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  2025-09-15
 

Entre feu intérieur et froid calcul

VOL. 17 / SEPTEMBRE  ·   2025-09-15
Mots-clés: Regards croisés

Cette rubrique aborde un sujet à travers des perspectives chinoise et africaine. Ce mois-ci, nous explorons la question suivante : faut-il choisir sa spécialité universitaire en fonction des débouchés professionnels ou de ses centres d’intérêt ? 

 

Suivre sa passion 

WANG SHU’EN 

Étudiante chinoise, 20 ans, province du Hunan  

 

Comme le dit un vieux proverbe chinois, « le savoir change le destin ». Un étudiant ordinaire incarne bien souvent les espoirs silencieux de plusieurs générations. C’est pourquoi la grande majorité des lycéens chinois choisissent leur université et leur filière en fonction des débouchés professionnels. 

Il y a deux ans, face à des centaines de choix possibles, j’étais tiraillée. Le droit semblait prometteur : salaire confortable, avenir assuré… mais je n’ai jamais eu d’attrait pour ces textes juridiques arides. Depuis l’enfance, ce sont les langues qui m’enflamment. Pourtant, elles n’offrent guère de perspectives, et l’essor de l’intelligence artificielle semble même en menacer la pertinence. Malgré cela, mes parents ont soutenu mon choix et respecté ma décision de m’orienter vers les langues. 

Avec le recul, je sais que j’ai fait le bon choix. Partie de rien, j’ai appris les bases de la grammaire, puis peu à peu, j’ai accédé à des lectures plus complexes. À chaque étape, ma passion m’a portée. Et si, parfois, les longues listes de vocabulaire ou les moments de stagnation m’ont découragée, c’est l’étincelle initiale qui m’a permis d’avancer. Je ne suis pas naturellement persévérante, et j’ose à peine imaginer à quel point mes années universitaires auraient été mornes sans cette flamme intérieure. 

Je me considère chanceuse. De nombreux parents chinois, mus par le désir de réussite pour leurs enfants, les orientent vers des filières jugées « rentables ». Parfois même, c’est le système d’admission qui décide à leur place, les assignant à une voie sans appel, avec à la clé quatre années de frustration. À ces étudiants, je voudrais dire ceci : nous sommes parmi les membres les plus dynamiques et enthousiastes de la société. Il nous faut entretenir un esprit positif, rechercher ce qui, dans notre domaine, peut éveiller notre curiosité, car l’intérêt est, après tout, le meilleur des enseignants. 

Dans une société traversée par l’angoisse de l’avenir, moi aussi, il m’arrive de douter. Mais je garde la conviction que, tant que je reste fidèle à ce qui m’anime, viendra un jour où je saurai me distinguer. 

  

Allier intérêt personnel et demande du marché 

TICH RICHARD MUSHAMBA 

Responsable sud-africain de la logistique et des achats, 20 ans, Johannesburg 


L’éducation est depuis toujours perçue comme la clé du succès. Une solide formation universitaire est, en principe, un passeport vers la réussite. En Afrique, et plus particulièrement en Afrique du Sud, un diplôme sans débouchés n’a guère de valeur. 

Choisir une spécialité universitaire exige un équilibre entre les aspirations personnelles et la réalité du marché de l’emploi. Les centres d’intérêt comptent si l’on veut s’épanouir dans ses études, mais beaucoup d’étudiants africains n’ont pas le luxe de ce choix, freinés par des contraintes financières. En Afrique du Sud, cette situation est d’autant plus difficile qu’il existe un décalage marqué entre certaines filières prisées et les besoins effectifs du marché. Avec certains diplômes, trouver un emploi relève du défi. 

Pour ma part, j’ai cherché un terrain d’entente entre passion et perspectives. Enfant, j’aimais déplacer et organiser les objets : la logistique s’est naturellement imposée. L’essor du commerce électronique et la mondialisation ont accru la demande pour ce secteur. Mon poste actuel dans une entreprise multinationale chinoise m’a offert une stabilité financière, ainsi que la possibilité de poursuivre des études en commerce international, ce qui a renforcé mes perspectives professionnelles. 

En somme, même si les deux dimensions sont essentielles, c’est une réflexion lucide, nourrie par la connaissance de soi, la compréhension du marché et une vision à long terme, qui permet d’orienter son choix avec discernement. 

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