Le Zhejiang explore un moyen unique de combler 
le fossé entre urbanité et ruralité. 

Des habitants du village de Dongfeng, au Zhejiang, confectionnent des toiles décoratives, inscrites au patrimoine culturel immatériel, le 8 juillet 2021. (CNSPHOTO) 

Dans le pittoresque district de Suichang, dans la province du Zhejiang, une culture centenaire s’épanouit. Et dans son sillage, une volonté de développer l’économie numérique avec le magnifique paysage naturel. Aujourd’hui, le district abrite une vallée verte numérique. Des entreprises établies ainsi que des start­up s’y sont implantées, explorant des innovations qui combinent l’écologie, la culture et la numérisation. 

Transformation numérique 

La Digital Green Valley compte plus de 20 entreprises, dont Alibaba Cloud et NetEase, et plus de 600 nouvelles entités. Ici, la valeur contractuelle de l’investissement privé est de près de 8 milliards de yuans (1,2 milliard de dollars). La vallée a également stimulé les industries locales. Avec l’arrivée des nouveaux employés et ouvriers du bâtiment, les revenus des entreprises de restauration locales ont bondi de 1 000 % au premier semestre 2021, tandis que les salaires journaliers des travailleurs temporaires ont doublé, passant de 100 (15,72 dollars) à 200 yuans (31,44 dollars). 

La Digital Green Valley représente également un espace d’innovation supplémentaire. Si les grandes villes de Chine sont déjà des pôles d’innovation, comme Beijing, Shanghai et Hangzhou, la volonté est désormais de créer un deuxième échelon dans les petites villes pour stimuler l’économie locale et combler le fossé de développement. 

Avec l’éradication de la pauvreté absolue l’année dernière, la Chine s’attaque maintenant aux disparités entre régions et entre la ville et la campagne.  

En juin dernier, le gouvernement a entamé la construction de zones d’essai pour la prospérité commune dans la province du Zhejiang. Malgré une économie solide, le Zhejiang est confronté à un déséquilibre de développement, notamment dans ses nombreux districts situés en zone montagneuse. 

En conséquence, la province a formulé un plan d’action pour la construction de zones de démonstration entre 2021 et 2025. 

Suichang est l’un des districts à bénéficier de cette politique. « La situation est difficile : il s’agit d’un district montagneux relativement sous-développé. Passer à une autre voie de développement pourrait permettre de combler ce retard », a déclaré Zhang Zhuangxiong, secrétaire du comité du Parti communiste chinois (PCC) de Suichang. Et développer l’économie numérique est la nouvelle piste de réflexion, qui a permis au district de développer une économie numérique spécifique, sur la base de ses conditions uniques et particulières. 

Deux animateurs testent de l’équipement lors d’un streaming dans la ville de Wenling, au Zhejiang, le 29 juillet 2021. (CNSPHOTO) 

Réduire l’écart urbain-rural 

Xiaofeng, un bourg rattaché au district d’Anji dans la ville de Huzhou au Zhejiang, est devenu une destination touristique. Il possède un riche héritage historique et sa vieille rue à l’architecture historique est un site populaire. 

« Par le passé, le bourg n’a pas été systématiquement développé », explique Pan Mingliang, chef du comité du PCC de Xiaofeng. Pour y remédier, la localité a mis en place une « banque de ressources » l’année dernière. Le concept repose sur une citation du Président Xi Jinping, selon laquelle les « eaux limpides et les montagnes luxuriantes sont des atouts inestimables ». Les habitants « déposent » donc leurs ressources naturelles à la banque, où elles sont utilisées de manière écologique et génèrent des revenus. Une maison, une montagne, un champ agricole ou un lac — tout bien naturel ou physique peut être enregistré auprès de cette banque.  

La vieille rue et ses repères architecturaux ont ainsi pu être ajoutés à la base de données de l’établissement bancaire, qui a également financé leur rénovation. Suite à l’opération, la valeur des biens immobiliers dans la rue a triplé, et cela a également stimulé le tourisme, générant davantage de fonds. 

Pour capitaliser sur les ressources écologiques, la première étape consiste ainsi à déterminer leur nombre dans un lieu donné. Chen Wei, président de la banque de ressources d’Anji, précise ainsi que la base de données est alignée sur celles des administrations locales, à l’instar de la planification des ressources, du logement et de l’agriculture. Cela a permis à la banque de répertorier de manière exhaustive les ressources écologiques de la région. L’établissement démarche ensuite les investisseurs pour qu’ils utilisent les ressources d’une manière respectueuse de l’environnement. Par exemple, une chaîne hôtelière pourrait être intéressée par la location de maisons aux locaux, afin de les transformer en gîtes ou en restaurants. 

Les nombreux projets lancés par la banque de ressources comprennent notamment un hôtel sur des terres inutilisées. Le projet devrait créer plus de 100 emplois. Un village-resort intégrant restauration, loisirs et commerces a également été construit ailleurs. Il devrait générer 120 000 yuans (18 864 dollars) de revenus annuels pour le village. 

Pour réduire l’écart de développement entre les zones urbaines et rurales, il est nécessaire de favoriser le flux des ressources urbaines vers les zones rurales et des produits écologiques vers les villes. La banque de ressources est un canal pour apporter des technologies, des fonds et des talents dans les campagnes. 

Huzhou est l’une des premières régions à piloter des zones de démonstration pour la prospérité commune et à réduire l’écart entre urbanité et ruralité. 

Wang Gang, le maire, explique l’objectif de la manière suivante : « Éliminer le gap signifie égaliser les services et équipements institutionnels afin que les peuples jouissent du même sentiment de satisfaction, de gain et de sécurité, peu importe où ils vivent. Il s’agit d’égaliser les opportunités de développement plutôt que les résultats, et de partager une vie de qualité plutôt que de recréer des modes de vie urbains dans les zones rurales. » 

Un écart majeur concerne l’éducation et les services médicaux. Pour y remédier, l’enseignement à distance et le partage des ressources sont donc devenus des mesures importantes. Les écoles des zones urbaines envoient des enseignants ou en partagent des cours vidéo pour améliorer l’enseignement obligatoire en campagne. 

La télémédecine et le partage de données entre hôpitaux ruraux et urbains ont amélioré la couverture médicale dans les zones rurales, en particulier celles où les transports sont sous-développés. Un cas illustre comment la technologie aide à combler cet écart. Un patient a subi un ECG dans une petite agglomération du Zhejiang. Le rapport a été immédiatement mis à la disposition d’un groupe de médecins d’une grande ville, qui ont consulté le patient et leurs confrères pour établir un premier diagnostic. Plus de 1 000 centres médicaux de bourg au Zhejiang, et plus de 200 hôpitaux au niveau du district, ont ainsi formé plus de 150 consortiums de premier plan, ce qui a contribué à améliorer les services médicaux dans la ruralité. 

Grâce à toutes ces mesures, aujourd’hui, les 11 villes préfectorales du Zhejiang ont atteint une quasi-parité en termes de services publics disponibles, dans les zones urbaines et rurales. Pour les services de base de la sécurité sociale et l’assistance à la personne, la parité est supérieure à 99 %.