Les discussions lors du sommet du G20 - qui vient de se conclure à Hangzhou, dans la province du Zhejiang - concernant la surcapacité montrent que le problème a attiré l'attention des principales économies du monde. Le commentateur de CHINAFRIQUE, Lan Xinzhen, pense que la surcapacité industrielle est une question mondiale, que tous les pays devraient affronter ensemble.

Même si la question de la surcapacité fut ardemment discutée lors du sommet du G20, peu de plans d'action concrets furent élaborés pour atténuer l'impact de la surcapacité sur la croissance économique mondiale. Cela montre que la communauté internationale doit encore surmonter un certain nombre d'obstacles.

La surcapacité existe dans un certain nombre de secteurs, notamment dans les secteurs du pétrole, de la sidérurgie, du charbon, du ciment et des panneaux solaires. Cependant, peu de pays ont pris des mesures pour réduire la surcapacité, de peur de faire évoluer en mal leur croissance économique. Malgré cela, au cours du sommet du B20 (Business 20) qui rassembla le 3 septembre les décideurs économiques du monde entier, le Président Xi Jinping réitéra l'objectif de la Chine de réduire sa capacité de production d'acier brut de 100 à 150 millions de tonnes sur les cinq prochaines années.

Le problème est que les économies échouent souvent à reconnaître leurs propres problèmes et ont tendance à rejeter la faute sur les autres. Le 4 septembre, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, proposa par exemple, que la Chine accepte un mécanisme de contrôle et de supervision de la part de la communauté internationale sur la surproduction dans son secteur de la sidérurgie. Il a également déclaré, que la Commission européenne maintiendrait ses mesures anti-dumping contre les produits sidérurgiques chinois, afin de protéger l'industrie sidérurgique de l'Union européenne (UE) et les travailleurs qu'elle emploie.

En fait, la surcapacité industrielle est une question mondiale que tous les pays devraient affronter ensemble. Prenez l'industrie sidérurgique par exemple. Elle se repose sur des grands producteurs de minerai de fer, comme l'Australie, le Brésil et l'Inde, ainsi que des producteurs primaires d'acier, comme la Chine, l'UE, le Japon, l'Inde, les États-Unis et la Russie. Le fait de demander à un seul de ces pays de réduire sa production ne résoudra pas le problème. La meilleure solution serait que tous les pays fassent des efforts concertés pour traiter le problème de surcapacité.

La réduction de la capacité de production globale d'un secteur touché par ce problème est souvent regardée comme la seule façon de traiter un tel problème. Contrairement à cette « sagesse » conventionnelle, la solution la plus efficace provient d'une combinaison consistant à augmenter la demande pour ces produits, tout en faisant diminuer leur production.

En tant que deuxième plus grande économie du monde, la Chine a des problèmes de surcapacité. Du fait d'investissements importants sur les ressources au cours de sa rapide expansion économique de ces dernières décennies, les secteurs de l'acier, du charbon et des métaux non-ferreux n'ont pas seulement développé de nouvelles capacités de grande importance, mais également des niveaux élevés de stock.

La surcapacité et les hauts niveaux de stock sont devenus une entrave à la croissance du pays. La Chine a donc introduit à la fin 2015 une mesure de réforme du côté de l'offre, afin de remédier à ce problème. La Chine est la première des principales économies du monde à réduire ses capacités excédentaires. Et à de nombreuses reprises, le gouvernement chinois a appelé la communauté internationale à s'attaquer aux questions économiques par la coopération.

D'une part, les négociations peuvent s'effectuer entre les associations commerciales de différents pays pour plafonner les niveaux de la production sidérurgique, ainsi que des importations et des exportations dans les pays concernés. La China Iron and Steel Association peut par exemple parvenir par la négociation à un consensus avec ses homologues étrangers. Il faut noter que la coopération internationale sur la capacité industrielle devrait être équitable et mutuellement bénéfique, et prendre en considération les besoins de développement des pays concernés.

D'autre part, les pays peuvent travailler ensemble à développer la demande du marché. La surcapacité industrielle existe essentiellement dans les grandes économies. De nombreux pays en développement, qui souhaiteraient améliorer les moyens de subsistance de leur population, ont un important potentiel de marché, mais pas de capital - une forte demande, mais pas de produits. C'est la raison pour laquelle, les pays touchés par la surcapacité peuvent utiliser les marchés de ces régions.

L'initiative des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime lancée par la Chine fournit de grandes opportunités pour réduire la surcapacité. L'initiative n'a pas pour objectif de transférer un stock excessif, mais d'augmenter la demande et de promouvoir la prospérité dans les pays impliqués.

Néanmoins, il existe de nombreux problèmes autour des efforts internationaux pour combattre la surcapacité et celle-ci ne se résoudra pas du jour au lendemain. Au cours du 18e sommet sino-européen qui s'est déroulé en juillet à Beijing, la Chine a accepté la proposition de l'UE de former un groupe de travail pour trouver des solutions à ce problème. La Chine permettra à l'UE de contrôler et de superviser les prix de l'acier chinois à l'exportation, les volumes d'exportation et les subventions de la Chine aux usines de production sidérurgique, afin de les aider à décider si la Chine prend effectivement des mesures efficaces pour répondre au problème de surcapacité et le résoudre. Cela montre l'engagement de la Chine à s'attaquer à cette question par la coopération internationale.

Au cours du sommet du G20, les dirigeants du monde entier se sont accordés sur la mise en place d'un forum mondial sur l'approvisionnement des excédents d'acier. Il est à espérer qu'un tel projet sera initié le plus rapidement possible, car les employés de l'industrie sidérurgique en Europe perdent leurs emplois et bon nombre de leurs homologues chinois ont également été licenciés ou transférés vers d'autres postes. Il est temps que les pays discutent ensemble du renforcement des efforts de coopération et de la réduction de la surcapacité.