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Édition du mois
  2017-06-01
 

Une enfance équilibrée

par Ni Yanshuo | VOL.9 JUIN 2017
Mots-clés: enfants

Un élève  de primaire à Nanning dans la région autonome zhuang du Guangxi, enchaîne de nombreux cours dans l’après-midi. 

 

Quand il chante à propos de sa douleur, les gens l'écoutent. Wu Yaojie est élève à l'École primaire expérimentale de Guangchang dans la province du Jiangxi, dans le sud-est de la Chine. Le 30 avril, il a connu la célébrité après avoir ouvert son cœur dans le show télévisé Sing Kids, sur Jiangsu TV.

Le garçon de neuf ans, avec sa guitare presque aussi grande que lui, a chanté un texte qu'il avait lui-même composé, où il loue l'intelligence et le talent de ses camarades de classe et où il raconte qu'il n'est pourtant pas à la hauteur des attentes de ses parents.

Ce qui fait peser une grande pression sur ses épaules. « Je rêve souvent des erreurs que j'ai faites pendant les contrôles », chante-t-il. Pour Wu, les paroles de sa chanson représentent un message à ses parents, pour leur signifier à quel point la charge de travail est lourde, que ce soit à l'école et à la maison. Par ailleurs, il croit également au fait que chaque enfant est unique et ne devrait pas être comparé aux autres. « Mais mes parents le font souvent », explique-t-il, avant d'ajouter : « Je veux être vu pour ce que je suis plutôt que comme l'enfant de quelqu'un. » De fait, sa performance est devenue virale car sa situation est partagée par beaucoup d'autres enfants.

Un tel ressenti a également trouvé écho auprès du corps enseignant. Beaucoup de parents modernes accablent leurs enfants en les comparant constamment à leurs camarades qui réussissent mieux, note Lan Hai, éducateur en chef de la Schwabing Education, une organisation basée à Beijing qui s'intéresse à l'éducation des enfants.

« En fait, mettre la pression sur ses enfants ne peut avoir qu'un impact négatif sur eux », précise-t-elle. Selon Lan, comparer en permanence leurs enfants aux autres est certainement le plus grand échec de l'éducation des parents. En effet, la comparaison constante pousse les enfants à se considérer comme des rivaux et à entretenir une compétition permanence. À partir de cela, ils ne savent plus coopérer avec les autres et cela peut « les faire se sentir seuls », ajoute encore l'éducatrice. « Le temps est venu de parler de ce que nous voulons vraiment donner à nos enfants : uniquement de bonnes notes à l'école ou une enfance heureuse. »

Alors que la chanson du petit Wu a permis à de nombreux parents de reconsidérer la pression qu'ils exerçaient sur leurs enfants, les experts pensent qu'il ne sera pas aisé de résoudre le problème en l'état actuel des choses, même avec cette prise de conscience.

Les enfants ont besoin d'une pause

Il y a peu, Xie Hongzhen, une habitante de Beijing, s'est mise dans une colère noire contre son fils de 12 ans. La raison ? Un sms listant les résultats d'un récent examen et le classement de son fils et de ses camarades.

Le fils de Xie est en 6e, dans un collège réputé de Beijing. Chaque mois, près de 500 élèves de 6e ont des évaluations, dont parents reçoivent les résultats et le classement de l'ensemble des participants. « Quand je vois son nom monter et descendre de façon récurrente dans la liste, je suis complètement désemparée et je stresse beaucoup », confie Xie. En raison de ses résultats, elle pense donc à envoyer son fils suivre des cours du soir.

Il y a quelques années, pourtant, elle était contre cette idée. « À ce moment-là, je croyais qu'une enfance heureuse était plus importante que d'avoir de bonnes notes », poursuit la maman, « mais j'ai changé d'avis. Ces classements m'affectent beaucoup et je me rends compte que tous ses camarades au-dessus de lui suivent des cours du soir. »

Selon une enquête réalisée par la Société chinoise d'éducation, en 2016, plus de 137 millions d'élèves de primaire et collège participent à des cours du soir de différents types. Dans les grandes villes comme Beijing, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen, plus de 70 % de ces élèves sont inscrits à des cours extra-scolaires.

