2025-10-09 |
Le poids plume des grands gestes |
VOL. 17 / OCTOBRE 2025 · 2025-10-09 |
Mots-clés: gestes individuels ; développement durable |
Cette rubrique aborde un sujet à travers des perspectives chinoise et africaine. Ce mois-ci, nous explorons le lien entre gestes individuels et développement durable.
Les petits actes comptent
HU WANYING
Spécialiste du marketing de 30 ans basée à Beijing
Quand il est question d’environnement, un paradoxe persistant saute aux yeux : tout le monde ou presque s’accorde sur l’urgence de le préserver, mais beaucoup rechignent à adopter des gestes aussi simples que le tri des déchets. Dès lors, une question s’impose : si vivre de manière durable implique quelques désagréments, fussent‑ils minimes, sommes‑nous toujours disposés à faire l’effort ?
La réponse tient, selon moi, à notre capacité à croire que nos choix personnels ont un véritable poids. Et je suis convaincue que les petites actions, répétées, finissent par produire de grands effets.
Prenons un exemple tiré de mon quotidien. En semaine, je commande souvent mon déjeuner, ce qui signifie que j’utilise une paire de baguettes jetables chaque jour. Sur un an, cela représente environ 260 paires, soit près de 5 kg de bois. Il suffirait pourtant d’avoir toujours sur moi une paire réutilisable pour épargner cette quantité de ressources.
J’essaie donc de garder mes pratiques écologiques simples et réalistes. Pour les trajets de moins de 3 km, je privilégie le vélo : c’est meilleur pour la planète, pour la santé… et souvent plus rapide que la voiture en ville. Je fais aussi des choix durables à long terme : éviter la mode jetable, conserver la même tasse que j’aime depuis des années, refuser les gobelets à usage unique dès que possible. Avec le temps, j’ai même découvert un avantage inattendu : vivre « vert », c’est aussi vivre mieux. Moins d’exposition aux microplastiques, moins de dépenses cachées dans des produits jetables de piètre qualité.
La société de consommation nous pousse à accumuler : nouvelles formes pour les mêmes fonctions, variations infinies sur des objets déjà possédés… Mais il nous appartient de résister. Chaque achat impulsif est une dépense inutile et un fardeau pour la planète. Je ne suis pas opposée à la croissance économique ; ce que je rejette, c’est cette frénésie insatiable que l’on alimente sans y penser, frénésie qui, en silence, érode la beauté du monde. Car derrière chaque produit se cache un coût environnemental bien réel.
Voyons les choses autrement : si chaque habitant de la planète vous donne un dollar, vous devenez milliardaire. De la même manière, si chacun fait un petit effort, comme économiser le papier, préserver l’eau ou limiter ses déchets, l’impact collectif peut devenir immense. Des gestes apparemment insignifiants, répétés par des milliards de personnes, peuvent véritablement changer le monde.
Petits choix, grand impact climatique
CHIEDZA MAVIS CHAKAWANEI
Étudiante zimbabwéenne de 32 ans habitant dans la province du Henan
La neutralité carbone est un objectif clé dans la lutte contre le changement climatique. Elle repose sur un équilibre : celui entre les émissions de gaz à effet de serre et la capacité d’absorption par les écosystèmes naturels, pour stabiliser le climat et atténuer les phénomènes extrêmes.
Il s’agit de compenser ce que nous émettons afin de ne pas aggraver la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette approche vise à réduire l’empreinte carbone nette de nos activités, et les actions individuelles y jouent un rôle bien plus décisif qu’on ne le pense.
Nos choix de tous les jours, ce que nous mangeons, comment nous nous déplaçons, ce que nous consommons, ont une incidence directe sur les émissions et sur l’épuisement des ressources. Sur le plan alimentaire, par exemple, réduire notre consommation de protéines animales, notamment de viande rouge, permet de limiter fortement les émissions, car ces produits demandent bien plus d’énergie et de ressources que les régimes végétaux.
Nos modes de transport influent également sur le climat. La voiture et l’avion alourdissent notre empreinte carbone ; opter pour le vélo ou les transports en commun permet au contraire de la réduire.
Même nos achats sont liés à ces enjeux globaux. Acheter une simple paire de chaussures implique des émissions liées à sa fabrication, son emballage et son acheminement. Les objets à usage unique, en particulier ceux en plastique, aggravent encore la dégradation de l’environnement. En tant que consommateurs, nous devons apprendre à moins acheter, à mieux choisir, à privilégier la durabilité, c’est ainsi que nous pourrons soutenir, à notre échelle, les objectifs climatiques mondiaux.
Évidemment, les gouvernements et les industries ont une responsabilité majeure dans cette transition. Mais les citoyens peuvent eux aussi initier des changements structurels. Pour ma part, je prends plus souvent les transports en commun, je consomme moins de viande rouge, je tends vers une alimentation végétale, et je choisis des objets durables que je n’ai pas à remplacer de sitôt. Ces gestes simples, répétés au quotidien, participent à un changement bien réel.
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