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  2017-11-30
 

Défendre la frontière

par Hou Weili | VOL.9 DECEMBRE 2017  ·   2017-11-30
Mots-clés: VIH

 

Un hôpital de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Liu Jie se souvient encore des défis qu’elle a rencontrés dans la lutte contre l’épidémie de sida lors de son passage en tant que bénévole médical au Nigéria, il y a six ans. Ironiquement, ce n’est pas le manque de médicaments ou de financement qui a été le plus grand obstacle, mais la difficulté à livrer efficacement les médicaments et les services de soin. 

« Nous devons savoir qui vit avec le VIH avant de pouvoir leur offrir des services médicaux. C’est la première étape », a déclaré Liu à CHINAFRIQUE. Financé par le Soutien à la santé et au développement de l’éducation, une organisation non gouvernementale locale (ONG), Liu est arrivée dans un village rural dans la banlieue de Kaduna, au Nigéria en 2011 et s’est consacrée au bien-être des femmes et des enfants infectés par le VIH. Malgré le taux élevé d’infection dans la région, les gens étaient réticents à se procurer des tests gratuits, à recevoir des médicaments ou à utiliser des préservatifs pour la prévention de la transmission en raison de la stigmatisation et de la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH. 

Incapable de fournir une prestation efficace, Liu s’est retrouvée dans une situation difficile. Pour contourner le problème, elle a donc appelé sa mère, médecin également, qui lui a parlé des « médecins aux pieds nus ». 

Populaire dans les années 1960 et 1970, lorsque la Chine rurale était dans une misère extrême, ces travailleurs de la santé ont sauvé des vies dans des zones où il n’y avait aucune structure de soins. Maîtrisant certaines compétences médicales de base et familiers des populations locales, les « médecins aux pieds nus » pouvaient guérir les maladies ordinaires et accoucher les femmes. Bien que non professionnels, ils étaient aimés et respectés. Bien sûr, leur travail n’était pas stable et peu payé. En dehors de leurs services en tant que « médecins », ils étaient aussi agriculteurs et étaient si pauvres que beaucoup d’entre eux n’avaient pas de chaussures. D’où leur surnom. 

« De même, il y avait beaucoup de jeunes diplômés sans emploi qui restaient dans la communauté locale. Pourquoi ne pourraient-ils pas y jouer un rôle plus actif ? », questionne Liu, qui travaille actuellement pour le programme des Nations unies sur le VIH (ONUSIDA) en Chine. 

Inspirée par les « médecins aux pieds nus », elle a donc choisi 20 jeunes ayant un parcours médical ou sociologique et leur a donné une formation de base sur la façon de tester le VIH et de sensibiliser sur la prévention de la maladie. Ils sont ensuite devenus des travailleurs médicaux communautaires dans un voisinage familier et ont effectué des programmes de prévention et de traitement avec Liu. 

Former des travailleurs de la santé dans les communautés locales est l’épine dorsale de la lutte contre l’épidémie de sida en Afrique, une leçon que Liu a tirée de son expérience bénévole. Désormais, il est admis entre les pays africains, les organisations mondiales et la Chine que les efforts doivent être menés conjointement pour prévenir et contrôler la maladie. 

  

Amélioration de la prestation des services 

Pour mettre fin à l’épidémie de sida en 2030, l’ONUSIDA a fixé un objectif ambitieux de 90-90-90 (voir infographie) en 2020, qui prévoit de systématiser les tests de dépistage afin que 90 % des personnes séropositives soient au courant de leur infection, que 90 % des personnes diagnostiquées aient accès aux antirétroviraux (ART) et que 90 % des personnes traitées puissent descendre à niveaux indétectables de VIH dans le sang. 

Les statistiques d’ONUSIDA ont montré que globalement, 60 % de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissaient leur état, 46 % des personnes vivant avec le VIH suivaient un traitement et 38 % avaient atteint des niveaux indétectables du VIH en 2015. En comparaison, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale stagnaient, atteignant seulement 36 %, 28 % et 12 % respectivement. 

