2025-10-09 |
À l'ombre des « deux montagnes » |
VOL. 17 / OCTOBRE 2025 par HU FAN · 2025-10-09 |
Mots-clés: Mongolie intérieure ;concept des « deux montagnes » |
Une visiteuse immortalise son passage dans la zone sableuse de Horqin, ligue de Hinggan, région autonome de Mongolie intérieure, le 29 juillet. (HU FAN)
Il y a 20 ans, lors d’une visite d’inspection à Yucun, un village du Zhejiang frappé par la pollution, Xi Jinping, alors secrétaire du Comité du Parti communiste chinois pour la province du Zhejiang, formulait une idée appelée à faire date : « Les rivières limpides et les montagnes verdoyantes constituent une grande richesse. » Devenue célèbre sous le nom de concept des « deux montagnes », cette philosophie est aujourd’hui un pilier de la pensée de Xi Jinping sur la civilisation écologique. Elle redéfinit le lien entre développement économique et préservation de la nature, en défendant une vision où l’écologie nourrit la croissance, et non l’entrave.
Ce qui n’était qu’une expérimentation locale a été inscrit dans les Statuts du Parti communiste chinois. Son efficacité se manifeste avec éclat dans la région autonome de Mongolie intérieure, où l’équilibre entre transformation économique et protection de l’environnement est devenu une priorité.
Terre de contrastes, la Mongolie intérieure allie richesses naturelles et défis écologiques. Elle abrite les plus vastes forêts, prairies et zones humides de Chine, ainsi que d’importantes ressources en charbon, en énergie éolienne et solaire, au service des industries anciennes et émergentes. Mais ses écosystèmes fragiles, marqués par quatre déserts, un record national, et de vastes zones sableuses, témoignent d’une dégradation environnementale ancienne.
Guidée par le concept des « deux montagnes », la région a renforcé sa restauration écologique sans freiner son développement. Depuis 2012, elle a reboisé 9,9 millions d’hectares, restauré 24,5 millions d’hectares de prairies et freiné la désertification sur 12,3 millions d’hectares, se plaçant ainsi au premier rang national. Les forêts s’étendent, les prairies verdissent, les dunes reculent.
Ces avancées vont de pair avec une croissance robuste. En 2024, le PIB de la Mongolie intérieure a dépassé les 2 600 milliards de yuans (365,4 milliards de dollars), en hausse de 5,8 % sur un an, avec une dynamique supérieure à la moyenne nationale pour la troisième année consécutive. Comment expliquer un tel double accomplissement ? Trois leviers se dégagent.
Tout d’abord, les industries traditionnelles amorcent une transition verte. À Tongliao, les énergies renouvelables ont pris le relais du charbon pour alimenter l’industrie de l’aluminium, désormais portée par des technologies de fusion plus propres et plus efficaces. Dans la zone sableuse de Horqin, les projets solaires et éoliens s’intègrent aux programmes de lutte contre la désertification, générant à la fois des bénéfices écologiques et économiques. En 2024, la Mongolie intérieure est devenue la première région chinoise à dépasser les 100 millions de kilowatts de capacités installées en énergies renouvelables, en tête nationale pour les nouvelles installations comme pour la production.
Ensuite, de nouveaux moteurs de croissance émergent. À Yakeshi, les fermes forestières ne se contentent plus de protéger les ressources : elles se diversifient avec l’écotourisme et les activités économiques forestières non ligneuses. Sur le mont Baogeda, les puits de carbone convertissent les services écologiques en valeur marchande. À Ergun, au cœur de la plus grande zone humide d’Asie, des mécanismes de crédits carbone sont en développement.
Enfin, la participation des habitants est active, et les retombées, largement partagées. À Horqin, agriculteurs et éleveurs sont au cœur des projets de reboisement, y contribuant par leur travail ou leur investissement, en échange de revenus. À Arxan, la plantation d’arbres et la protection des forêts se transmettent de génération en génération, liant écologie et héritage familial. À Hulun Buir, des réformes ont permis de convertir les ressources naturelles en parts de capital : paysans et éleveurs sont devenus actionnaires, percevant des dividendes. Des services intégrés de production, d’approvisionnement et de crédit ont aussi allégé les contraintes rurales.
Le chemin reste semé d’embûches. La Mongolie intérieure doit encore relever le double défi de la préservation de ses écosystèmes fragiles et du maintien de sa dynamique économique. Mais son parcours démontre qu’il est possible de faire rimer développement et durabilité. Son expérience offre une boussole précieuse, non seulement pour la Chine, mais aussi pour tous les pays en quête d’un avenir plus vert.
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