Le XIX Congrès du Parti communiste chinois (PCC) a pris fin à Beijing et les nouveaux dirigeants du PCC ont été élus. Suite à ce congrès, quels sont les principaux objectifs du Parti et de sa nouvelle direction, et de quel type de gestion auront-ils besoin ? Kerry Brown, directeur de Lau China Institute au King's College de Londres, estime que comprendre le récit politique qui découle de ce congrès est essentiel pour connaître la trajectoire de la Chine dans les cinq prochaines années. Voici les extraits de ses opinions :

Tout d'abord, en raison de la continuité politique du Parti, nous devons regarder vers le passé pour trouver des pistes de réponse à ces questions. Le 15 novembre 2012, quand il a été élu Secrétaire général du Comité central du PCC lors du XVIII Congrès du PCC, Xi Jinping a tenu un discours important. Ses remarques d'alors contenaient trois choses spécifiques qui méritent d'être rappelées.

La première était la façon dont il a souligné que le récit du Parti faisait intrinsèquement partie du récit national, avec en son cœur le renouveau de la nation. La seconde était d'insister sur la notion de service – le Parti devant toujours respecter l'éthique en tant que serviteur du peuple chinois.

L'idée que le Parti se trouve au service des attentes du peuple chinois figure désormais dans un nouveau contexte où la Chine s'est enrichie, ce qui signifie aussi que les attentes ont augmenté. Dans le passé, l'objectif principal était de mettre du pain sur la table et d'avoir de quoi se vêtir. Mais il existe maintenant un ensemble complexe de demandes, allant de la santé à l'éducation, en passant par les voyages à l'étranger, le logement et un environnement sain.

Troisièmement, il y avait la question du rôle du Parti dans tout cela. Au cours des cinq dernières années, ces trois thèmes principaux ont été présents dans le cadre des diverses campagnes, réunions et initiatives que le Parti a menées.

Même si on ignore tout du contexte du discours et de ce qui l'a précédé, quiconque lit le rapport politique du 18 octobre [présenté par M. Xi lors de la séance d'ouverture du XIX Congrès du PCC] remarque immédiatement trois choses. Premièrement, ses divers courants d'idées reflètent l'immense complexité de la situation de la Chine et du monde environnant. Le pays est confronté à un grand nombre de défis économiques, écologiques, de gouvernance et géopolitiques, et doit y faire face dans un court laps de temps. Il n'y a pas de place pour l'erreur.

La deuxième chose concerne la manière dont les problèmes intérieurs de la Chine ont un impact mondial. La construction d'un nouveau modèle économique, axé sur les services, une consommation plus élevée et une classe moyenne urbaine en expansion, aura un impact sur le monde. La classe moyenne chinoise, émergeant de ce processus, deviendra le moteur de la croissance mondiale à travers sa consommation et ses investissements. Leur demande pour des soins de santé modernisés, des biens publics et un environnement propre aura également un impact global énorme, même si ces questions peuvent sembler ne concerner que la Chine.

On a raison d'être optimiste quant au rôle global de la Chine, symbole des accomplissements que les réformes ont générés depuis 1978. Mais bien sûr, les attentes sont toujours croissantes. Nous entrons donc dans une période où la mise en œuvre, plutôt que l'initiative, deviendra la tâche essentielle. Le Parti devra mettre en œuvre un grand nombre de politiques. En Chine, le XIX Congrès du PCC se représente comme un prélude à une époque où un grand nombre de choses devront être réformées, modifiées et adaptées.