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  2022-03-02
 

La prospérité commune : une voie bien tracée

par Lu Rucai VOL. 14 MARS 2022  ·   2022-03-02
Mots-clés: Prospérité commune

Esprit d’entreprise, partage et équité. Tels sont les principes fondamentaux de la « prospérité commune », le nouveau cheval de bataille du gouvernement chinois. 

Des visiteurs prennent des selfies dans un champ de tournesol à Lanzhou (Gansu), le 31 juillet 2020. (VCG) 


La prospérité commune figurait parmi les sujets majeurs des rapports d’activité gouvernementaux 2022, qui ont été remis par les diverses localités chinoises. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Pourquoi la Chine veut-elle atteindre la prospérité commune, et comment y parvenir ? Derrière ce concept, se trouve la poursuite d’un objectif de longue date et la manifestation concrète de la philosophie de développement centré sur le peuple, telle qu’elle a été formulée par le Parti communiste chinois (PCC). 

  

Des objectifs de développement social plus justes 

 

Le concept de « prospérité commune » a vu le jour aux balbutiements de la Chine socialiste. En décembre 1953, la Résolution sur le développement des coopératives de production agricole adoptée par le Comité central (CC) du PCC avançait déjà la notion de « prospérité commune ». Suite au lancement de la politique de réforme et d’ouverture en 1978, Deng Xiaoping avait traité de l’importance de celle-ci en diverses occasions publiques. Au début de l’année 1992, lors de sa tournée d’inspection dans le Sud du pays, il indiquait que « l’essence du socialisme est de libérer les forces productives, de les développer, et d’éliminer l’exploitation et la polarisation pour atteindre enfin la prospérité commune ». 

 

En octobre 2021, le Président chinois et Secrétaire général du CC du PCC, Xi Jinping, a signé un article intitulé Promouvoir la prospérité commune dans la revue Qiushi. Il y souligne que depuis le XVIIIe Congrès national du PCC, la Chine a gagné la bataille contre la pauvreté et s’emploie désormais à construire une société modérément prospère à tous les niveaux. « Nous avons atteint une étape historique dans la promotion de la prospérité commune. » 

 

Carlos Martinez, un chercheur britannique, a publié un commentaire sur Twitter indiquant que la politique de la Chine visant à réduire les inégalités sociales et à promouvoir la prospérité commune, correspond tout à fait à ce que certains progressistes occidentaux réclament. Toutefois, ces préconisations seront mieux mises en œuvre en Chine. 

 

Shaun Rein, fondateur et directeur général du China Market Research Group, est également un fin connaisseur du pays. Au cours de la dernière décennie, il a su prédire à plusieurs reprises, certains tournants majeurs qui se sont opérés sur le marché chinois. Dans une interview accordée aux médias nationaux, il a ainsi déclaré : « Beaucoup d’étrangers ne comprennent pas, voire craignent, cette idée de ‘‘prospérité commune’’. En fait, la prospérité commune a pour objet d’aider les groupes à faible revenu, et non de tenter de détruire le capitalisme. » Et de confier que ce concept était aujourd’hui le thème auquel il prêtait le plus d’attention : « En 2010, j’ai interrogé des consommateurs dans de nombreuses villes chinoises. À l’époque, la corruption et la pollution étaient les grandes préoccupations. En 2021, j’ai mené une nouvelle enquête. Les principaux problèmes des Chinois n’étaient plus la pollution et la corruption (car de grands progrès avaient été accomplis dans ces deux domaines), mais le logement, l’éducation et la santé. Ce sont précisément les questions que la prospérité commune essaie de résoudre. » Toujours selon Shaun Rein, « le gouvernement chinois souhaite que chacun puisse accéder à la prospérité commune. L’idée n’étant pas de rendre riche un dixième de la population, mais de garantir que 90 % des habitants puissent s’enrichir. » Cette perspective permettra donc d’ouvrir de nouvelles opportunités aux entreprises, aussi bien en Chine qu’ailleurs dans le monde. 

