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Afrique
  2016-06-06
 

Urgence environnementale

par Francois Essomba | VOL.8 JUIN 2016
Mots-clés: protéger;environnement

Les Pygmées sont victimes de nombreux abus dans les forêts d’Afrique centrale

 

Comment organiser une cohabitation harmonieuse entre les communautés et les  investisseurs ? C’est la question qui était au cœur du colloque qui s’est tenu à Yaoundé du 29 au 31 mars 2016. Organisée à l’initiative du Centre pour l’environnement et le développement (CED) et avec l’appui de l’Union européenne, cette rencontre internationale a enregistré la participation de trois pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac). Il s’agissait de faire des propositions et trouver des solutions aux problèmes environnementaux auxquels font face les États de la sous-région Cémac. Le thème du colloque visait à aborder les principales difficultés de la région : « Peuples autochtones, communautés locales et ressources naturelles en Afrique centrale : quels droits ? Quelles mesures de protection ? Quel(s) rôle(s) pour les défenseurs de l’environnement ? »  

  

Les populations pygmées  

S’il existe une communauté autochtone victime d’abus de tout genre, c’est bien sûr les Pygmées. Premiers habitants des forêts d’Afrique équatoriale, la petite taille des Pygmées en fait des victimes perpétuelles. En effet, leurs droits sont souvent bafoués. Un cas qui a suscité l’intérêt de l’équipe de CHINAFRIQUE, qui s’est rendue au Sud-Cameroun,  une région abritant de vastes forêts ainsi qu’une importante colonie de Pygmées. Ici, la cohabitation entre les Pygmées et les Bantous voisins est toujours conflictuelle. Une situation que dénonce Sa Majesté Moïse Doumba, chef de la communauté pygmée du village Mefane (Ebol-Akun), près d’Akom II au Sud-Cameroun. Celui-ci affirme avoir été personnellement victime d’une injustice lorsqu’un Bantou cherchait des terres pour ses activités agricoles. D’après Sa Majesté Doumba, ce dernier a fait usage de ses relations pour faire incarcérer le chef de la communauté pygmée.Jean Ndjemba, chasseur et guérisseur traditionnel du campement pygmée du village de Nyabitandé, toujours au Sud-Cameroun, raconte quasiment la même histoire. Ce dernier dit avoir perdu son frère qui avait eu une altercation violente avec un Bantou, au sujet d’un lopin de terre.  

Des abus sur lesquels le forum de Yaoundé s’est penché afin de trouver des solutions équitables pour tous les acteurs. C’est en tout cas ce qu’a soutenu le professeur Claude-Ernest Kiamba de la République du Congo : « Je pense que cette rencontre permettra désormais d’encourager les initiateurs de projets à penser à la protection de l’environnement et aux droits des peuples autochtones, afin d’éviter les nombreux conflits qui opposent les investisseurs aux communautés sous le terroir desquels ces projets devraient s’opérer. Le plus souvent, les communautés accusent les élites. Tous ces accords sont négociés ailleurs sans l’implication des peuples autochtones, et c’est parfois la volonté de certaines élites qui prennent des décisions sans consulter l’avis des communautés locales. » 

  

Exploitation forestière  

Les exploitants forestiers sont un autre des cauchemars des communautés pygmées. Ces opérateurs économiques du secteur du bois brillent particulièrement par leur incrédulité et manque de respect par rapport aux croyances ancestrales des Pygmées. Ceux-ci se plaignent du fait que certains de leurs arbres sacrés, qui constituent des lieux de vénération ancestrale, sont abattus sans le moindre consentement des peuples riverains. Les injustices auxquelles sont confrontés les Pygmées nécessitent un arbitrage impartial de la part des autorités administratives, judiciaires et des forces de l’ordre. 

Outre les exploitants forestiers, la communauté pygmée dénonce également l’exploitation des minerais, qui conduit régulièrement à la destruction abusive de la forêt. Selon le Dr Landry Kekiskossi, de la République centrafricaine : « Ce colloque aura permis de renforcer les mécanismes d’évaluation des droits des communautés autochtones et [de réfléchir à] comment les protéger dans le cadre des investissements liés à l’exploitation des ressources naturelles ou à la construction d’infrastructures. » Rappelons que la forêt est un des maillons essentiels pour la survie de ce peuple des forêts, qui vit surtout de la chasse et de la cueillette dont la forêt constitue un parfait biotope. La destruction de la forêt constitue un danger permanent pour cette communauté, qui risque de disparaître des forêts d’Afrique équatoriale.  

  

Verdir l’Afrique centrale 

De ce fait, un appel pressant a été lancé lors du colloque à l’intention des acteurs qui opèrent sans foi ni loi dans les zones forestières, leur demandant de se montrer plus responsables et altruistes lorsqu’ils mènent leurs activités. S’inscrivant dans le cadre du projet « Verdir les droits de l’Homme dans le Bassin du Congo » (incluant le Cameroun, la République centrafricaine et la République du Congo), l’événement a permis à la fois de procéder à un diagnostic de la situation, de faire le point sur les initiatives existantes et de proposer des solutions pour une meilleure gestion des ressources naturelles, dans le but de les concilier à la promotion et la protection des droits humains en Afrique centrale.  

Il s’agissait donc de trouver des solutions et des propositions adéquates pour les gouvernements des quatre États de la sous-région Cémac. Dans cet objectif, les expériences et bonnes pratiques des autres zones géographiques du continent et du monde ont été observées. Cet important rendez-vous a réuni des experts issus de divers domaines d’activité. On a ainsi pu écouter les brillantes interventions de représentants des administrations sectorielles, de magistrats, d’avocats, de jeunes juristes, de chefs traditionnels, d’organisations des communautés autochtones et de la société civile, d’instituts de recherche, du secteur privé, de défenseurs de l’environnement, de chercheurs, de partenaires techniques et financiers, et de journalistes.  

Le but de ladite conférence internationale était d’analyser les liens que les ressources naturelles et leur gestion, peuvent entretenir avec les violations des droits humains et les dynamiques conflictuelles. Et il y a urgence comme l’a rappelé un intervenant camerounais, le Dr Samuel Nguiffo, secrétaire général du CED : « Les communautés se battront si elles perdent leur terre et leur ressources, et les investisseurs ne seront pas prêts à perdre leurs investissements. »

  

(Reportage du Cameroun) 

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