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Chinafrique
  2018-11-30
 

De musicien à collectionneur

Li Jing  ·   2018-11-30
Mots-clés: Xie Yanshen; musée; Afrique; culture

Le Musée international d’art africain (MIAA) est situé à Lomé, la capitale du Togo. Entre ses murs, des milliers d’œuvres d’art venant de nombreuses tribus africaines sont conservés et exposés, y compris des sculptures sur bois, sur pierre, sur bronze, et des poteries, des vêtements, des bijoux, des peintures, etc. Or, une chose ne manque pas de surprendre les visiteurs : le conservateur est un Chinois, Xie Yanshen, avec un parcours de vie unique.

Né en 1952 à Shanghai, M. Xie a grandi à Nanjing avec ses parents. Son père, aussi un artiste, avait étudié au Japon dans les années 30 et y avait rapporté un grand nombre de livres sur l’histoire de l’art occidental. Ceux-ci sont devenus les jouets les plus précieux de Xie Yanshen.

« Grâce au travail de mon père, j’ai pu connaître plusieurs histoires sur l’art et faire connaissance de gens œuvrant dans ce domaine, j’éprouve donc un grand intérêt envers l’art depuis mon enfance », explique-t-il.

En février 1989, Xie Yanshen, qui travaillait alors pour un orchestre symphonique du Jiangsu, a été invité à enseigner la musique et le violon au Togo.

« Avant mon départ, mon père m’avait bien dit que l’Afrique n’était pas conforme à l’image qu’on s’en faisait : la pauvreté, la guerre et la maladie. L’Afrique a produit de l’art et de la musique de haut niveau, surtout la sculpture. Mais il faut s’intégrer à la vie des habitants locaux pour bien comprendre l’art africain », raconte M. Xie.

Gardant en mémoire les mots de son père, Xie Yanshen pose les pieds en Afrique pour la première fois à 37 ans. C’est le début d’une histoire qui dure depuis près de 30 ans.

Certaines des sculptures apportées du Togo en Chine par Xie Yanshen.

Du violon à la sculpture

Arrivée sur place, M. Xie était curieux de tout savoir sur l’Afrique. Chaque fois qu’il avait du temps libre, il visitait des villages ou des marchés pour y prendre des photos. C’est lors de ces visites qu’il découvre des objets d’artisanat sculptés en ébène. Comme l’ébène est aussi le matériau principal pour la fabrication de la touche des violons, ces objets ont immédiatement attiré l’attention de Xie Yanshen. Après avoir acheté quelques-unes de ces sculptures, le charme opère : à partir de ce moment-là, il est tombé amoureux de la sculpture africaine.

« Au début, j’achetais ces sculptures parce que je les trouvais très belles. Plus tard, j’ai compris qu’il s’agissait de produits touristiques, et que les sculptures traditionnelles étaient bien meilleures. J’ai ainsi commencé à collectionner des sculptures africaines traditionnelles, qui sont primitives, car leur instinct est humain et provient de la vie et de la culture », dit M. Xie.

Petit à petit, il a amassé une collection de milliers d’objets venant de différentes tribus. À partir de 2011, Xie Yanshen décide d’ouvrir à Lomé le MIAA, couvrant environ 1 630 mètres carrés, où il expose sa propre collection.

« Les Africains sont sages. Ils s’inspirent de la vie et représentent leur vie quotidienne dans les objets d’art. Les outils utilisés dans la vie ou dans les sacrifices sont également des œuvres d’art. Par exemple, les sculptures sur bois des Sénoufo sont également des outils pour damer le sol. Leur vie est comme leur art », explique M. Xie.

Au cours des années, le musée a accueilli nombre de visiteurs importants, incluant Wang Zuofeng, l’ambassadeur de Chine au Togo de l’époque, qui a félicité Xie Yanshen pour sa collection d’art et son travail important. L’ambassadeur lui a suggéré de renforcer les liens entre les établissements culturels du Togo et le Musée national de Chine, afin de promouvoir les échanges culturels et artistiques entre les deux pays.

En 2012, l’agrandissement du Musée national de Chine est achevé et le musée renouvelé est ouvert au public. À cette occasion, Xie Yanshen fait don de certaines de ses collections au musée qui les présente dans le cadre de l’exposition inaugurale sur l’art de la sculpture africaine. « C’était la première fois que le Musée national exposait des objets d’art venant d’autres pays avec ses propres collections », note-t-il avec fierté.

Xie Yanshen (gauche) présente des sculptures sur bois africaines à un visiteur.

De Lomé à Beijing

À la fin de 2005, Xie Yanshen organise une exposition sur la sculpture africaine à l’Université des arts de Nanjing. De nombreux enseignants et étudiants lui disent qu’ils n’avaient jamais vu de telles œuvres d’art. Depuis lors, M. Xie s’engage à faire de son mieux pour permettre aux enseignants et étudiants de l’art et aux gens ordinaires d’apprécier l’art africain.

Son souhait va bientôt se réaliser : une partie de la collection africaine de Xie Yanshen est en train d’être transférée dans un musée au complexe artistique T3, au nord-est de Beijing. Couvrant une superficie de plus de 1 000 mètres carrés, le musée comprendra des milliers d’œuvres d’art, en plus d’une salle d’étude et d’un studio.

« J’espère que les Chinois pourront apprécier les œuvres d’art africaines sans devoir se rendre à l’étranger, et ainsi aimer l’Afrique du fond de leur cœur », explique M. Xie.

Or, il n’a pas été facile de créer un tel musée. La plus grande difficulté pour Xie Yanshen fut la protection des œuvres d’art lors de l’expédition en provenance d’Afrique. En effet, plusieurs des œuvres ont été endommagées pendant le transport. Par ailleurs, les sculptures sur bois sont sensibles au climat et se fissurent parfois.

« J’ai trouvé des artistes de la sculpture sur bois au Togo pour faire des travaux de réparation afin de protéger l’intégrité des œuvres d’art autant que possible », dit-il.

Selon lui, les travaux de réparation et la décoration du musée seront terminés au début 2019, après quoi son atelier sera ouvert aux enseignants et étudiants des universités de l’art ainsi qu’aux visiteurs.

« J’espère que les professeurs et les étudiants pourront trouver l’inspiration, tout comme Pablo Picasso et Henri Matisse, qui ont été inspirés par les œuvres d’art africaines et ont finalement créé de nouvelles écoles de peinture », dit-il.

L’art africain mérite d’être apprécié, mais aussi d’être bien étudié, ajoute-t-il. C’est pourquoi il explore présentement des modèles de coopération avec des écoles d’art telles que l’Académie d’art et de design de l’Université Tsinghua, l’Académie centrale des beaux-arts de Chine et l’Université des arts de Nanjing.

Mais au-delà de cela, M. Xie espère permettre à davantage de gens ordinaires de comprendre et d’aimer l’art africain. Il compte remplir cette mission en faisant la promotion de diverses activités et produits culturels, faisant entrer l’art africain dans la vie des gens.

« Si l’on veut développer des sentiments profonds entre différents peuples et pays, il faut d’abord qu’ils se comprennent. Dans le contexte de l’initiative ʻune Ceinture et une Routeʼ et de la coopération amicale sino-africaine, j’espère que je pourrai faire de mon mieux pour permettre aux Chinois d’en savoir plus sur l’Afrique et de l’apprécier du fond de leur cœur », dit-il.

 

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