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  2016-02-04
 

Des métamorphoses économiques

par Hannah Edinger | VOL.8 FÉVRIER 2016
Mots-clés: Chine; Afrique; économie

 
 Débuté par China Railway en 2004, le chemin de fer de 1 300 km de Benguela a été finalisé début 2015

L’année dernière a été importante dans l’approfondissement des relations entre la Chine et l’Afrique. Politiquement, ces relations n’ont jamais été aussi développées. Il en est de même pour les relations commerciales, soutenues par de constants engagements financiers, une grande diversification des investissements et un impressionnant marché bilatéral de marchandises, qui devrait bientôt s’élever à un nouveau record de près 300 milliards de dollars. 2015 a également permis de définir une direction plus symbiotique pour l’avenir du corridor commercial sino-africain.

L’année a commencé avec la traditionnelle tournée africaine du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, première visite officielle de la Chine chaque année. Avec des visites au Kenya, Soudan, Cameroun, Guinée équatoriale et la République démocratique du Congo, où le ministre s’est assuré que les engagements chinois étaient tenus, la Chine a confirmé l’importance de l’Afrique dans sa politique commerciale extérieure.

Toutefois, le paysage économique africain avait déjà changé lors de la visite du ministre Wang. Certaines économies productrices de matières premières subissaient la chute des prix de leurs ressources. De juin 2014 à janvier 2015, les prix du pétrole avaient été divisés par deux. Le baril est ainsi passé de 100 dollars à près 50 dollars, une chute causée par une saturation globale du marché.

Par la suite, le ralentissement de la croissance chinoise, la baisse de la demande et l’engorgement du marché ont fait chuter d’autres prix. Cette chute a jusqu’à aujourd’hui de graves conséquences pour les exportateurs de marchandises africains, étant donné leur dépendance structurelle aux revenus du pétrole, cuivre, fer et charbon. En 2013, les matières premières (énergies fossiles, métaux, minéraux, etc.) représentaient plus de 90?% des exportations de plus de trois quarts des économies africaines.

Les difficultés de la Bourse en Chine et la dévaluation de sa monnaie s’ajoutèrent aux autres vicissitudes de l’économie mondiale à l’été 2015. Les espoirs quant à la régularisation des taux aux ?tats-Unis eurent également un effet sur le continent africain. La dévaluation des monnaies africaines face au dollar américain a fait perdre des milliards à leurs économies respectives, accru le co?t des importations, réduit les budgets nationaux et diminué leurs perspectives de croissance. Personne n’a donc été surpris en octobre quand le Fonds monétaire international a réduit les perspectives de croissance du PIB de l’Afrique sub-saharienne pour 2015 à 3,8?% (repassant à 4,3?% en 2016).

La Chine, un financier fondamental

Contr?lant généralement les projets de l’industrie d’extraction, la Chine a conservé sa place d’important financier et b?tisseur d’infrastructures en Afrique, particulièrement dans le secteur des transports (voies ferrées) et de l’énergie (production d’électricité). Malgré le délabrement des rails et l’obsolescence de l’équipement de transport, il existe en Afrique une volonté d’amplifier l’intégration régionale. Dans cet objectif, d’importants investissements ont été faits dans des projets ferroviaires en Afrique sub-saharienne, certains desquels ont été finalisés cette année. L’inauguration du chemin de fer de Benguela en Angola a ainsi été un événement majeur. Construit par China Railway à partir de 2004, ce réseau de 1 300 km a été finalisé au début de l’année 2015. Quelques mois plus tard, la même société inaugure son premier projet de chemins de fer légers en Afrique. Mi-2015, China Civil Engineering Construction Corp. avait terminé près de la moitié des 756 km de la ligne de chemins de fer qu’elle construisait avec China Railway à Addis Abeba. Cette ligne permettra de développer une route commerciale entre l’Éthiopie et Djibouti. La Chine mène actuellement d’autres projets ferroviaires au Kenya et au Nigeria, ainsi qu’en Afrique du Sud, pays sub-saharien avec le plus important réseau ferroviaire. La Chine est devenue un partenaire essentiel de la compagnie sud-africaine nationale ferroviaire, portuaire et du transport par pipeline, Transnet, contribuant ainsi au développement de l’industrie locale.

Un premier lot de 85 locomotives électriques (sur un total de 1?064), achetées à la Chine et construites en Afrique du Sud, a été livré en mars 2015. Trois mois plus tard, la Banque chinoise de développement a annoncé qu’elle financerait et soutiendrait la recapitalisation de Transnet à hauteur de 1,82 milliard de dollars sur une période de 15 ans. Transnet devient ainsi la première société d’?tat sud-africaine à recevoir un considérable financement chinois.

