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Culture et Société
  2016-10-14
 

Mariée, mais pas à tout prix

par Xia Yuanyuan | VOL.8 octobre 2016
Mots-clés: Marriage; Chinois
Les rencontres pour célibataires sont de plus en plus populaires.
Des informations concernant des célibataires sont accrochées dans certains parcs.
 

« Alors, est-ce que tu as un copain ? » Guo Yue n'a cessé d'entendre cette question pendant la Fête de la lune, une fête traditionnelle chinoise au cours de laquelle se réunissent les familles (le 15e jour du huitième mois lunaire). Pour la jeune femme, la pression de ses proches a gâché ce qui devait être de joyeuses vacances en famille. Même si à 29 ans, Guo est habituée à cette question, elle la ressent toujours comme une atteinte à sa vie privée, et la bouleverse de plus en plus.

Guo travaille dans une banque publique à Beijing, elle mène une bonne vie et profite de l'indépendance que lui offre sa carrière. Malgré cette réussite professionnelle, ses parents sont très inquiets, ils veulent la voir mariée. Ils craignent qu'elle ne soit « laissée de côté », si elle ne se marie pas bientôt. Le cas de Guo n'a rien d'exceptionnel en Chine, en particulier dans les métropoles comme Beijing. Selon la conception traditionnelle chinoise de la famille, une femme doit être mariée avant ses 30 ans. Sinon, elle perd en valeur et est considérée comme une sheng nu, expression péjorative qui signifie littéralement « femme dont personne ne veut ». Généralement, le terme renvoie à toute femme non mariée qui atteint ou va atteindre la trentaine. Dans la plupart des cas, ces jeunes femmes ont un niveau d'études et un salaire supérieur à la moyenne, et ont tendance à se concentrer sur leur carrière. D'après des statistiques publiées par The Straits Times, un quotidien de Singapour, le nombre de sheng nu à Beijing a dépassé les 800 000.

Ce phénomène reflète un changement d'attitude vis-à-vis du mariage. Dans le passé, il était largement admis que le mariage était l'un des grands événements de la vie. Aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le cas. Selon un sondage en ligne mené par Tencent, le plus grand fournisseur chinois de services internet, auprès de 50 000 individus en 2016, 36,8 % des femmes affirment que le mariage n'est plus une obligation, et qu'elles peuvent mener une vie heureuse sans mari. Les « femmes dont personne ne veut » espèrent tout de même échapper à leur condition. La plupart d'entre elles ont envie de trouver un mari « idéal », tant sur le plan émotionnel que financier. Mais avec le temps, il devient de plus en plus difficile de faire des compromis.

De plus grandes exigences

Depuis ses 25 ans, Guo ne fête plus son anniversaire. Chaque année, cette date lui donnait l'impression que son temps était compté. « Plus je vieillis, plus je stresse », confie Guo à CHINAFRIQUE. « Je me suis rendu compte que la plupart de mes amis hommes, qui ont mon âge, étaient déjà mariés. Ceux qui sont encore célibataires sont beaucoup plus jeunes que moi, alors il est vraiment difficile de trouver un partenaire convenable. » Pour Guo, le plus important dans un mariage, c'est l'amour. « Le mariage doit être basé sur un véritable amour. Il faut que mon mari soit mon âme sœur. Ce n'est pas facile », reconnaît-elle.

Shao Jie, responsable des ventes à Beijing, se préoccupe surtout de la situation financière de son futur époux. Cette jeune femme de 32 ans a un salaire beaucoup plus élevé que la moyenne. « Le mariage est autre chose que de simples rencontres amoureuses. Il doit reposer sur des conditions réalistes. S'il existe un large écart en termes de revenus entre mon mari et moi, nous n'aurons pas les mêmes habitudes de consommation. Je n'accepterai pas un homme dans une moins bonne situation financière que moi », avoue-t-elle. « Si c'est le cas, je préfère rester seule. »

Un phénomène nouveau

L'apparition de ces femmes volontairement célibataires peut s'expliquer par les changements sociaux et économiques qu'a connus la société chinoise. Aujourd'hui, le niveau moyen d'études des femmes est plus élevé que celui des hommes. Selon les chiffres du ministère chinois de l'Éducation, le nombre de diplômées dans l'enseignement supérieur universitaire de troisième cycle, a dépassé celui des diplômés pendant six années consécutives, de 2009 à 2014. Cela pose des problèmes dans une société traditionnelle où les hommes préfèrent généralement une épouse avec une faible formation académique. Le niveau de vie est également un facteur important. La hausse des prix immobiliers dans les métropoles pèse lourdement sur les épaules des jeunes qui viennent d'entrer sur le marché du travail. D'après Home Link, une agence immobilière de Beijing, le prix moyen d'un logement dans la capitale était de 7 700 dollars par m2 en août 2016, le plus haut niveau du pays.

Pour Wang Junsheng, psychologue à la Fédération des femmes dans la province du Shandong, la mutation du marché du travail pose aussi un grand problème. La recherche d'emploi étant toujours très stressante pour les jeunes, ils consacrent plus de temps et d'énergie à leur éducation qu'à leur mariage. « À la fin de leurs études universitaires de troisième cycle, les jeunes ont presque 30 ans. Quand ils s'installent enfin, avec un emploi stable, ils ont déjà dépassé l'âge idéal pour se marier », explique M. Wang.

Quelles conséquences ?

Rester célibataire ou non ? Quand se marier ? Ce sont des questions très personnelles, qui ont pourtant un impact sur le développement d'une société. Fin 2015, selon le ministère des Affaires civiles, le nombre des jeunes célibataires a atteint les 20 millions en Chine. Avec un tel nombre de célibataires en âge de se marier, le prochain baby-boom pourrait être retardé indéfiniment. Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour la Chine, avec une forte population vieillissante. Le Rapport sur la population et le développement social 2014, publié par la Commission nationale du développement et de la réforme, montre que la Chine est entrée dans une phase de faible fécondité. L'Académie chinoise des sciences sociales indique que le taux de natalité en Chine a continué de baisser en 2015, pour atteindre seulement 1,4 %. L'actuel taux de natalité se rapproche dangereusement du faible niveau de fécondité internationalement reconnu, 1,3 %.

Étant donné que le mariage et l'accouchement tardifs peuvent renforcer le vieillissement de la population, le gouvernement chinois prend des mesures pour atténuer cette tendance. D'après la nouvelle loi sur la planification familiale, amendée et adoptée le 27 décembre 2015, les couples sont désormais autorisés à avoir deux enfants. Cette politique devrait soulager la pression causée par le vieillissement et rééquilibrer la structure de la population nationale. « Je souhaite avoir un mariage heureux et un beau bébé. Mais je dois attendre, attendre de trouver la personne idéale », conclut Guo. « Pour le moment, je profite de ma vie de célibataire, et c'est pas mal. »

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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