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Économie
  2016-09-28
 

Les BRICS, toujours d'actualité

par Han Liqun | VOL.8 octobre 2016
Mots-clés: BRICS

La première rencontre des ministres des Sciences, Technologies et de l’Innovation des BRICS s’est tenue au Cap, en Afrique du Sud, en février 2014

 

Depuis que certains pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) connaissent un ralentissement économique, de nombreux observateurs soutiennent que le groupe des grandes économies émergentes est plus vulnérable que jamais. S’il est vrai que dans le climat économique actuel les BRICS rencontrent beaucoup de difficultés, ces observateurs critiques oublient les facteurs favorables à la croissance à long terme de ces pays et minimisent leur rôle dans les affaires mondiales. La croissance économique n’est pas le seul fondement de la coopération entre les BRICS. Dans un monde en constante évolution, la montée des économies émergentes est une tendance historique qui demeure. Les pays développés ont besoin du vaste marché des économies émergentes.

 

Forces et faiblesses

Les BRICS font face à quatre principaux défis, mais la volonté de résoudre ces difficultés pourrait renforcer la coopération au sein du groupe. Il est indéniable que les pays membres sont en train de perdre certains avantages comparatifs, en termes de croissance économique. À l’heure actuelle, les principaux défis des économies émergentes sont liés au coût du travail, aux terres, aux ressources et au capital, tandis que le retour sur investissement diminue remarquablement.

Les coûts salariaux en Chine représentaient, par exemple, seulement 33 % des coûts au Mexique en 1996, mais ce taux a grimpé à 115 % en 2015. De 2012 à 2015, l’Indice des BRICS Morgan Stanley Capital International, qui mesure le rendement combiné du marché boursier au Brésil, en Russie, en Inde et en Chine, a été négatif pendant trois années consécutives. Le retour annuel sur investissement dans les pays du groupe a également fortement diminué. De nombreuses causes expliquent l’effondrement de la demande d’investissements. D’une part, une réévaluation du potentiel d’investissement des BRICS, autrefois exagéré ; d’autre part, des problèmes, tels que le manque de financements et la capacité de production excédentaire, qui se sont aggravés à la suite de la crise financière de 2008, freinant l’enthousiasme des investisseurs.

La concurrence a également férocement augmenté pour les BRICS. Les pays développés tentent en effet de reprendre le contrôle de l’économie mondiale par la ré-industrialisation, qui pourrait remodeler le processus de mondialisation. Prenons l’exemple des États-Unis. Le salaire moyen ayant suivi l’effondrement de la croissance et l’automatisation s’étant généralisée, la productivité a été stimulée et les coûts de production réduits, amenant le retour des emplois manufacturiers. Par ailleurs, les grandes multinationales américaines n’ont cessé de renouveler leurs stratégies, s’intéressant aux industries naissantes afin de maintenir leur leadership mondial.

Pour faire face à la crise mondiale, les BRICS ont, sans exception, adopté de fortes mesures pour stimuler l’économie, qui leur ont permis de survivre à cette catastrophe financière. Toutefois, ces mesures ont, dans une certaine mesure, étouffé le fonctionnement des entreprises, et nuit au développement économique à long terme. Le Brésil a, par exemple, abaissé son taux débiteur de référence 16 mois consécutifs, ce qui a été un grand coup pour Petrobras, la compagnie pétrolière semi-publique représentant 10 % de l’économie du pays.

Par ailleurs, les dépenses sécuritaires des BRICS étaient relativement faibles avant la crise financière mondiale. Cependant, l’environnement sécuritaire après la crise s’est aggravé considérablement. Les menaces traditionnelles et non traditionnelles ont augmenté, avec l’influence combinée d’acteurs étatiques et non-étatiques (al-Qaïda et l’organisation État islamique) sur les affaires mondiales. La concurrence stratégique entre les grandes puissances a non seulement compliqué certaines questions mais également menacé la stabilité du système sécuritaire international. Si cette situation persiste, la reprise économique mondiale sera difficile. La Russie a, par exemple, participé aux guerres en Ukraine et en Syrie depuis fin 2013, faisant passer les dépenses militaires du pays à 66,4 milliards de dollars en 2015, le chiffre le plus élevé depuis dix ans.

