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Économie
  2016-05-03
 

Innover en Chine

par Jordyn Dahl | VOL.8 MAI 2016 CHINAFRIQUE
Mots-clés: nouveaux entrepreneurs ;défis

 
Song Yangzhou (à gauche), professeur de l’Université de Sun Yat-sen, spécialisé dans la modification génétique, a été embauché dans le cadre du « Plan des mille talents », à Guangzhou dans la province du Guangdong au sud-est de la Chine
 

Des chercheurs de l’Université médicale de Guangzhou, dans la province du Guangdong au sud-est de la Chine, ont fait la Une des journaux au mois d’avril après avoir publié un article scientifique présentant leur recherche visant à modifier les gènes d’embryons humains pour les rendre résistants au VIH. Une autre équipe scientifique chinoise avait modifié pour la première fois l’ADN de l’embryon humain en avril 2015, suscitant un débat international sur l’éthique de cette pratique scientifique. L’équipe, de l’Université Sun Yat-sen de Guangzhou, avait alors modifié un gène lié à une maladie du sang réduisant la production d’hémoglobine, une protéine contenant du fer dans les globules rouges. 

La communauté scientifique occidentale se méfie des résultats des chercheurs chinois. Selon Christina Larson, journaliste scientifique basée à Beijing, cette suspicion s’expliquerait par la prépondérance des scientifiques occidentaux dans les recherches sur l’ADN, dans des écoles comme le MIT ou Harvard. Les Chinois apparaissant à leurs yeux comme des nouveaux venus dans le domaine.  

Les talents chinois 

Ce développement rapide du milieu scientifique chinois peut s’expliquer par les initiatives gouvernementales visant à accroître la recherche scientifique du pays et attirer des scientifiques du monde entier. En 2008, la Chine lance le « Plan des mille talents » pour inciter les populations d’origine chinoise ou chinoises à venir travailler ou étudier en Chine. Ce plan est l’une des mesures du gouvernement pour lutter contre la « fuite des cerveaux »  l’exode massif d’étudiants et professionnels. Une étude de 2007 de l’Académie chinoise des sciences sociales a révélé que sept Chinois sur dix ayant étudié à l’étranger entre 1978 et 2006 n’étaient pas revenus en Chine. La tendance semble pourtant lentement s’inverser, avec un retour de nombreux étudiants chinois espérant trouver du travail. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Éducation, près de 460 000 étudiants chinois sont partis à l’étranger en 2014, une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Toutefois, environ 365 000 étudiants sont revenus en Chine la même année, 3,2 %  de plus qu’en 2013. 

  

Les jeunes innovent  

La recherche sur l’ADN n’est qu’un des domaines révolutionnés par l’innovation en Chine. Le pays a connu un engouement pour les start-up à partir de 2014, quand le Premier ministre Li Keqiang a encouragé les étudiants et autres aspirants entrepreneurs à lancer leur propre entreprise. Pour promouvoir l’esprit d’entreprise, le gouvernement a réformé ses règles d’enregistrement pour les entreprises et abaissé le montant minimum de capital social nécessaire. Ce soutien aux nouvelles entreprises est aussi motivé par le manque d’opportunités professionnelles pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, expliquait Mark Williams, économiste chez Capital Economics, à Beijing Information. Les diplômés semblent tenir compte de l’appel du Premier ministre. Plus de 6 % des jeunes diplômés prévoyaient de lancer leur propre entreprise en 2015, selon un sondage réalisé par Zhaopin.com, un site internet de ressources humaines. 21 % ont exprimé l’envie de démarrer une entreprise, sans préciser s’ils allaient donner suite à cette envie. « Beaucoup d’étudiants quittent l’université pour lancer leur propre entreprise. Créer sa start-up est une sorte de mode, les jeunes pensent que c’est cool. Ils ne voient pas les épreuves dans la création d’une start-up, alors beaucoup échouent », confiait à Beijing Information Sino Shi, investisseur en capital-risque pour China Growth Capital. En fait, seulement 2,4 % des nouvelles start-up réussissent, selon un rapport de l’agence de presse Xinhua de 2014.  