 

Des touristes participent à un festival sakura dans un parc de Shanghai, le 29 mars 2021. (VCG) 

  

Prospérité commune versus égalitarisme 

 

Le 17 août 2021, Xi Jinping a présidé la 10e réunion du CC pour les affaires financières et économiques, qui se proposait d’étudier la manière de promouvoir la prospérité commune. Cette réunion a permis de formuler en des termes clairs ce qu’est la prospérité commune et les moyens d’y parvenir. De fait, le concept désigne la prospérité pour tout le peuple, sur les plans matériel et spirituel, en veillant à ce que les richesses ne soient pas concentrées dans les mains d’une minorité, sans toutefois tomber dans l’égalitarisme au sens strict. Il convient donc de faire progresser la prospérité commune par étapes. 

 

Le gouvernement chinois en compare l’avancement à la préparation d’un gâteau : « Il faut non seulement agrandir le gâteau, mais aussi le diviser adéquatement. » Pour ce qui est du partage, il y a lieu d’augmenter les revenus des catégories modestes et d’ajuster raisonnablement les revenus des catégories aisées, afin de former une structure de répartition des richesses en forme d’olive. Autrement dit, avec un noyau central formé par la classe moyenne ; et aux extrémités, peu de pauvres et de très riches. Zheng Gongcheng, professeur à l’Université Renmin de Chine, et président de l’Association chinoise de la sécurité sociale, précise le concept en ces termes : « La prospérité commune devrait s’inscrire dans une société plane, où tout le monde peut profiter d’une vie de qualité. » Pour le professeur, il est impératif de passer par cette société structurée en forme d’olive pour pouvoir amorcer la transition de la société pyramidale actuelle vers une société plane. Et pour l’appuyer, il convient d’augmenter les rentrées des groupes à faible revenu, élargir la classe moyenne et ajuster raisonnablement les revenus excessifs. 

 

Pour y parvenir, la Chine ne s’appuiera pas uniquement sur la révision de ses politiques de protection sociale et sur des ajustements d’ordre fiscal ou autre. C’est la raison pour laquelle il a été proposé d’encourager les valeurs « travail » et « innovation », en créant des opportunités d’enrichissement élargies, et en instaurant un environnement de développement auquel l’ensemble de la population participe. Il est ainsi nécessaire d’adhérer à un système économique où la propriété publique constitue le corps principal, combiné à des économies à propriété multiple. Il faut laisser certains s’enrichir avant les autres, pour que ceux ayant atteint la prospérité les premiers puissent venir en aide à ceux restés en arrière. Il convient donc d’encourager en premier lieu les entrepreneurs fortunés qui agissent dans le respect des lois et se lancent courageusement dans la création d’entreprise. 

 

Toutes ces initiatives ont pour but d’inciter l’ensemble de la population à contribuer activement à « l’élargissement du gâteau ». Sur cette base, il est urgent de consolider la garantie essentielle, généralisée et solidaire des moyens d’existence du peuple. Pour ces raisons, Marina Gorbis, directrice exécutive de l’Institut pour le Futur, une structure bien connue de la Silicon Valley, qualifie l’objectif de la Chine d’« idéologie gagnant-gagnant », estimant que ce principe est une forme d’interdépendance entre individus. 

 

Image d’un panda sur écran 3D, à Chengdu (Sichuan), le 9 décembre 2021. (VCG) 


La mobilisation de toute la société 

 

Mais dans les faits, qu’il s’agisse de réduire la pauvreté, de construire une société modérément prospère ou de promouvoir la prospérité commune, le gouvernement chinois n’assumera pas seul ces missions. 

