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Culture et Société
  2016-08-12
 

Ne pas oublier ses racines

par Sudeshna Sarkar et Chen Ran
Mots-clés: Xiamen; l'histoire

Guo Huiping raconte l'histoire des Chinois d'outre-mer aux visiteurs du musée, à Xiamen

 

Quand on annonce à Guo Huiping qu'elle estdiabétique, ses amis lui demandent de modérer ses activités et de faire moins d'efforts. Mais à 71 ans, cette professeure retraitée a d'autres plans, elle décide même d'occuper de nouvelles fonctions, un travail qui devient pour elle une mission. Une fois par semaine, l'énergique retraitée fait une heure de trajet pour se rendre au Musée des Chinois d'outre-mer, l'un des grands sites culturels de Xiamen, une ville portuaire dans la province du Fujian, au sud-est du pays.

Redécouvrir le passé

Depuis septembre dernier, Guo est guide bénévole au musée. Elle conduit les visiteurs dans les trois salles d'exposition présentant le sang, la sueur, les larmes et les victoires d'hommes et de femmes ayant ajouté un chapitre à l'histoire du développement chinois. « Mon engagement a commencé lors des célébrations commémorant le 70e anniversaire de la victoire lors de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise », raconte Guo. La guide met de côté son microphone pour dire au revoir à un groupe de touristes, avant de poursuivre : « Le Musée des Chinois d'outre-mer présentait alors une exposition sur les Chinois installés en Asie du Sud-Est qui étaient revenus pendant l'occupation japonaise pour offrir leurs services comme chauffeurs ou mécaniciens. » Environ 4 000 volontaires ont ainsi transporté des provisions en empruntant de dangereuses routes de montagne, comme la route de Birmanie, construite pour connecter le sud-ouest de la Chine à ce qui était alors la Birmanie, aujourd'hui Myanmar, pour résister à l'occupation japonaise. Près d'un tiers des volontaires sont morts lors de ces missions.

« La direction du musée cherchait alors des bénévoles pour l'exposition et je me suis lancée », se souvient Guo. À la fin de l'exposition, Guo se sent investie d'une mission et décide de continuer son travail de bénévole. Comme le montrent les près de 7 000 photographies, dioramas, maquettes et autres pièces du musée, l'émigration chinoise a connu plusieurs vagues. Les premiers voyageurs étaient des moines allant à l'étranger pour partager leurs connaissances. Ils ont été suivis par les marchands, puis des travailleurs qualifiés cherchant à faire fortune. Certaines sombres périodes de guerre et d'instabilité ont également déclenché des vagues d'émigration. Des réfugiés fuyant la violence, ou bien de pauvres groupes de serfs.

Des fers aux lauriers

La maquette d'un navire d'esclaves, où sont assis des mannequins squelettiques de taille réelle, le visage marqué par le désespoir et la douleur, est l'une des pièces les plus bouleversantes du musée. Après la Première guerre de l'opium (1840-1842), de nombreux Chinois ont été faits serfs et forcés à l'exil. Une expérience douloureuse, comme l'explique le panneau à côté de la maquette : « Du milieu du XIXe siècle au début du XXe siècle, l'histoire chinoise est pleine d'humiliations sans précédent. » De 1850 à 1856, six bateaux partent pour le Pérou, la Guyane et Cuba, emportant des prisonniers chinois. Enchaînés, ils s'entassaient dans la suffocante cale du navire, où des centaines mourraient de faim, de maladie ou sous les coups de leurs bourreaux. Ceux qui survivaient la traversée devenaient esclaves.

Selon les chiffres de 2004, la communauté chinoise à l'étranger est conséquente et repartie dans le monde entier. L'Indonésie accueille la plus grande communauté chinoise, 7,3 millions, suivie par Myanmar avec plus d'un million. En Afrique, c'est en Afrique du Sud qu'on retrouve le plus de Chinois, avec 40 000. Parmi les pays africains ayant accueilli en premier des Chinois on retrouve la Tanzanie, le Nigéria et plus surprenant Madagascar, avec 28 000 Chinois.

Ces souffrances et défis révèlent une histoire pleine de courage. Un récit de résilience et la constante recherche d'une vie meilleure. Le musée raconte l'apparition d'écoles, d'hôpitaux, de banques et d'entreprises dans les premiers Chinatown, sous l'impulsion des Chinois de l'étranger. « De porteurs, cuisiniers et marchands ambulants, ils sont devenus professeurs, médecins, avocats, entrepreneurs et scientifiques », affirme l'un des panneaux du musée. « Les Chinois de l'étranger ont maîtrisé des terres vierges dans leur pays d'accueil, créant une civilisation. » En 1957, Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee qui avaient émigré aux États-Unis, respectivement des villes de Hefei et Shanghai, ont rejoint le club des Chinois résidant à l'étranger ayant participé au développement global. Lorsqu'on leur remet le prix Nobel de physique, ils deviennent les premiers Chinois-Américains à recevoir cet honneur. Mo Hu, arrivé à New York de Shanghai à l'âge de neuf ans, devient directeur adjoint du Service de police de la ville de New York, en 1984.

De fortes racines

Où qu'ils soient, les Chinois d'outre mer maintiennent toujours un lien avec leur pays d'origine. Pendant la guerre d'occupation japonaise, beaucoup rejoignent le mouvement de résistance, alors que d'autres récoltent des fonds, des médicaments ou des moyens de transport pour aider leur nation. En temps de paix, ils construisent des écoles, des universités, des hôpitaux et des musées en Chine. « C'est le premier musée dédié aux Chinois d'outre mer », explique fièrement Zeng Ying, conservateur du musée. « Depuis qu'il a ouvert en 1959, il est visité chaque année par de nombreux Chinois d'outre-mer. Il a d'ailleurs été construit par un Chinois d'outre mer , Tan Kah-kee. La majorité des pièces du musée viennent de sa collection personnelle. »

Surnommé le Henry Ford asiatique, Tan a construit un empire caoutchoutier à Singapour, étendant par la suite ses activités aux mines, aux chaussures et aux cosmétiques. Il a fondé l'Université de Xiamen et l'École normale de Jimei, qui est ensuite devenue l'Université de Jimei. La ville de Xiamen a dédié un musée à son généreux mécène, à Singapour, une station de métro porte même le nom de cet illustre personnage. « Tan disait que les musées étaient aussi importants que les écoles ou les bibliothèques », ajoute Guo. « Les étudiants sont encouragés à venir au musée pour en apprendre davantage sur leur histoire. La visite donne une idée des divers aspects de la vie des Chinois étant partis à l'étranger. »

Près de la sortie du musée, on peut lire les paroles du célèbre chansonnier Wang Jian. Une métaphore décrivant le lien unique entre la Chine et les Chinois ayant quitté la nation. L'attachement des feuilles vertes à la racine est une chanson populaire connue de tous. Sans s'en rendre compte, les visiteurs entonnent l'air en quittant les lieux : « Je pars d'ici et m'en vais très loin/Quels que soient les cieux qui me couvrent/Mon regard ne te quitte jamais/Si je chante au vent/Je chante aussi pour toi. » 

Exclusif CHINAFRIQUE

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