L’augmentation des diplômés lançant leur propre entreprise coïncide avec un changement de la culture chinoise. Il y a quelques années, il aurait été impensable pour un diplômé d’annoncer qu’il renonçait à une carrière dans l’une des entreprises publiques ou les grandes entreprises privées pour risquer de lancer sa propre entreprise. « Désormais, on ne stigmatise plus l’échec. Démarrer une entreprise devient une option valable », affirme Kaiser Kuo, directeur des communications internationales pour Baidu, premier moteur de recherche en Chine et un des trois géants des technologies du pays.  

  

Un marché surévalué  

Stimuler l’esprit d’entreprise permettra également de créer une économie innovante, capable d’amortir le ralentissement de la croissance économique du pays. Ralentissement causé par le passage d’une économie de commerce et de fabrication à une économie de consommation, axée sur les services. Les spécialistes craignent que cette transition soit prématurée : en cherchant à accroître son PIB par l’innovation, la Chine risque de créer des problèmes supplémentaires sur le marché du travail. « Des progrès technologiques supplémentaires pourraient vraiment avoir un impact significatif sur la façon dont le travail est généralement déployé », expliquait Charles Freeman, du groupe de réflexion John L. Thornton, à Beijing Information. « La Chine a encore un grand problème de surcapacité et suremploi. Si le pays décide de s’attaquer à certains de ces problèmes en se déplaçant vers une économie innovante, ça ne créera pas beaucoup d’emplois. » Fragilisée par la surcapacité dans ses industries charbonnières et sidérurgiques, la Chine a de plus en plus besoin de nouvelles sources de revenus et de possibilités d’emploi. Pour faire face à l’offre excédentaire, les industries mettent en place des réformes qui devraient mener au licenciement d’1,8 million d’ouvriers. Le gouvernement a prévu un fonds de 100 milliards de yuans (15,4 milliards de dollars) pour aider ces ouvriers. 

Indépendamment des motivations chinoises pour promouvoir l’innovation, on constate une augmentation des entreprises de capital-risque privées et publiques investissant dans les nouvelles start-up. Les entreprises de capital-risque soutenues par le gouvernement ont récolté près d’1 500 milliards de yuans (231 milliards de dollars) en 2015, selon les données de Zero2IPO Group, un cabinet de consultants. D’autres placements de capital-risque ont plus que doublé l’année dernière, atteignant 32,2 milliards de dollars, selon CB Insights, un cabinet d’études. Environ 4,7 milliards de dollars ont été investis dans des start-up locales, au premier trimestre 2016. Selon des investisseurs en capital-risque interviewés par Beijing Information, l’énorme quantité d’argent injecté dans le marché des start-up a créé des entreprises surévaluées, notamment suite à l’afflux de sociétés nouvellement enregistrées en 2014. « Il y a trop d’argent dans le marché, mais pas autant de bonnes équipes. Si vous regardez l’offre et la demande, il y a une inflation naturelle. Mais ça s’est un peu calmé », expliquait Zhao Chen, responsable régional pour Plug & Play, à Beijing Information. Par ailleurs, l’argent ne vient pas seulement des investisseurs professionnels. Selon Liu Bo, investisseur en capital-risque pour TusPark Holdings, les turbulences de la Bourse chinoise et un excès de biens immobiliers poussent de nombreux investisseurs particuliers à se tourner vers les start-up. L’essaim de nouveaux investisseurs n’a fait qu’accroître la surévaluation des start-up. « La plupart d’entre eux n’ont pas les connaissances pour juger un projet émergeant, ni les ressources nécessaires pour aider les start-up, c’est donc vraiment une voix troublante dans ce marché », conclut Liu.  

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