrangères Yuexiu du Zhejiang et chercheuse à l’Institut Chine-Afrique.

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