 

Le président de la NBD, K.V. Kamath, le ministre des Finances chinois, Lou Jiwei et le maire de Shanghai Yang Xiong (de gauche à droite), inaugurent l’institution financière multilatérale des BRICS, à Shanghai le 21 juillet 2015

 

Quel avenir ?

Toutefois, les BRICS ont encore un très grand potentiel de croissance. Ces pays ont fait des efforts pour adapter leurs structures économiques et créer des nouveaux moteurs de croissance. La priorité a été donnée aux nouveaux secteurs compétitifs dans les domaines de forte valeur ajoutée, en se concentrant sur la recherche et le développement. Plus de la moitié des entreprises chinoises auraient déjà fait de l’innovation leur principale priorité, contre moins de 30 % des sociétés américaines. Actuellement, les entreprises de télécommunications chinoises ont déjà dépassé leurs homologues occidentales, et les médicaments génériques fabriqués en Inde ont accaparé une part importante du marché mondial. Le Brésil est devenu un acteur mondial dominant dans les produits protéinés, alors que les investissements à l’étranger des entreprises russes n’ont cessé d’augmenter. Ces nouveaux avantages concurrentiels, ainsi que l’apparition d’une main-d’œuvre qualifiée, vont aider les BRICS à sortir de cette crise.

Plusieurs organisations internationales et instituts de recherche sont optimistes quant aux perspectives de croissance des BRICS. Alors que le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé ses perspectives pour la croissance économique mondiale de 0,1 %, il a augmenté de 0,1 % ses prévisions pour la croissance chinoise, soulignant son approbation des politiques économiques du gouvernement chinois. Le FMI a également prédit que la croissance de la Russie et du Brésil pourrait reprendre dans les prochaines années, et que l’économie indienne devrait maintenir une expansion relativement rapide sur le long terme.

 

Une coopération multiple

Le système international a profondément évolué depuis le déclenchement de la crise financière mondiale. La force des économies émergentes, notamment des BRICS, a rapidement augmenté. Celles-ci sont devenues une importante puissance dans l’amélioration du système de gouvernance mondiale, pour la promotion d’un ordre international plus juste et plus raisonnable. Même si les BRICS ne maintiennent pas une croissance à grande vitesse, leur participation à la gouvernance mondiale ne sera pas remise en question.

Depuis la création du groupe, les cinq pays membres ont mis en place un système complet de coopération sur la base de consultations égales. Leur coopération englobe des domaines politiques et économiques. Ensemble, ils ont créé la Nouvelle Banque de développement (NBD) et la Réserve d’arrangement des devises des BRICS. Ils ont également coordonné leurs positions et leurs actions en ce qui concerne les grandes questions internationales. À l’heure actuelle, la NBD a déjà commencé à financer des projets dans les pays du groupe, ce qui signifie que la coopération au sein du groupe a été institutionnalisée. Cette coopération contribue également à renforcer la compréhension mutuelle et les liens entre les peuples des cinq pays membres.

Les obstacles au développement économique des BRICS pourraient se révéler favorables à la coopération politique. Ainsi, alors que l’environnement sécuritaire international empire et freine la reprise économique mondiale, les économies émergentes ont tout intérêt à inverser cette tendance. Les pays du groupe font face à des situations assez différentes à plusieurs niveaux. Le ralentissement économique mondial amplifie ces différences.

Il y a toujours eu des observateurs très critiques des BRICS, et plus particulièrement de la Chine, bien avant la crise financière mondiale. Cependant, l’influence du groupe ne cesse de croître. Dans les dernières années, les cinq pays membres ont contribué pour plus de 50 % à la croissance mondiale. Actuellement, ils représentent plus de 20 % du PIB mondial, une proportion qui devrait passer à environ 25 % d’ici 2020. Le prochain sommet des BRICS, qui se tiendra en Inde en octobre 2016, devrait permettre de continuer à améliorer cet important mécanisme de coopération.

(L’auteur est chargé de recherche à l’Institut des relations internationales de Chine.)

 

Exclusif CHINAFRIQUE

 
 
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