« L’une des raisons est que les services de santé qui luttent contre le VIH ne parviennent pas à atteindre les zones rurales, laissant les populations porteuses sans surveillance et brisant la continuité du traitement », explique Liu. 

Mais les changements sont sur la bonne voie. Au cours du 29e Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, en juillet dernier, les chefs d’État africains ont approuvé une initiative visant à recruter, former et déployer 2 millions de travailleurs de la santé communautaire à travers le continent en 2020. 

Défendue par Alpha Condé, le Président guinéen et actuel Président de l’Union africaine, l’initiative vise à faire face aux pénuries de main-d’œuvre dans le secteur de la santé en l’Afrique et à améliorer l’accès aux services de santé pour les populations les plus marginalisées. 

L’expérience de la Chine et des pays africains a démontré que les agents de santé communautaires bien formés et correctement supervisés fournissent une excellente qualité de soins et améliorent l’efficacité et l’impact des dépenses de santé. « Vivant dans les communautés qu’ils servent, ces travailleurs sont entièrement dédiés à la réalisation des résultats. Ils aident à concevoir les stratégies les plus efficaces pour le dépistage et le traitement du VIH », a déclaré Michel Sidibe, directeur exécutif de l’ONUSIDA. 

Contrairement aux établissements de santé traditionnels, qui sont souvent trop éloignés des populations, les travailleurs de la santé communautaire officient directement auprès des individus et des collectivités. 

Des kits de dépistage individuels en vente dans des distributeurs à l’Université du Pétrole du Sud-Ouest, à Chengdu. Des kits tels que ceuxci sont disponibles dans de nombreuses universités chinoises, pour éveiller les consciences parmi les jeunes.

  

Des rendements socio-économiques plus larges 

« Ce travail est une question de survie et de développement en Éthiopie », a déclaré le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. « Une couverture médicale totale est impossible sans la construction de systèmes de santé communautaires. » 

L’ONUSIDA estime qu’il y a aujourd’hui plus d’un million d’agents de santé communautaire en Afrique. Au cours des deux prochaines années, un autre million devrait être recruté pour atteindre l’objectif de couverture. Et bien qu’ils semblent être la clé pour atteindre la cible des 90-90-90, les avantages s’étendent bien au-delà de la lutte contre le sida. 

« Cela permettra également d’accélérer nos progrès dans l’accomplissement des objectifs de développement durable fixés par l’ONU, de créer de nouveaux emplois qui renforceront les économies locales et nationales, et offriront de nouvelles possibilités aux jeunes de prospéré », a encore ajouté Sidibe. 

Selon l’ONUSIDA, le recrutement de ces deux millions de travailleurs de la santé en Afrique représenterait 14 % de tous les nouveaux emplois rémunérés créés au niveau régional entre 2005 et 2010. 

Plus qu’un bon travail, il s’agit aussi d’une occasion pour les jeunes talents de redonner à leur communauté locale, transformant « l’explosion démographique » en véritable « dividende démographique », pour assurer la stabilité sociale et accélérer la réalisation des transformations envisagées dans l’Agenda 2063 de l’UA. 

« Des populations en meilleure santé sont aussi plus productives. En améliorant nos résultats en matière sanitaire, et en augmentant la productivité des collectivités mal desservies, l’investissement dans les travailleurs de la santé communautaire peut générer des rendements économiques indirects massifs », conclut finalement Liu. 

  

L’expérience de la Chine 

La coopération dans le secteur médical, en particulier la formation du personnel, a été l’un des points saillants du Forum sur la Coopération sino-africaine. Lors du sommet de Johannesburg en 2015, la Chine s’est engagée à aider l’Afrique à renforcer la prévention et le traitement des maladies infectieuses en Afrique, et à former des médecins, des infirmières, des agents de santé publique et du personnel administratif. 

Lee Njagi, un fonctionnaire du ministère de la Santé du Kenya, en Chine pour un programme de formation sur la gestion du VIH, explique que « l’élément majeur pour le pays a été la recherche et les moyens novateurs de gérer les groupes à risque. » 

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