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  2017-12-12
 

L'École du Ruban Rouge

par Xia Yuanyuan | VOL. 9 DÉCEMBRE 2017  ·   2017-12-12
Mots-clés: VIH

Guo Xiaoping a remporté le Prix annuel de l'émotion de CCTV, en février 2017.

 

Parfois, un simple événement peut changer toute une vie. C'est ce qui s'est passé pour Guo Xiaoping, éminent professionnel de la santé, lorsqu'il rencontra un groupe d'enfants vivant avec le virus du sida.

En tant que médecin-chef et administrateur de l'hôpital n3 du Peuple de Linfen, dans le nord de la Chine, il y a 13 ans, Guo remarque que des enfants hospitalisés se voyaient refuser l'accès aux écoles parce que séropositifs. En 2004, il ouvre donc une salle de classe spéciale dans un service vacant avec certains de ses collègues. Deux ans plus tard, il trouve un parrainage alors que le nombre d'étudiants est en constante augmentation, et lance l'École du Ruban Rouge : la première école chinoise dédiée à l'éducation des enfants vivant avec le VIH.

En 2015, Guo décide de quitter son poste pour se concentrer entièrement à l'école, qui compte désormais 34 étudiants. Tous ont tous perdu leur mère, et pour certains, leur père également. L'internat offre un environnement sûr et accueillant pour les enfants, et bien que Guo soit le directeur de l'établissement, il assume aussi le rôle de figure paternelle.

L'École du Ruban Rouge a d'ailleurs attiré l'attention à travers le pays. Elle a été visitée il y a quelques années par Peng Liyuan, la première dame, qui est également Ambassadrice de l'Organisation mondiale de la santé pour la tuberculose et le VIH.

Une famille heureuse

En février, les Prix chinois de l'Émotion, qui récompensent les modèles les plus inspirants du pays ont été annoncés. Guo Xiaoping était l'un des 10 gagnants.

L'homme de 58 ans explique : « C'est comme si j'élevais mes propres enfants. Je veux seulement qu'ils soient heureux. » Mais l'école a suscité de houleux débats. En effet, certains estiment qu'il est discriminatoire d'isoler ces enfants dans une école séparée. Pourtant, selon Guo, la société ne s'est pas encore détachée de la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH. « Nous devons considérer la situation de façon pragmatique. Sans cette école, ces enfants seraient privés d'éducation », poursuit-il. « Il ne s'agit pas de discrimination, mais de prendre conscience de la réalité. »

Guo a également subi des critiques pour avoir quitté un poste à responsabilités à la tête d'un hôpital pour devenir directeur d'école. Mais sa réponse, pleine de sagesse et d'humilité, est à l'image de l'homme : « Je ne suis pas le seul à pouvoir diriger un hôpital. Mais à l'heure actuelle, je suis la seule personne à pouvoir diriger cette école car les enfants ont confiance en moi. »

 

Peng Liyuan, en visite à l’école.

 

Avant d'intégrer l'établissement du Ruban Rouge, Zeng Jing, 8 ans à l'époque, suivait une scolarité dans une école normale. Mais a bientôt été isolée quand ses camarades de classe ont su qu'elle était séropositive.

« Je m'asseyais dans un coin de la salle de classe et personne ne voulait me parler », se remémore-t-elle. Elle a fini par tomber en dépression, et bien qu'elle s'en soit sortie, elle n'a jamais voulu retourner dans cette école.

Mais la classe spéciale et l'École du Ruban Rouge ont été de véritables bouées de sauvetage dans le sort de ces enfants. L'école dispose maintenant de deux employés, qui s'occupent des besoins quotidiens des enfants, et sept enseignants, dont l'un est la fille de Guo. La plupart des élèves ont été infectés par la transmission mère-bébé et ont perdu un ou les deux parents. Pour eux, l'école représente un foyer, et Guo et les enseignants, une famille.

En 2005, Guo a reçu un important don international d'antirétroviraux. Ces médicaments permettent d'inhiber le virus dans le corps du malade et améliorent son système immunitaire. Les enfants peuvent ainsi vivre une vie quasi-normale aussi longtemps qu'ils continuent le traitement.

Officiellement reconnu

Obtenir la certification académique des élèves a été un problème majeur. Six ans après l'ouverture de l'établissement, aucun des élèves ne pouvait obtenir de certificat pour passer l'examen d'entrée au collège.

Mais en novembre 2011, un mois après la visite de Peng Liyuan, l'école était incorporée dans le système éducatif national. Désormais, l'établissement propose un cursus primaire et secondaire.

« Avant cela, je pensais qu'il suffisait que les élèves suivent un enseignement professionnel et qu'ils se tiennent debout sur leurs deux pieds. Mais lorsque l'école a été intégrée au système éducatif national, j'ai voulu aller plus loin et les envoyer à l'université pour recevoir une enseignement supérieur », explique encore Guo. En 2017, 15 étudiants de l'école ont été inscrits dans des écoles préparatoires. La plupart de l'argent pour leurs frais de scolarité provient de dons d'entrepreneurs.

Les changements dans l'attitude des gens vis-à-vis de la maladie sont positifs. « Il y a dix ans, les gens refusaient de manger avec moi quand ils savaient que mon travail était lié au sida », détaille le directeur. Depuis 2012, en partenariat avec la Fondation AIDS Healthcare de Chine, l'école a organisé un déjeuner annuel pour les enfants, pour célébrer la journée mondiale contre la discrimination contre le sida le 26 mai de chaque année.

 

Des volontaires de l’école du Ruban Rouge préparent des raviolis pour les enfants.

 

« Le déjeuner vise à évoquer les soins, en particulier pour les enfants, touchés par le sida, afin que nous puissions travailler ensemble pour arrêter la discrimination », a déclaré Guo. « Partager un repas, un sourire ou un câlin avec ces enfants est important pour eux. » Chaque année, plusieurs centaines de personnes participent ainsi à l'activité.

Concernant l'avenir, Guo souhaite que l'École du Ruban Rouge n'ait plus de raison d'exister. « La fin de cette école signifierait que notre société progresse en termes d'égalité. Nous aurons atteint notre but lorsque toutes les écoles ordinaires pourront accepter ces enfants. »

Pour vos commentaires : xyy@chinafrica.cn

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