L’investissement continu de la Chine dans le secteur de l’énergie en Afrique répond au tristement célèbre problème d’insuffisance énergétique. L’énergie est indispensable au continent pour développer des industries à valeur ajoutée. En 2015, les entreprises chinoises ont continué de s’engager dans des projets énergétiques, menant des projets transfrontaliers en Afrique de l’Est, ainsi que des projets dans le secteur des énergies renouvelables au Ghana, Kenya, Tanzanie et Afrique du Sud.

Une coopération dans le développement des liaisons aériennes a également été mise en place afin d’accro?tre l’activité économique entre la Chine et l’Afrique. Des vols directs reliant Johannesburg et Beijing, exploités par South African Airways en partage de codes avec Air China, ont repris en novembre. Cette reprise a coïncidé avec la chute du tourisme chinois en Afrique du Sud. En effet, à cause d’une réglementation plus stricte en matière de visas, le nombre de visiteurs chinois en Afrique du Sud a atteint son plus bas niveau entre juin 2014 et juin 2015. L’Afrique du Sud a finalement allégé la procédure en octobre 2015. Les liaisons aériennes entre l’Afrique de l’Est et la Chine se sont également développées avec le lancement d’une ligne directe entre les deux régions.

 
 Des vols directs entre Johannesburg et Beijing ont repris en novembre 2015

Un système de coopération

On peut ainsi constater que les projets et accords dans les secteurs de l’énergie et des transports s’insèrent parfaitement dans le cadre de la coopération prévue par les accords entre la Chine et l’Union africaine début 2015. Ces accords prévoient une augmentation de la coopération dans le secteur des infrastructures, particulièrement dans les transports, pour encourager l’intégration régionale et les efforts d’industrialisation du continent dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’UA. Pour la Chine, ces projets s’insèrent dans le cadre du développement de son plan « une Ceinture et une Route», les entreprises chinoises cherchent ainsi à déplacer une partie de leur capacité de production dans plusieurs industries (lourdes).

L’année se termine sur la même note quand le Président Xi Jinping confirme le soutien de la Chine à l’industrialisation et aux efforts de diversification économique en Afrique au Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), à Johannesburg début décembre. Ce sommet, auquel ont assisté bon nombre de chefs d’État, a été un des moments forts des relations sino-africaines en 2015. Étant l’un des plus importants investisseurs et financiers du développement africain, la Chine s’est engagée à investir 60 milliards de dollars sur le continent, soit le triple de ce qu’elle avait promis lors du sommet du FCSA en 2012, avec notamment 10 milliards dédiés à la coopération en matière de capacité industrielle.

Outre les engagements des autorités politiques, les principales discussions économiques concernaient le développement d’un modèle de coopération plus équitable et la diversification des investissements industriels chinois. Il est probable que 2015 devienne une année repère dans l’établissement d’une politique plus symbiotique de l’économie chinoise, en constante évolution, dans son engagement auprès de l’Afrique qui, à ce jour, demeure le continent avec le plus grand nombre d’économies les moins industrialisées.

Répercussions en 2016

Avec une monnaie en déclin et des sorties de capitaux moins confiantes en la puissante croissance asiatique, les performances économiques de la Chine vont être suivies de près dans le monde en 2016, pendant que les efforts pour stabiliser la situation se poursuivront. Une persistance de la dévaluation monétaire chinoise pourrait avoir un certain nombre de répercussions sur l’économie mondiale, notamment en Afrique, où la relative compétitivité des exportations pourrait être érodée au profit des exportations chinoises. Le pouvoir d’achat des compagnies chinoises à l’étranger pourrait également se trouver réduit avec une possible baisse des prix des marchandises, y compris du pétrole.

Il faut prendre en considération les effets déflationnistes sur les importations et le fait que la majorité des transactions commerciales entre la Chine et le continent, en dépit de la signature de certains accords sur l’échange de monnaie, se font en dollars (bien que le dollar américain se soit considérablement renforcé face à divers monnaies africaines).

Il est évident que la structure changeante de l’économie chinoise et la trajectoire de croissance qui en découlera continueront d’être au coeur des discussions sur l’économie mondiale. Ce changement met à l’épreuve les engagements commerciaux de la Chine avec les autres puissances commerciales mais également avec l’Afrique.

Ces évolutions dans la relation Chine-Afrique devraient être intégrées par les politiques africaines en encourageant des réformes pour accroître la productivité locale et la diversification économique, accentuant la coopération industrielle avec la Chine et d’autres partenaires, luttant ainsi contre la dépendance aux revenus des exportations. Les prochaines années pourraient être déterminantes dans le développement économique des pays qui sauront adapter leur politique.

(Hannah Edinger est directrice associée à Deloitte. Les opinions présentées dans cet article sont celles de l’auteure et n’engagent pas Deloitte.)

 

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