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  2016-08-02
 

Peut-on écrire comme on veut ?

par Lisa Carducci| VOL. 8 septembre 2016  ·   2016-08-02
Mots-clés: langue

Une langue, c'est un être vivant ; et tout ce qui vit évolue et se transforme constamment. Voici un passage du roman Le Rêve de Zola ; l'auteur décrit la jeune Angélique, au travail : « … rien ne manquait plus : les broches chargées des ors différents […], les paillettes, les cannettilles, bouillon ou frisure […]. Un grand silence régna. Hubert s'était mis à tendre un métier. Il avait posé les deux ensubles sur la chanlatte et sur le tréteau, bien en face, de façon à placer de droit fil la soie cramoisie de la chape, qu'Hubertine venait de coudre aux coutisses. Et il introduisait les lattes ans les mortaises des ensubles, où il les fixait, à l'aide de quatre clous. Puis, après avoir trélissé à droite et à gauche, il acheva de tendre en reculant les clous. »

Vous l'aurez peut-être deviné, Angélique est une brodeuse, et l'histoire se déroule en 1888. Que de mots, courants il y a un siècle, sont maintenant soulignés en rouge par le correcteur automatique Windows, qui ne les reconnait pas. La 10 rectification orthographique de la langue française eut lieu en 1835, avec la 6 édition du Dictionnaire de l'Académie française, et ce fut l'une des plus importantes. À partir de ce moment-là, c'est-à-dire il y a moins de 200 ans, la conjugaison oi passe à ai (il étoit devient il était). Dans CHINAFRIQUE de février, nous avons parlé de l'accent grave qui venait remplacer le tréma dans poëte/poète, entre autres mots. Eh bien, cela eut lieu lors de la Réforme orthographique de 1878

(7 édition du Dictionnaire de l'Académie française).

Depuis le XIV siècle, la langue française a connu une douzaine de mises à jour. Il ne s'agit pas de révolutions mais de rectifications, lesquelles sont voulues par l'évolution des faits langagiers, et le simple bon sens. Non seulement les mots naissent et meurent, mais la façon de les prononcer change, et un jour ou l'autre, il faut bien que l'orthographe suive. Vers 1950, quand j'étais à l'école primaire, on écrivait encore abîme, dûment, s'il vous plaît, maître, flûte, île, aîné, chaîne, coûteux, disparaître, mais en 1990, la plus récente réforme nous débarrassait de ces accents inutiles. Ces rectifications sont maintenant présentes dans tous les dictionnaires de langue française. Si un usager de la langue préfère écrire encore comme autrefois, c'est son droit. Pour ma part, j'ai été parmi les premiers écrivains à adopter ces rectifications tellement logiques, mais certains de mes éditeurs, en France comme au Canada, n'acceptent pas la « nouvelle orthographe ». Dans les écoles, les enseignants d'un certain âge sont parfois réticents à faire le pas ; cependant, ils ne doivent pas reprendre les enfants qui suivent les nouvelles règles que leurs parents modernes et des livres de publication récente leur enseignent.

Certaines personnes qui n'ont qu'une idée superficielle de la rectification orthographique pensent que cette dernière donne aux usagers la liberté d'écrire comme ils le veulent. Pas du tout ! Par exemple, comme c'est l'accent qui fait la différence entre « il croit » et « il croît », on doit sans contredit le conserver. On le conserve aussi dans âme, à cause de la prononciation ; dans « nous cherchâmes, nous eûmes, qu'il partît » à cause de la morphologie (grammaire). De même pour différencier « sur » et « sûr » ; mais « sure, sureté et surement » ont perdu leur accent inutile. Pour : jeune et jeûne, mur et mûr, etc., il faut conserver l'accent distinctif. Mais on écrit maintenant bruler, couter, gout, naitre, connaitre, boite, aout, maitre, ainé, chaine, paraitre, ile, flute, cime, abime. Certains locuteurs du français s'accrochent à l'accent circonflexe parce qu'il représente une lettre qui était là auparavant (souvent un s). Mais avant et encore avant, d'autres changements se sont produits, et chaque fois dans l'histoire il y a eu des gens récalcitrants, des opposants. C'est normal. Le mot « boite » a suivi l'évolution suivante : de puxis en grec, puis buxis, signifiant « petite boite de buis ». Puis du bas-latin buxida, et du latin classique pyxis, puxidos pour arriver à boeste, avec des variantes dialectales comme boête, boète, et finalement boîte, et depuis 1990, boite.

Pourtant, les mots chapître, pupître, assidûment, égoût, et bien d'autres, que les gens de ma génération écrivaient ainsi, ont perdu leur accent circonflexe au cours des ans, par l'usage et indépendamment d'une rectification officielle, sans qu'on s'en aperçoive ni qu'on s'en offusque. En résumé, la rectification orthographique de 1990 – la plus récente – fait disparaitre l'accent circonflexe sur le i et le u sauf lorsque cet accent a une fonction grammaticale (subjonctif imparfait) ou qu'il évite la confusion homonymique (du/dû).

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