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Afrique
  2017-02-16
 

Les Ballerines du Caire

par Sudeshna Sarkar | VOL.9 Mars 2017
Mots-clés: ballerines; Caire

La ballerine égyptienne Yasmina Shahir danse dans les rues, sans tenir compte des passants

 

Deux femmes sont assises sur les marches d'un vieux bâtiment du Caire. Une jeune femme arrive et s'assoit à côté nonchalamment. Avec sa chemise blanche et une minijupe rouge, elle ne peut pas être plus différente des deux autres, qui portent le tchador, la tenue des femmes musulmanes qui leur recouvre le corps et la tête.

Ce qui suit contraste encore plus. Elle resserre les sangles de ses chaussons de soie blanches, qui sont en fait des pointes de ballerine. Elle bondit ensuite avec grâce et alors que les gens la regarde, envoûtés, elle commence à danser dans la vieille allée.

Depuis septembre 2015, c'est une scène que se reproduit souvent au Caire. Les danseuses sont différentes et les emplacements varient, mais l'objectif reste le même : parler au monde des Ballerines du Caire.

 

 

Voulez-vous danser ?

L'année a commencé sur les chapeaux de roué pour Mohamed Taher. Ce réalisateur égyptien de 32 ans a déjà tourné plusieurs vidéos et donné plusieurs interviews, notamment dans le Al Houm Show, un magazine d'information largement diffusé par la chaîne de télévision satellitaire en langue arabe basée aux États-Unis, avec Mireille Azer, qui était la première dauphine au concours de Miss Égypte et lauréate du concours Miss Égypte Grand 2016.

M. Taher a aussi la réputation de répondre dans l'heure à tous les commentaires sur la page Facebook des Ballerines du Caire. Et il est fidèle à sa formidable réputation, trouvant le temps même après minuit pour parler de son projet. « J'aime personnellement le ballet et l'un de mes films favoris est 'Black Swan', dit-t-il en expliquant ce qui l'a poussé à choisir les ballerines comme sujet de son projet photographique. Par ailleurs, j'ai été vraiment inspiré par le projet Ballerine. »

Le projet Ballerine a débuté il y a près de 17 ans avec Dane Shitagi, un photographe basé à New York, qui combine le ballet et la photographie pour produire ce qu'il appelle des « gravures du cœur et des émotions de ballerine ». La collection croissante de photographies, publiées dans les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et Twitter, ont attiré un public permettant de poursuivre le projet.

 

Marina Bahy espère que le projet deviendra célèbre dans le monde

 

Le projet personnel de M. Taher était de faire danser des ballerines égyptiennes dans les vieilles rues du Caire, créant un contraste entre la danse gracieuse et la « rugosité » de la rue, les photographiant, faisant des vidéos et utilisant les réseaux sociaux, comme M. Shitagi, pour créer un retentissement médiatique. Il a été rejoint par un autre réalisateur, Ahmed Fathy, et un matin de septembre 2015, les premières séances eurent lieu à El Korba, une zone historique du Caire créée en 1905 par un baron belge.

La première ballerine, Mariam El Gebali, vient de l'Opéra du Caire, un monument de l'histoire culturelle égyptienne, construit au XIXe siècle pour célébrer l'inauguration du canal de Suez. C'est un des premiers exemples de la mondialisation en Égypte. Conçu par des architectes italiens, l'Opéra est le premier du genre en Égypte et l'un des premiers opéras interprété a été Aïda, écrit spécialement par le compositeur italien Giuseppe Verdi pour cette salle.

La plupart des danseuses des Ballerines du Caire de M. Taher relèvent de cette troupe. « Tout cela vient du réseautage, explique M. Taher. Après les deux premières séances, de nombreuses ballerines nous ont approchés et ont demandé aussi à leurs amis de se joindre au projet. »

Même si certains medias ont estimé que les photographes et les ballerines étaient sous la menace des ecclésiastiques conservateurs islamiques, M. Taher a écarté ces commentaires, disant que la réaction avait été positive. « Les gens sont éblouis par ce qu'ils voient et ils aiment cela. C'est quelque chose de nouveau dans les rues de la capitale. La plupart des gens apprécient les ballerines et prennent des photos avec elles. »

 

Inspiré par le projet ballerines du Caire, Omar Hefny photographie les musiciens dans les rues

 