Toujours selon Lan, les chiffres montrent que l'inquiétude des parents concernant leurs enfants progresse. Elle a également noté que pour eux, la croissance de leurs enfants est considérée comme un 100 mètres, et que chaque seconde perdue au démarrage a des conséquences sur le résultat final. « Mais en réalité, il s'agit d'un marathon qui demande une vie entière pour être achevé », rappelle-t-elle avec sagesse.

À ce titre, les autorités chinoises ont pris des mesures pour soulager les élèves dans différentes villes. Par exemple, la Commission municipale sur l'éducation de Beijing a statué que la durée de travail à l'école pour les collégiens devait être inférieure à huit heures par jour. De la même manière, la durée des devoirs devait être limitée à 90 minutes quotidiennement. Le décret vise ainsi à donner plus de temps aux élèves pour se détendre.

« Mais beaucoup de parents utilisent ce temps pour envoyer leurs enfants aux cours du soir », soupire Sun Hongyan, directrice de l'Institut de recherche sur l'enfance relevant au Centre de recherche sur la jeunesse et l'enfance de Chine. Pour lui, la grande pression que font peser les études, le manque de moments de relâche et la communication inadaptée avec leurs camarades restent les causes principales des troubles psychologiques que rencontrent les enfants.

« Les enfants ont besoin de se détendre et d'exprimer leurs émotions à travers des activités variées. Trop de pression les visse à leur bureau et ne leur permet pas d'avoir du temps à eux », explique encore Sun. « Pourquoi ne pourrions-nous pas leur donner une enfance heureuse ? »

Les temps changent

Lan précise que pour leur permettre d'être heureux, les parents devraient communiquer avec leurs enfants sur un pied d'égalité. Ils ne devraient pas les forcer à faire ce qu'ils n'aiment pas, et prendre en considération leurs idées au moment de prendre des décisions les concernant. « Dans le passé, les parents organisaient l'avenir de leurs enfants. Mais maintenant, ils doivent absolument changer leur approche car nous vivons dans une nouvelle ère », conclue Lan.

Aller à l'université a longtemps été l'un des rares moyens pour beaucoup de jeunes de changer leurs vies, notamment ceux issus des zones rurales. C'est une autre explication au stress constant qui pèse sur les études. De plus, avant les années 1990, les universités avaient la charge d'assurer un emploi à leurs élèves diplômés. Évidemment, plus les universités étaient bonnes, plus les postes que les jeunes diplômés obtenaient étaient intéressants. De fait, travailler dur pour décrocher une place dans les universités les plus cotées a longtemps été l'objectif principal pour de nombreux étudiants, au détriment d'autres activités.

« Mais les choses ont changé. Aller à l'université ne donne plus l'assurance d'obtenir un bon poste. Les chemins menant au succès se sont diversifiés », poursuit Lan. Et d'ajouter : « Soulager les enfants de cette pression peut les aider à développer leurs capacités dans différents domaines, leur donnant ainsi plus d'opportunités pour leur futur. » Comme le rappelle un proverbe chinois, tous les parents espèrent que leurs enfants seront des dragons une fois devenus grands. « Toutefois, dans un monde diversifié, il y a aussi des éléphants, des lions et des tigres », glisse Lan, en précisant que les enfants qui disposaient de temps libre, étaient des enfants qui profitaient de leur enfance.

La conclusion, c'est le jeune Wu Yaojie qui la donne sur scène. Alors qu'il chante pour ses parents dans le public, les yeux du jeune garçon s'emplissent de larmes derrière ses épaisses lunettes : « Je ne suis qu'un enfant. Ne me mettez pas trop de pression. Donnez-moi plus de temps libre pour que je puisse avoir de bons souvenirs de mon enfance. »

Pour vos commentaires : niyanshuo@chinafrica.cn

 
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