Un groupe de satellites en orbite basse est envoyé dans l’espace à bord d’une fusée porteuse depuis le site de lancement spatial commercial de Wenchang, province de Hainan, le 13 août. (XINHUA)

La parution du cinquième volume de Xi Jinping : La gouvernance de la Chine, qui rassemble 91 discours et écrits du Président chinois entre le 27 mai 2022 et le 20 décembre 2024, jette une lumière nouvelle sur les ressorts de la gouvernance contemporaine d’un pays majeur, dont les dynamiques internes et les choix internationaux pèsent d’un poids décisif sur l’équilibre mondial. Cette mise en lumière est d’autant plus salutaire que certains intellectuels occidentaux persistent à présenter la Chine comme une énigme, et son mode de gouvernance comme « opaque » et empreint de « secrets ». Le présent ouvrage en dévoile les logiques profondes, les principes structurants et les trajectoires concrètes.

Comme l’observait le philosophe chinois Lao Zi (571-471 av. J.‑C.) dans le Livre de la Voie et de la Vertu, « gouverner un grand pays revient à faire cuire un petit poisson ». À l’image de cette maxime, la gouvernance de la Chine contemporaine, telle qu’elle transparaît dans les écrits du Président Xi, s’apparente à une toile d’araignée patiemment tissée, alliant rigueur, complexité et enracinement dans des principes fondamentaux.

Ce cinquième volume prolonge la dynamique des précédents en rendant plus accessibles les idées du Président Xi à un lectorat international toujours plus attentif. Il expose les fondements politiques, philosophiques et stratégiques de la gouvernance de la deuxième économie mondiale, à l’heure où la Chine participe activement à la construction d’un ordre international plus équitable et mieux armé pour relever les défis mondiaux d’hier et de demain.

L’ouvrage s’organise en 18 sections thématiques, structurées de façon chronologique et enrichies de 41 photographies illustrant les moments forts des textes.

Une tâche ardue

Ce volume met en exergue le rôle moteur du Parti communiste chinois, non seulement dans l’essor de la Chine contemporaine, mais aussi dans l’élaboration de ses principes directeurs, de son architecture institutionnelle et de ses stratégies d’action. Sans le Parti, les avancées spectaculaires du pays n’auraient sans doute jamais vu le jour. Dans son rapport au XXe Congrès national du Parti, en octobre 2022, le Président Xi rappelait que depuis sa fondation il y a plus d’un siècle, « le Parti communiste chinois est entièrement dévoué à la cause grandiose de la nation chinoise et à la noble cause de la paix et du développement de l’humanité ».

Il reconnaissait cependant que gouverner un pays de cette ampleur n’est jamais chose facile : « Bien que l’avenir s’annonce radieux, la tâche est lourde, et il nous reste un long chemin à parcourir. […] Nous devons nous préparer à affronter les rudes épreuves qui se succéderont telles des tempêtes, voire des ouragans. » Il mettait également en garde contre les interprétations idéologiques erronées, notamment celles issues de l’Occident, appelant à adapter le marxisme aux réalités spécifiques de la Chine et à l’associer au meilleur de sa culture traditionnelle.

L’essor du marxisme à la lumière des réalités chinoises contemporaines a permis d’aboutir à une synthèse théorique majeure : la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Celle-ci éclaire les grandes dynamiques du monde, les trajectoires des sociétés humaines, les lois profondes de leur évolution, tout en offrant des repères pour le développement de qualité, les nouveaux paradigmes économiques et la révolution scientifique et technologique en cours.

Ancrée dans la tradition de la ligne de masse du Parti, cette pensée reste centrée sur le peuple. Pour le Président Xi, « la sinisation et l’actualisation du marxisme sont la cristallisation de l’expérience et de la sagesse collective du Parti et du peuple ».

L’expérience chinoise démontre que le marxisme ne se résume pas à une idéologie ou à un régime politique. Il constitue un cadre d’analyse souple, apte à évaluer avec discernement les situations spécifiques, en tenant compte des réalités locales, des héritages historiques et des conditions concrètes du développement.

Conscient des opportunités à saisir, mais aussi des défis inédits à surmonter, le Président Xi s’est appuyé sur les mots du poète indien Rabindranath Tagore : « L’océan du danger, du doute et du déni qui entoure la petite île de certitude de l’homme le met devant le défi d’affronter l’inconnu. » Lors de la 23e Réunion du Conseil des chefs d’État de l’Organisation de coopération de Shanghai, en 2023, il appelait ses homologues à relever ce défi, et à apporter plus de certitudes et d’énergies positives à la paix et au développement dans le monde.

Une vision internationale

La diplomatie chinoise s’articule autour de trois grands axes : un engagement renouvelé en faveur d’un développement mondial partagé, la construction d’un système de sécurité collective plus inclusif, et la promotion du dialogue entre les peuples et les civilisations. Dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », plus de 1 000 milliards de dollars ont été mobilisés pour financer des infrastructures et des projets de développement dans plusieurs régions du monde, cette initiative emblématique devenant ainsi un véritable bien public mondial, aux bénéfices concrets et durables.

Ce cinquième volume met en valeur les principaux leviers de la gouvernance chinoise actuelle, tout en offrant des pistes de réflexion utiles pour d’autres nations en quête d’un modèle plus efficace, plus stable et plus équitable.

Lors du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino‑africaine, en septembre 2024, le Président Xi déclarait : « La Chine et l’Afrique représentent un tiers de la population mondiale. Sans notre modernisation, il n’y aura pas de modernisation mondiale. » Cette affirmation, aussi ambitieuse que lucide, incarne l’idée d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, au‑delà des frontières et des blocs.

Le volume revient également sur la contribution de la Chine à la réforme de la gouvernance mondiale. Le lancement de l’Initiative pour la gouvernance mondiale, lors du Sommet 2025 de l’Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin, a été salué dans de nombreux pays du Sud global.

Le Nigeria, plus grande nation d’Afrique en population, a publié le 11 septembre une déclaration officielle, qualifiant cette initiative d’« opportune et éclairée », et soulignant sa convergence avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le texte a salué l’insistance portée sur l’égalité souveraine, le respect de l’état de droit, le multilatéralisme, une gouvernance centrée sur le peuple, ainsi que la recherche de résultats concrets et mesurables.

La parution de ce cinquième volume intervient à un moment charnière, alors que les défaillances de gouvernance suscitent de vives inquiétudes dans de nombreux pays. L’expérience chinoise contemporaine, riche en enseignements, pourrait contribuer à nourrir les débats et à éclairer les voies possibles vers un avenir plus stable et solidaire.

Décideurs, chercheurs, journalistes, analystes et citoyens curieux y trouveront une ressource précieuse, digne héritière des précédents volumes.

CHARLES ONUNAIJU : Directeur du Centre d’études chinoises à Abuja, au Nigeria