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Afrique
  2016-12-01
 

Le ciel a des yeux

par Gitonga Njeru | VOL. 8 Décembre 2016
Mots-clés: Drone; braconnage
Un garde-forestier observe les éléphants, dans la Réserve nationale de Samburu, au Kenya, en mars 2016.
Drone XINHUA

 

Les braconniers au Kenya sont en fuite car le ciel a maintenant des yeux qui observent leurs activités funestes, ne leur laissant aucun répit. Fin août, un projet pilote de surveillance aérienne avec des drones télécommandés a été mis en place avec succès pour surveiller le braconnage. L'espoir renaît pour la protection de la vie sauvage.

Le potentiel de ce projet, qui a débuté fin 2014, a encouragé le pays à le développer dans la totalité de ses 52 parcs et conservatoires inscrits, et ce à partir de janvier 2017. Le projet pilote a débuté dans le Parc national de Tsavo, le plus grand parc national kényan qui abrite près de 25 % de la population des éléphants du pays.

Le parc (qui possède une section est et ouest) s'étend sur près de 22 000 km2 et compte avec plus de 8 000 éléphants. D'après le Service de la vie sauvage du Kenya (KWS), la baisse du braconnage des éléphants dans le parc depuis décembre 2014 a provoqué une augmentation considérable de leur nombre, avec 3 323 individus de plus aujourd'hui.

Les chiffres du KWS montrent qu'entre 2012 et la plus grande partie de l'année 2014, le Kenya a perdu plus de 440 éléphants et 400 rhinocéros par an en raison du braconnage, qui se conjugue à une corruption accrue des forces de police.

Efficacité des drones

Paul Udoto, responsable du KWS, a déclaré à CHINAFRIQUE que l'initiative dans le Parc national de Tsavo avait été une source d'inspiration et la raison principale de la réduction du braconnage dans le parc. Il a ajouté que les garde-forestiers dans les autres parcs du pays sont en train d'être formés pour utiliser les drones. « Le KWS emploie actuellement 1 600 garde-forestiers, 600 d'entre eux relevant des communautés. L'utilisation de drones est très simple. Vous pouvez vous-mêmes les utiliser sans formation préalable avec une application sur Android qui peut être téléchargée sur votre smartphone ou votre tablette », explique Udoto.

Il estime qu'il faut un niveau de compétence pour se servir efficacement d'un drone. « [Grâce aux drones], le braconnage à Tsavo a diminué de 80 % depuis janvier l'an passé. Nous avons aussi utilisé des drones plus larges, certains fournis par les gouvernements de Chine et des États-Unis, dans le cadre de nos études sur leur viabilité », ajoute-t-il.

Les drones permettent de surveiller les territoires et les déplacements des animaux. « Nous utilisons la surveillance aérienne pour surveiller les activités de braconnage », remarque-t-il. Au Kenya, les drones ont un usage exclusif pour l'armée, la police et les garde-forestiers. Les civils ne peuvent les utiliser pour des raisons de sécurité.

Parallèlement, cette technologie est aussi utilisée contre le braconnage dans des parcs plus petits grâce à des alertes SMS, un succès au cours des deux dernières années. Les SMS alertent les garde-forestiers sur des activités possibles de braconnage par des textos. Cela se produit quand un animal touche une barrière ou quand quelqu'un tente de l'abattre. Le SMS indique le lieu et des renforts sont déployés immédiatement vers la zone touchée », explique Paula Kahumbu, écologiste et spécialiste de la protection animale, à CHINAFRIQUE. Mme Kahumbu ajoute que les braconniers avaient aussi été découragés par l'incinération de 105 tonnes d'ivoire au Parc national de Nairobi en avril dernier en présence du Président kényan Uhuru Kenyatta.

Richard Leakey, célèbre défenseur de l'environnement et fondateur du KWS, prévoit que le braconnage des éléphants et des rhinocéros va diminuer les prochains mois. « J'anticipe une réduction du braconnage grâce aux drones. Cela fonctionne dans les autres pays, comme en Inde, où ils surveillent l'exploitation forestière illégale. Les drones aident aussi dans certaines parties de Russie, en Sibérie plus particulièrement, pour surveiller le braconnage des tigres de Sibérie et des ours polaires. Je suis très confiant. Le nombre de lions continue d'augmenter mais nous sommes préoccupés pour les oiseaux de proie, car leur chaîne alimentaire continue d'être interrompue par les activités humaines », explique Leakey.

Des défis internes

Ce qui est préoccupant dans la lutte contre le braconnage, c'est le retard pris dans le jugement des braconniers arrêtés. D'après Keriako Tobiko, directeur du ministère Public du Kenya, il y a de nombreux dossiers en cours dans les tribunaux kényans relatifs au braconnage. Il admet que les enquêtes sont bâclées, et que la corruption est endémique. « En tant que procureur, je fais mon possible, mais dans de nombreux cas, les preuves sont manipulées avant ou quand elles arrivent devant les tribunaux. La police reçoit généralement des pots-de-vin, ou alors, les suspects influencent les juges car ils ont de l'argent. Mais généralement, les braconniers qui tuent les animaux sont des intermédiaires. Ils sont payés par des gens riches et influents pour accomplir leur tâche. Nous espérons néanmoins qu'il y aura plus de condamnations avec les dossiers en cours pour lesquels les preuves sont irréfutables », explique Tobiko à CHINAFRIQUE.

Charles Owino, porte-parole de la police kényane, a d'ailleurs confié à CHINAFRIQUE que 24 policiers avaient été arrêtés et emprisonnés pour corruption dans des cas relatifs au trafic d'animaux sauvages et de braconnage. Et 12 autres sont poursuivis et en attente de jugement.

Financement du projet

Le projet de drones pour la lutte contre le braconnage devrait coûter 100 millions de dollars, d'après la secrétaire de Cabinet pour les Affaires étrangères, Amina Mohammed. « La Chine a financé au moins 35 % du programme. Je peux le confirmer », a-t-elle fait savoir à CHINAFRIQUE. Et d'ajouter que les fonds sont fournis conjointement par les États-Unis, le Canada et le Danemark, le Chine fournissant les drones.

Les défenseurs de la vie sauvage ont souligné la contribution de la Chine dans la lutte contre le braconnage au Kenya. C'est ce qu'a fait savoir Peter Knights, directeur exécutif de WildAid, à l'agence Xinhua début 2016. « Le pays a fourni des financements, des véhicules et des équipements avancés à l'organisme pour permettre de surveiller et d'arrêter les organisations criminelles impliquées », explique-t-il. « Nos partenaires influents en Chine ont aussi soutenu les initiatives contre le braconnage au Kenya et dans la région entière », fait savoir pour sa part Daudi Sumba, haut responsable de la Fondation africaine pour la vie sauvage à Xinhua.

Le Kenya, déterminé à prendre les devants dans les questions du commerce de l'ivoire, a récemment déclaré à la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces animales et végétales en voie de disparition, qui s'est déroulée en Afrique du Sud en octobre. Le pays a interdit le commerce du stock d'ivoire qui lui restait et appelé à une interdiction globale. Lors de la 17e réunion de la CITES, 27 pays ont soutenu la décision du Kenya.

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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