Marina Bahy, une étudiante en communications de 20 ans, qui travaille également comme professeur de ballet au Caire, est l'une des participantes au projet. « J'ai commencé à danser dans une salle de sports quand j'avais six ans, dit-elle. À 12 ans, je dansais à l'Opéra du Caire. Une de mes amies m'a parlé du projet ; j'ai été impressionnée par cette idée et j'ai tout de suite accepté. »

Sa première séance photo a eu lieu sur le célèbre Pont du 6 Octobre sur le Nil, qui est aussi connu pour être l' « épine dorsale du Caire ». « J'étais un peu nerveuse au début mais quand j'ai vu la réaction des gens, le fait qu'ils soient impressionnés et heureux, cela m'a réconfortée et encore plus enthousiasmée pour ce projet », confie Mlle Bahy. Ses parents s'inquiétaient au début. « Mais quand ils ont vu les photos, ils sont devenus aussi enthousiastes que moi. »

Mlle Bahy explique qu'elle a personnellement profité de ce projet. « Cela m'a beaucoup motivée en tant que ballerine, et m'a conduite à pratiquer davantage afin de produire des photos encore plus impressionnantes. » Elle souhaite continuer jusqu'à ce que cela devienne « un des projets de ballet les plus connus au monde ».

Une nouvelle fenêtre sur l'Égypte

Veronica Emad, étudiante en tourisme à l'Université Ain Shams, a commencé à apprendre à danser à l'Opéra du Caire, à l'âge de 11 ans. « J'aimais les Balle-rines du Caire au début pour le plaisir mais après avoir fait de nombreuses séances à différents endroits, c'est devenu une de mes priorités, explique-t-elle. Nous sommes devenus une famille. »

Elle se souvient clairement de sa première séance. « Il y avait de nombreuses personnes dans la rue. Un homme se promenait avec son dalmatien et nous lui avons demandé si nous pouvions prendre une photo avec le chien. Il a été très gentil et nous a répondu : 'Avec plaisir'. »

Mlle Emad pense que les Ballerines du Caire ont le potentiel pour stimuler le tourisme en Égypte. « J'espère pouvoir voyager avec les Ballerines du Caire d'abord dans toutes les villes d'Égypte afin de promouvoir le tourisme, puis pour montrer au monde entier qu'il existe différents types de villes, des villes magnifiques aux monuments pharaoniques. »

Quand il a lancé le projet, M. Taher voulait organiser au bout du compte des expositions dans les galeries d'art. Mais en moins de deux ans, il a vu le projet prendre de l'envergure dans différents domaines. « L'un d'entre eux était de montrer que l'Égypte est sûre. » Il fait ainsi une référence tacite à l'instabilité qui avait sévi et aux attaques terroristes. Un autre but consiste à « redonner aux femmes leur espace public », en montrant que les femmes sont en sécurité dans les rues.

Un autre développement aura été la réémergence du ballet et de la photographie. « Peu de gens savent que le ballet existe en Égypte. Nous voulons changer cette perception. »

 

Veronica Emad pense que le projet Ballerines du Caire peut attirer des touristes en égypte.

 

Un effet boule de neige

« Je suis l'un des photographes déterminés à travailler dans plus d'endroits seulement pour confirmer que nous ne sommes pas différents – nous n'étouffons pas la créativité, l'art et l'imagination – et pour montrer que l'Égypte est l'un des pays les plus sûrs au monde », confie Omar Hefny, un étudiant en physiothérapie de 18 ans. « Les Ballerines du Caire sont un projet très réussi en raison de la réaction des gens dans les rues durant les séances et bien sûr, des gens qui regardent les photos sur les réseaux sociaux, et de notre croyance en ce projet. »

M. Hefny a acheté son premier appareil photo il y a quatre mois, a appris à l'utiliser en regardant des vidéos sur YouTube et depuis, prend les ballerines en photo ainsi que les musiciens des rues. Et ils sont de plus en plus nombreux comme lui.

Le projet a attiré aussi l'attention des medias, des publications locales à la BBC, voire même l'édition italienne de Vanity Fair. De plus en plus à travers le monde apprécient ce travail.

Sur la page Facebook des Ballerines du Caire, Salvador Dominguez Sanchez, un résident américain, a mis la photo de sa fille dansant dans les rues de New York. Son message est simple : « Si vous allez aux États-Unis, venez à Cincinnati, s'il vous plaît. »

Pour vos commentaires : sarkarbjreview@outlook.com

 

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