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  2022-03-05
 

Prospérité pour tous

par David Monyae VOL. 14 MARS 2022  ·   2022-03-05
Mots-clés: Prospérité commune

L’ambition de prospérité commune de la Chine offre à l’Afrique une nouvelle plateforme de croissance. 

 

Des villageois font la promotion de leurs oranges en streaming, dans un village de Nanchong (Sichuan), le 14 février. (CNSPHOTO) 

 

La Chine s’engage sur une nouvelle voie. Après avoir éradiqué le fléau de la pauvreté extrême sur son sol et construit avec succès une société modérément prospère, la Chine – sous la direction du Président Xi Jinping et du Parti communiste chinois (PCC) – s’oriente désormais vers un développement de haute qualité sous la bannière de la « prospérité commune ». 

 

L’idée maîtresse contenue dans le concept de prospérité commune est la promotion du développement humain global et la réduction des inégalités socio-économiques croissantes dans la société chinoise. En bref, la prospérité commune vise à créer les conditions permettant à chacun des 1,4 milliard de Chinois de prospérer dans les domaines qu’il aura choisis, et d’apporter une contribution significative au développement du pays. 

 

Dans cet article, nous nous attacherons à comparer le concept de « prospérité commune » de la Chine et la philosophie africaine de « l’Ubuntu », et nous expliquerons comment leur compatibilité idéologique et culturelle peut renforcer davantage le partenariat sino-africain. 

 

Vers une prospérité commune 

 

Dans un essai intitulé Making Solid Progress Toward Common Prosperity, M. Xi reconnaît que si la Chine a gagné son combat contre la pauvreté absolue, le développement déséquilibré et inadéquat reste un problème majeur pour le pays. Il existe notamment de grandes disparités, tant dans le développement que dans la répartition des revenus entre les zones rurales et urbaines, mais aussi entre les régions. 

 

Dans le texte, il note que d’ici le milieu de ce siècle, la prospérité commune sera atteinte, tandis que les écarts de revenus individuels et les niveaux de consommation réels seront réduits à une fourchette appropriée. Pour atteindre ces objectifs, il explique que « nous devons formuler rapidement un plan d’action pour promouvoir la prospérité commune, et concevoir des systèmes rationnels et réalisables d’objectifs et de méthodes d’évaluation, qui sont adaptés aux conditions nationales de la Chine ».  

 

Le développement du capital humain et le développement participatif assureront un développement de haute qualité. Les entreprises publiques continueront de jouer un rôle important dans l’économie, tandis que les entreprises privées légitimes prospéreront. 

 

Par ailleurs, les riches sont appelés à aider ceux qui ne le sont pas encore. Cette volonté passe par les milliards de dollars qui ont été versés à des causes caritatives l’année dernière. 

 

Tout en soulignant la nécessité de renforcer les moyens de subsistance de la population, M. Xi a averti que le gouvernement ne pouvait toutefois pas tout prendre en charge. Au lieu de cela, sa principale responsabilité doit être de renforcer le développement de projets liés au bien-être public qui sont fondamentaux, inclusifs et axés sur la satisfaction des besoins essentiels. 

 

Le développement inclusif, l’expansion de la classe moyenne, l’amélioration de l’accès à des services publics de qualité pour les moins aisés (éducation, santé, logement et subventions), la régulation des hauts revenus (réforme fiscale progressive) pour limiter la polarisation sociale et les inégalités, constitueront quelques-uns des domaines prioritaires dans le cadre d’une prospérité commune. 

 

Celle-ci implique, par ailleurs, une éducation de masse au patriotisme et au collectivisme, tout en accordant une attention particulière aux agriculteurs et aux zones rurales. 

 

Grâce à la prospérité commune, la Chine cherche à suivre une voie de développement plus juste, guidée par des valeurs morales et un programme d’action concret. 

 

Vue d’un village du Ganzhou (Jiangxi), le 10 février. (VCG) 

  

Vision partagée 

 

La vision de la prospérité commune de la Chine a beaucoup en commun avec la culture et l’idéologie africaines de l’Ubuntu. Cette similarité crée donc une impulsion pour cimenter les relations sino-africaines. 

 

L’Afrique est confrontée aux mêmes défis d’inégalité, de pauvreté et de corruption. Les principes de l’Ubuntu tels que la communauté, la dignité, l’égalité, la justice sociale, la compassion, la solidarité et la moralité sont également intégrés dans le cadre de la vision commune de la prospérité. L’Ubuntu a longtemps constitué le principe organisateur des sociétés africaines et forme la base morale et idéologique du panafricanisme. 

 

Tout comme la prospérité commune chinoise, l’Ubuntu africain est guidé par l’esprit de communauté, d’unité et de socialisme. Le concept rejette la richesse mal acquise et les inégalités sociales excessives, tout en prônant une distribution et une allocation justes des ressources dans toute la société. 

 

Comme l’a soutenu l’ancien Président tanzanien Julius Nyerere, il n’y a aucune justification morale aux inégalités socio-économiques excessives, car elles sont le résultat de l’exploitation de l’homme par l’homme. Grâce à une réglementation stricte sur les revenus et à un examen minutieux de l’enrichissement illégal, la prospérité commune de la Chine est identique à l’Ubuntu dans sa dénonciation de la richesse excessive comme obstacle au progrès social. 

 

M. Nyerere a fait valoir que le système social africain offrait des filets de sécurité sociale adéquats pour empêcher les populations de tomber dans la pauvreté, en veillant à ce que leurs besoins fondamentaux, tels que la nourriture et le logement, soient satisfaits. Par conséquent, la prospérité commune et l’Ubuntu sont des programmes de bien-être reposant sur la redistribution, et qui cherchent à élever et à protéger les plus pauvres. 

 

Par ailleurs, les deux philosophies embrassent et mettent l’accent sur l’esprit et la valeur travail. Comme l’a déclaré Julius Nyerere, « il n’y a pas de socialisme sans travail ». Les filets et les programmes sociaux de l’Ubuntu et de la prospérité commune ne remplacent en rien le travail. Il faut comprendre que chaque membre de la société devra travailler pour gagner sa vie. Toutefois, le système social doit créer les circonstances dans lesquelles ce travail peut porter ses fruits. 

 

Les valeurs du collectivisme et de la compassion forment un élément essentiel de la prospérité commune chinoise et de l’Ubuntu africain. De plus, les deux concepts partagent une approche prudente quant au libre marché occidental. La prospérité commune chinoise vise à atténuer et à corriger certains des effets néfastes de ce système – tels que la concentration excessive des richesses et les tendances monopolistiques – dans certains des secteurs économiques qui ont intensifié la polarisation sociale. 

 

Lors du Forum sur la Coopération sino-africaine 2021, la Chine et l’Afrique se sont engagées à construire une communauté de destin. La compatibilité de la prospérité commune de la Chine avec l’idéologie culturelle africaine de l’Ubuntu fournit une base pour un partenariat plus fort. 

L’idéal de prospérité commune défendu par Xi Jinping offre au continent et au monde une opportunité de changer de cap, et de se détacher du libéralisme. 

  

L’auteur est directeur du Centre d’études Afrique-Chine de l’Université de Johannesburg. 

 

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