中文 ANGLAIS Beijing Information
Culture et Société
  2017-06-20
 

Tourner la page

par Liu Jian | VOL.9 JUIN 2017
Mots-clés: lecture

Des enfants lisent des livres après l’école à la bibliothèque Haoshan, pendant que le bibliothécaire (au premier plan) enregistre des livres

 

Duan Chun est probablement le plus vieux bibliothécaire de Chine, si ce n'est du monde... Cet homme de 96 ans a dédié une partie importante de sa vie à promouvoir l'alphabétisation et la lecture dans un petit village du centre-sud de la Chine. En 1985, M. Duan, avec sept autres cofondateurs, collecte des fonds et fonde la bibliothèque Haoshan, dans le village Haoshan du district Anren, dans la province du Hunan. Dès lors, le nombre de livres passe de 5 300 à 53 000, ce qui permet à 152 étudiants – un nombre élevé pour un village de 2 000 habitants – de poursuivre leurs études supérieures.

« Cette bibliothèque a été fondée pour promouvoir la lecture dans notre village en fournissant aux villageois un accès facile aux livres », rappelle M. Duan. Inspirés par le travail des huit fondateurs, d'autres villageois rejoignent leur équipe, jusqu'à compter désormais plus de 40 bibliothécaires bénévoles.

Tan Xianggui, qui a grandi au village, et qui enseigne à l'Université de Hunan, affirme qu'il a en grandement bénéficié : « M. Duan et sa bibliothèque m'ont ouvert les portes de la connaissance. Il faut savoir qu'un enfant qui grandit en milieu rural manque d'installations culturelles. Lire dans cette petite bibliothèque est l'un de mes meilleurs souvenirs d'enfance. La lecture a changé ma vie. »

Dans le Hunan, il existe plus de 40 000 bibliothèques de village, bénéficiant d'un large soutien social. Dans la campagne pour la lecture lancée par la Chine le 19 avril dernier, à Changsha, la capitale du Hunan, les entreprises chinoises ont fait don de 300 000 livres à des bibliothèques similaires dans toute la province.

La culture de la lecture s'implante

À l'instar des bibliothèques villageoises, de nouveaux vecteurs de lecture sont devenus populaires ces der-nières années, du traditionnel livre papier aux extraits de livres dans les émissions de télévision, en passant par les réseaux sociaux.

Depuis sa première diffusion sur CCTV, le 18 février dernier, l'émission Readers rencontre un grand succès. Le talk-show hebdomadaire invite les gens de tous les horizons à lire à haute voix des extraits de poèmes, d'essais et de livres qu'ils aiment ou qu'ils ont écrits. Grâce à cette formule, l'émission suscite un nouvel enthousiasme pour la littérature, notamment grâce à des lecteurs vedettes, comme le premier astronaute chinois Yang Liwei. « Tous les lecteurs sont connus dans leur domaine respectif, et notre émission parvient à faire ressortir leur côté sentimental », explique Dong Qing, la présentatrice. « J'ai pleuré à chaque épisode. J'aime les mots, l'émotion et la récitation. Chaque aspect de ce programme me semble beau », écrit un spectateur sur internet.

 

Des enfants choisissent des livres à la bibliothèque Haoshan.

 

Services pratiques

En tant que « rat de bibliothèque », comme elle se décrit elle-même, Li Wei, 32 ans, a été ravie de découvrir une bibliothèque en libre-service, ouverte 24h/24, et près de son lieu de travail. « C'est aussi pratique qu'un distributeur de billets. Maintenant, je n'ai pas besoin d'aller trop loin pour emprunter des livres », confie-t-elle à CHINAFRIQUE. L'année dernière, elle a emprunté plus de cinq livres par mois dans la petite bibliothèque, qui en compte 400.

Ce projet de bibliothèques urbaines ouvertes 24h/24 a été lancé en 2011, par la Bibliothèque Principale de Chine et les bibliothèques des différents arrondissements, sous la direction du Bureau municipal de la culture de Beijing. Les lecteurs doivent demander une carte de membre et emprunter des livres selon le même principe qu'un distributeur automatique. Ils peuvent par ailleurs les rendre dans n'importe quelle station.

Pendant les six dernières années, le nombre de ces bibliothèques a dépassé les 150 à Beijing, et des installations similaires prolifèrent dans de nombreuses autres villes du pays. « Les bibliothèques ouvertes 24h/24 jouent un rôle complémentaire par rapport aux bibliothèques traditionnelles, rendant les livres accessibles au plus grand nombre », a déclaré Ma Jun, directeur adjoint du Comité de la culture de l'arrondissement de Chaoyang de Beijing.

De nouvelles habitudes

À l'ère du numérique, les parents gardent toutefois un attachement fort pour les livres imprimés. Lors de la Journée internationale du livre pour enfants, le 2 avril dernier, Yang Ling, 35 ans, a acheté la collection complète des Contes d'Andersen pour sa fille de 7 ans. « J'aime acheter des livres pour ma fille, et j'espère qu'elle pourra découvrir la joie de lire, au lieu de passer son temps sur des écrans », explique-t-elle à CHINAFRIQUE.

Au cours de la dernière décennie, le nombre de livres pour enfants publiés en Chine n'a cessé d'augmenter : en 2016, la croissance a été de 26 %, selon les statistiques publiées lors de la 14 Exposition d'Éducation de Shanghai, en avril. « Par rapport à la lecture numérique, qui reste superficielle, le papier procure une joie bien particulière aux enfants. De plus, une lecture approfondie les aide à cultiver leur pensée critique », précise Wang Zhong, président de la maison d'édition pour jeunes et enfants de la province du Zhejiang.

Rôles complémentaires

Alors que les smartphones et les liseuses électroniques sont de plus en plus répandus, certains craignent que les jours du livre papier ne soient comptés. Cependant, selon un sondage récent, ceux-ci restent populaires parmi les lecteurs chinois. En moyenne, les Chinois ont lu 7,86 livres par personne l'année dernière, dont 4,65 livres imprimés et 3,21 e-books, selon l'Académie chinoise de presse et de publication (ACPP). 51,6 % des sondés ont répondu qu'ils préféraient « tenir un livre imprimé » plutôt que de lire sur téléphone mobile (33,8 %), sur ordinateur (9,8 %) ou sur liseuse (3,8 %).

Le retour au papier est d'ailleurs une tendance visible dans de nombreux pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, selon Xu Shengguo, directeur du Centre national de recherche et de promotion de la lecture de l'ACPP. « Bien que la lecture numérique soit rapide et pratique, elle est relativement fragmentée, alors que la lecture de livres papier favorise la lecture approfondie », explique M. Xu, en ajoutant que les histoires pour enfants, les rapports académiques et la littérature classique devraient toujours être lus sur support papier.

Pour vos commentaires : liujian@chinafrica.cn

Imprimer
Liens: french.china.org.cn   |   LA CHINE AU PRÉSENT   |   La Chine Pictorial   |   Xinhuanet   |   Le Quotidien du Peuple   |   CCTVfr
Radio Chine Internationale   |   Réseau sur la coopération sino-africaine
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Copyright CHINAFRIQUE tous droits réservés 京ICP备08005356号
PARTAGER
Facebook
Twitter
Weibo