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Jaafar Alj Hakim, ambassadeur du Maroc en Chine
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La Chine et le Maroc partagent depuis longtemps une histoire d’échanges amicaux. Le célèbre voyageur marocain Ibn Battuta s’est rendu en Chine au XIVe siècle et a été émerveillé par la grandeur de la civilisation chinoise. Après 29 années de périples, il a écrit un compte rendu de voyage en consacrant un chapitre entier à son séjour en Chine. « Le Maroc a toujours joué un rôle crucial pour relier la Chine, l’Europe et l’Afrique », explique à CHINAFRIQUE Jaafar Alj Hakim, ambassadeur du Maroc en Chine. Les liens bilatéraux sont encore plus forts aujourd’hui, surtout au niveau économique. Entre janvier et septembre 2015, le commerce bilatéral a atteint 2,51 milliards de dollars.
M. Alj Hakim a accordé une interview à notre journaliste Ni Yanshuo, évoquant les relations bilatérales et les perspectives d’avenir.
CHINAFRIQUE : Quel rôle joue le Maroc dans la Ceinture économique de la Route de la Soie et dans la Route maritime de la Soie [l’initiative « une Ceinture et une Route » proposée par le gouvernement chinois] ?
Jaafar Alj Hakim : L’initiative « une Ceinture et une Route » est une vision ambitieuse formulée par un dirigeant d’État sage. Elle a pour objectif de développer la coopération le long de la Route de la Soie et des routes maritimes historiques. En raison de l’envergure de cette initiative, avec la partie maritime qui s’étend sur trois continents, le résultat potentiel est prometteur. L’initiative « une Ceinture et une Route » annonce une nouvelle ère de coopération qui bénéficiera à tous. Le Maroc la soutient complètement et se montre optimiste.
Le Maroc dispose d’une profondeur stratégique en Afrique de l’Ouest grâce à des relations historiques, culturelles et religieuses. Le pays peut jouer un rôle crucial en reliant l’Afrique de l’Ouest à la Route maritime de la Soie et ouvrir de nouvelles opportunités pour les économies en croissance rapide en Afrique de l’Ouest.
L’initiative « une Ceinture et une Route » fournira des opportunités innombrables à l’économie marocaine, c’est certain. Le Maroc et la Chine sont engagés dans un partenariat stratégique et l’initiative va vraiment stimuler ce partenariat, aussi bien sur le plan économique que social.
Depuis la mise en œuvre du Plan Maroc Vert en 2008, l’agriculture marocaine aurait connu une croissance d’environ 7,7 %. Avec la coopération pleine de promesses avec la Chine dans la modernisation de l’agriculture africaine, que peuvent faire la Chine et le Maroc pour promouvoir le développement mutuel de l’agriculture dans les trois prochaines années ?
En 2008, le gouvernement marocain a adopté une stratégie pour encourager et réformer le secteur agricole, promouvoir l’intégration de l’agriculture sur les marchés internationaux et l’aider à parvenir à une croissance durable. C’est le Plan Maroc Vert. Sa mise en œuvre comporte 1 500 projets et requiert 10 milliards de dollars d’ici à 2020. Le Maroc est un pays principalement agricole et en tant que membre fondateur du Forum sur la Coopération sino-africaine, il fait en sorte que la modernisation de l’agriculture se trouve au premier rang des priorités. Sur le plan de la coopération agricole, certains domaines pourraient être intéressants, comme l’irrigation, l’aquaculture, les fertilisants, la recherche et mécanisation agricole.
La Chine et le Maroc ont signé un mémorandum de compréhension pour établir un centre culturel chinois au Maroc. Comment envisagez-vous les échanges culturels entre les deux pays ?
Les échanges et la coopération culturels entre le Maroc et la Chine se développent. Actuellement, le Maroc abrite deux instituts Confucius et davantage de jeunes apprennent le chinois grâce aux cours de géographie au secondaire, qui leur donnent un avant-goût de la culture et de la vie en Chine. Il y a davantage d’étudiants en Chine. Les activités comme les semaines culturelles ont été organisées [en Chine] pour donner une meilleure image de la vie au Maroc et montrer ses formes d’expression artistique et son riche patrimoine culturel.
Qu’est-ce qui fait du Maroc une destination pour les investissements ?
Le Maroc est devenu une plaque tournante régionale pour les exportations, grâce à son unique position au carrefour des principales routes commerciales reliant l’Afrique, les États-Unis, l’Europe et le Moyen-Orient. Une telle position géostratégique peut être cruciale pour incorporer les investissements dans le flux commercial international. Un ensemble de facteurs combinés font du Maroc une expérience à la fois plaisante et rentable. Grâce à sa main-d’œuvre qualifiée et compétitive et ses faibles taux d’impositions, le Maroc est devenu une plate-forme compétitive pour les exportations. Le pays a conclu un certain nombre d’accords de libre-échange et négocie actuellement avec 55 pays, qui représentent plus d’un milliard de consommateurs et 60 % du PIB mondial. Les Marocains sont plus ouverts aux autres cultures et la communication n’est pas un obstacle car la jeunesse marocaine apprend les langues étrangères.
Quelles mesures ont été prises pour promouvoir la coopération économique et culturelle entre le Maroc et la Chine ?
Le cadre légal qui régit les relations entre le Maroc et la Chine consiste en plus de 130 accords, qui englobent tous les domaines de la coopération. En plus, nous prévoyons d’ouvrir une liaison aérienne directe entre la Chine et le Maroc, d’établir un bureau consulaire hors de Beijing et un bureau des visas hors de la chancellerie qui sera doté d’une plus grande capacité afin de traiter la demande croissante des touristes chinois qui veulent visiter le Maroc.
Nous prévoyons d’organiser un second forum économique bilatéral. Le premier s’était déroulé en novembre 2014. Nous prévoyons aussi de conclure un accord de swap de devises, un accord de partenariat entre Casablanca [le centre financier du Maroc] et Shanghai [la capitale financière de Chine] et de lancer des programmes de jumelage.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI devrait effectuer une visite en Chine. Quels seront les points principaux à l’ordre du jour ?
Une visite d’État avait été prévue en 2014 mais elle a été reportée. Nous travaillons actuellement pour une visite royale en Chine. Par le passé, de telles visites [de hauts niveaux] avaient lieu des deux côtés. Elles témoignent des relations excellentes entre nos deux pays et les renforcent. Durant cette visite, un certain nombre d’accords devraient être signés dans le cadre du partenariat stratégique.