 

Dans la prospérité commune, la répartition primaire des richesses en Chine doit être principalement normalisée par le mécanisme du marché. En adhérant au principe de « salaire au mérite », il est nécessaire d’établir un mécanisme sain dans lequel la contribution des facteurs de production est évaluée par le marché, et la rémunération déterminée en fonction de ces contributions. La prospérité commune n’est pas un dispositif d’assistanat : elle vise à accroître la force endogène des plus démunis, afin qu’ils puissent s’extraire eux-mêmes de la pauvreté. Cela répond à l’adage disant que « lorsqu’un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson » : c’est ce qui sous-tend la lutte contre la pauvreté engagée par le pays. 

 

Il faut également noter que la répartition de la richesse est globalement assurée par les mécanismes de régulation gouvernementale. Le système de redistribution mis en place par le gouvernement chinois passe par la protection sociale, les services publics, la retraite et les transferts régionaux. Ces dernières années, la revalorisation constante du seuil du revenu imposable pour les particuliers, de même que la mise en place d’un système d’imposition par tranches, ont permis d’alléger le fardeau fiscal qui pèse sur les groupes à faible revenu. Parallèlement, les effets du réajustement fiscal pour les groupes à revenu élevé sont de plus en plus évidents. Les foyers modestes bénéficiaires de prestations sociales jouissent de meilleures garanties en termes de subsistance, d’accès aux soins et à l’éducation. Néanmoins, la Chine continuera à mener à bien des réformes autour du système fiscal, en augmentant, par exemple, les impôts fonciers (y compris les taxes sur les biens immobiliers et les droits de succession), en vue de corriger encore les écarts de revenus. 

 

Il existe enfin un troisième processus de redistribution des richesses. Celui-ci encourage les forces sociales à effectuer des dons privés et à financer des organisations caritatives. Cette approche répond à la stratégie consistant à laisser certains s’enrichir avant les autres, pour qu’ils puissent ensuite venir en aide aux autres. Il convient tout de même de rappeler que, traditionnellement, les entreprises chinoises et les groupes à revenu élevé ont toujours versé des dons. Dans la pratique, des dizaines de milliers d’entreprises prennent part aux initiatives « 10 000 entreprises aident 10 000 villages », et « 10 000 entreprises revitalisent les villages », dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et du redressement rural en Chine. 

 

Le 18 août 2021, au lendemain de la 10e réunion du CC pour les affaires financières et économiques, Tencent, le géant chinois de l’Internet, a fait de grandes annonces. De fait, après avoir investi 50 milliards de yuans (7,89 milliards de dollars) dans le lancement de sa stratégie « Innovation à valeur sociale durable », l’entreprise s’est engagée à verser 50 milliards supplémentaires pour amorcer son « Projet spécial pour la richesse commune ». En mettant à profit ses capacités numériques et technologiques, Tencent continuera de favoriser la prospérité commune en matière de redressement rural, d’augmentation des revenus des groupes modestes, d’amélioration du système de santé et de développement de l’éducation. À sa suite, Alibaba n’a pas tardé à annoncer le lancement de dix grandes initiatives, pour un montant total de 100 milliards de yuans (15,79 milliards de dollars) d’ici à 2025. Par ailleurs, les banques, les compagnies du secteur logistique, les plateformes de commerce électronique et les firmes technologiques chinoises accéléreront l’innovation et la transition dans leurs secteurs respectifs. Ce faisant, elles soutiendront le développement des PME, et gommeront les disparités entre zones urbaines et zones rurales. 

 

D’après le baromètre de confiance Edelman 2022, paru le 18 janvier, le niveau de confiance des citoyens chinois dans leur gouvernement a atteint 91 %, et près des deux tiers se disent optimistes quant aux perspectives économiques de leur pays. Richard Edelman, son directeur général, a déclaré publiquement que cette hausse de l’indice répondait au fait qu’il existe « une concordance entre les paroles et les actes », à l’instar de ce que la Chine a toujours fait dans le processus de réalisation de son objectif de prospérité commune. S’il est aujourd’hui trop tôt pour juger de l’efficacité des mesures qui ont été mises en œuvre, il est certain que la Chine a déjà fait un grand pas sur la route menant à un développement plus équitable. 

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