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  2025-09-01
 

Entre silice et chlorophylle

VOL. 17 / SEPTEMBRE par HU FAN  ·   2025-09-01
Mots-clés: économie des districts

La technologie au cœur de la transformation agricole d’un grand district rizicole. 

Des repiqueurs de riz à l’œuvre dans une rizière du district de Sheyang, dans la province du Jiangsu, le 18 juin 2024. (XINHUA) 

  

Dans l’atelier de production d’une entreprise agroalimentaire du groupe Sheyang Rice, dans la province du Jiangsu, le riz issu des bases de culture écologique du district de Sheyang s’écoule harmonieusement le long d’une chaîne automatisée. Après le traitement des matières premières, une hydrolyse enzymatique et un savant mélange, le grain se métamorphose en boisson, conditionnée dans des canettes à ouverture facile. 

« Ces produits à haute valeur ajoutée nous ont permis de faire évoluer l’ensemble de la filière rizicole, d’en améliorer la qualité et de renforcer notre image de marque », explique Xu Heng, directeur général exécutif du groupe, au Quotidien du Peuple. « Notre boisson au riz est proposée en trois versions, sucrée, à teneur réduite en sucre et sans sucre, pour répondre à tous les palais. » 

Avec ses 1,5 million de mu (100 000 hectares) de rizières de type japonica et près de 1,2 million de tonnes de riz de qualité produites chaque année, Sheyang occupe le 3e rang provincial en matière de production céréalière, méritant son surnom de « capitale du riz japonica de qualité de Chine ». 

Ces dernières années, le district s’est résolument engagé sur la voie des technologies agricoles de pointe. L’objectif : développer des produits locaux distinctifs, renforcer l’automatisation et la numérisation, et accélérer la transition d’une agriculture traditionnelle, encore très dépendante de la main-d’œuvre, vers une agriculture dite intelligente. 

  

Des agriculteurs déposent des plateaux de semis sur un tapis roulant, dans le district de Sheyang, province du Jiangsu, le 8 mai 2024. (XINHUA) 

  

Quand la terre dialogue avec la technologie 

Dans la serre high-tech du centre de culture de semis de l’entreprise Xingu, située dans le bourg de Siming, des rangées de jeunes pousses s’épanouissent sur des étagères superposées. Des machines automatisées déplacent les plateaux avec précision pour optimiser l’exposition à la lumière, l’irrigation et l’apport en nutriments. 

Pour assurer des semis robustes, base d’une récolte abondante, le centre utilise des systèmes intelligents de régulation thermique, de fertilisation et d’irrigation, pilotés via l’Internet des objets. Capteurs de lumière, modules d’aspersion et de nutrition transmettent en temps réel les données à un écran géant. Sur cette base, le système ajuste l’environnement selon les besoins des plants. 

Ce procédé permet d’économiser 80 % d’espace, 50 % d’eau et de gagner une dizaine de jours sur la croissance. Cette serre illustre la stratégie de Sheyang, axée sur la mécanisation des cultures spécialisées, avec un taux de mécanisation de 71 %. 

Autre levier de modernisation : la sélection variétale. Grâce à une synergie entre pouvoirs publics, entreprises et instituts de recherche, Sheyang a développé ses propres variétés, à l’image du riz japonica Hexiang, réputé pour son goût, son aspect esthétique et son cycle de culture plus court. La diversification touche également d’autres productions : crabe, crevette, poulet, pomme de terre… 

Sheyang s’est aussi imposé comme un district pilote de l’e-commerce rural, grâce à des hubs logistiques, parcs industriels et centres de services, ce qui  facilite l’accès des produits agricoles aux marchés urbains. En 2024, les ventes en ligne ont atteint 1,96 milliard de yuans (272,6 millions de dollars), avec une croissance annuelle de 20 % depuis 2021. Le district compte 417 entreprises d’e-commerce. La marque « Sheyang Rice » pèse désormais plus de 35 milliards de yuans (4,9 milliards de dollars), avec plus de 3 milliards de yuans (417 millions de dollars) de ventes en ligne par an. 

  

Cap vers l’Afrique 

Dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », les entreprises de Sheyang ont étendu leur savoir-faire jusqu’en Afrique. 

Fondée en 2001 à Sheyang, l’entreprise Jielong, spécialisée dans les huiles comestibles, illustre bien le transfert de savoir-faire agricole chinois. En 2013, lors d’un voyage en Tanzanie, son président, Qi Shuwei, découvre un pays riche en matières premières, mais pauvre en capacités de transformation. Tandis que la Chine connaît une surproduction d’huile de coton, il décide d’implanter ses activités en Afrique. 

Dix ans plus tard, Jielong s’est diversifiée dans les huiles raffinées, l’alimentation animale, la logistique ou encore les fûts en plastique. Présente dans plus de dix pays d’Afrique de l’Est et australe, elle est aujourd’hui un acteur majeur du secteur en Tanzanie. 

Ce succès s’appuie largement sur l’expérience acquise à Sheyang, où Jielong a développé un modèle de culture conjointe en regroupant des parcelles dispersées en grandes exploitations commerciales. En Tanzanie, ce modèle a permis à près de 20 000 personnes d’augmenter leurs revenus. 

Jielong a noué des partenariats avec plus de 30 coopératives agricoles sur 30 000 mu (2 000 hectares), leur fournissant semences, engrais et appui technique, ainsi que des formations pour renforcer leurs compétences. 

« Les technologies et méthodes agricoles de Sheyang s’adaptent parfaitement aux conditions locales en Tanzanie et, plus largement, en Afrique », explique M. Qi. « Transmettre notre expérience permet à la fois de stimuler la production locale et d’ouvrir des perspectives aux entreprises chinoises. » 

Les réussites de Jielong sont saluées des deux côtés. Le gouvernement tanzanien a inscrit le projet parmi les investissements étrangers prioritaires, tandis que le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales le cite en exemple d’internationalisation réussie des entreprises agricoles. 

En juillet 2024, un projet d’élevage moderne de poules pondeuses a été lancé dans le village de Mkenge, district de Mkuranga, dans la région côtière de l’est de la Tanzanie. Doté d’un investissement de 3 millions de dollars, le site accueillera 500 000 volailles, avec une production annuelle estimée à près de 20 millions de dollars. Une nouvelle étape dans le partenariat agricole sino-africain. 

Des rizières fertiles du Jiangsu aux terres prometteuses de Tanzanie, Sheyang incarne une ruralité qui innove et s’adapte. Ancien bastion rizicole, le district montre comment l’agriculture peut se réinventer en Chine et au-delà. 

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