法语词典:
中文 ANGLAIS
Accueil Opinions La Chine à la Loupe Culture Vidéos Photos
  2025-10-09
 

Humeur affirmée, élan assumé

VOL. 17 / OCTOBRE 2025 par BUSANI NGCAWENI  ·   2025-10-09
Mots-clés: Sud global ; voix ; Chine

Le Président chinois Xi Jinping aux côtés d’autres dirigeants et représentants lors de la 25e Réunion du Conseil des chefs d’État de l’OCS, à Tianjin, le 1er septembre. (XINHUA)

Les premiers jours de septembre ont confirmé une dynamique déjà à l’œuvre : un nouveau rythme s’installe dans les affaires du monde. À Tianjin, le Président chinois Xi Jinping a dévoilé l’Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM) à l’occasion du Sommet 2025 de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). À Beijing, il a passé en revue les troupes lors d’un grand défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste.

Ces événements ne relèvent pas du hasard. Ils expriment une humeur nouvelle et insufflent un élan inédit. Le Sud global ne se contente plus d’observer : il s’affirme comme acteur d’un ordre plus juste.

La philosophie nous enseigne que les contradictions ne sont pas des failles, mais des forces motrices. Le début de septembre en témoigne avec éloquence : hommage à une paix qui requiert vigilance, rejet des diktats unilatéraux, affirmation de la dignité et de l’égalité entre les peuples. L’humeur est déterminée, l’élan pleinement assumé.

Une architecture du plurivers

L’IGM prolonge un ensemble de propositions ambitieuses : après l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale, elle marque un nouveau jalon dans l’effort chinois pour repenser la gouvernance mondiale. Ensemble, ces projets esquissent une architecture du plurivers, un monde fondé sur l’inclusion, le dialogue et la coexistence.

Forte de 27 pays représentant près de la moitié de l’humanité, l’OCS a accueilli à Tianjin l’IGM non comme un instrument hégémonique, mais comme une offre concrète au monde. Pour les pays du Sud, l’égalité souveraine ou le multilatéralisme ne sont pas des idéaux abstraits, mais des impératifs vitaux.

Les cinq piliers de l’IGM (égalité souveraine, état de droit international, multilatéralisme, approche centrée sur les personnes et prise de mesures concrètes) entendent combler les lacunes d’un ordre mondial à bout de souffle. Vue du Sud, l’IGM est une invitation à passer de l’uniformité imposée à la diversité assumée. L’OCS devient un laboratoire de cette pluriversalité, fondée sur l’intégration plutôt que le découplage, sur l’ouverture plutôt que le repli. L’humeur est à la confiance, l’élan à la solidarité.

L’IGM s’inscrit aussi dans la tradition diplomatique chinoise. Ses principes rappellent les Cinq principes de la coexistence pacifique formulés par le Premier ministre chinois d’alors Zhou Enlai dans les années 1950. Leur résonance actuelle montre à quel point le consensus d’après-guerre reste inachevé. Tarifs, sanctions, diplomatie coercitive : autant de signes d’un ordre encore marqué par la domination.

L’usage abusif des tarifs par les États-Unis illustre un double langage : des instruments économiques détournés en armes, visant rivaux comme partenaires. L’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, voire le Lesotho, sont tour à tour sanctionnés.

Ce n’est plus de la diplomatie, mais de l’intimidation : un hégémonisme maquillé en défense de la sécurité nationale, qui perturbe les échanges et freine le développement. Pour le Sud global, cela évoque l’image du « coup de pied à l’échelle » : empêcher les autres d’accéder aux outils de prospérité autrefois utilisés par le Nord. Aujourd’hui, le Sud réclame autre chose : dignité, égalité et droit au développement.

Le 3 septembre, à Beijing, un grand défilé militaire a permis au Président Xi de présenter les avancées de l’armée chinoise. Ce n’était pas une démonstration vaine, mais un rappel : la paix se défend, la souveraineté se protège. Pour le Sud global, cette puissance affirmée est perçue non comme une menace, mais comme un gage de stabilité et l’espoir d’un rôle chinois renforcé au service de la paix.

La multipolarité comme horizon

Ni le sommet de Tianjin ni les commémorations de Beijing ne sauraient être dissociés de la diplomatie globale de la Chine. Depuis les années 1960, ses équipes médicales ont soigné des millions d’Africains. Des entreprises chinoises investissent sur tout le continent, tandis que des milliers d’étudiants africains poursuivent leurs études en Chine. De nombreux produits africains accèdent en franchise de droits au marché chinois. Les échanges, notamment avec l’Afrique australe, ne cessent de s’intensifier.

Il ne s’agit pas de remplacer une hégémonie par une autre, mais de bâtir un ordre multipolaire, sans puissance dominante. Le Sud global ne rejette pas ses relations avec le Nord, mais refuse hiérarchie et condescendance. La multipolarité n’est pas une revanche, mais un choix de maturité. L’heure est à l’affirmation tranquille, à la construction de ponts plutôt qu’à l’érection de murs.

Certains analystes occidentaux continuent de voir dans l’OCS une simple façade. Pourtant, le sommet de Tianjin a livré des résultats concrets : banque de développement, centres de sécurité, coopération verte et numérique. Aujourd’hui, la paix ne se limite plus à l’absence de guerre, elle suppose un développement équitable et une souveraineté respectée. De l’exemption de visa avec la Russie à l’expansion de l’initiative « la Ceinture et la Route » en passant par les plateformes pour les énergies nouvelles, l’action chinoise incarne cette vision : une responsabilité sans arrogance, un ordre sans domination.

Dans certaines capitales du Nord, la multipolarité est encore perçue comme facteur de désordre. En réalité, elle constitue une condition de stabilité dans un monde diversifié. L’unipolarité a enfanté des conflits sans fin et des inégalités criantes. La multipolarité offre un nouvel équilibre.

Septembre 2025 restera sans doute comme le moment où cette vision s’est incarnée. Le sommet de l’OCS, les commémorations, les gestes de réconciliation : autant d’éléments qui ont signalé un nouveau départ. Le Sud global trouve enfin sa voix. Et la Chine lui offre le cadre pour se faire entendre.

Le Sud global affiche aujourd’hui une orientation claire : reconnaissance de contradictions jugées surmontables, rejet de toute hiérarchie au profit du dialogue, refus d’être relégué au rang de spectateur. Ce dont le monde a besoin, c’est d’un consensus du Sud global : non pas une vassalisation inversée, ni une revanche, mais un pacte fondé sur le développement, la dignité, l’égalité et la coopération.

Ce consensus répond à l’hégémonisme du Nord global. Là où le Nord impose tarifs, sanctions et interventions, le Sud propose partenariats, infrastructures, éducation et transition verte. Là où le Nord érige des hiérarchies, le Sud prône la réciprocité. Là où le Nord confond paix et ordre imposé, le Sud plaide pour une paix fondée sur la justice. Le consensus du Sud global dessine désormais le cadre de notre avenir commun.

BUSANI NGCAWENI, directeur du Centre pour les politiques publiques et les études africaines à l’Université de Johannesburg

 

Imprimer

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-8 京公网安备110102005860