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  2020-04-30
 

L'Afrique du Sud, confinée et prête

par Tshawe Lama Tshawe  ·   2020-04-30
Mots-clés: Afrique du Sud; COVID-19

Malgré les incertitudes économiques, l’Afrique du Sud est unie face au coronavirus.

La veille de la mise en place des mesures de confnement, plusieurs en ont profté pour faire des provisions.

La Central Avenue, une rue très fréquentée dans la ville sud-africaine de Kempton Park aux abords de Johannesburg, est depuis de nombreuses années un emplacement stratégique pour les affaires de Dora Makopane, une vendeuse de rue âgée de 63 ans.

L’Afrique du Sud possède un secteur informel florissant constitué de vendeurs de rue et de petits magasins familiaux, qui représentent près de 2,5 millions d’emplois. Malheureusement, les micro-, petites et moyennes entreprises ont été parmi les plus touchées par la pandémie de coronavirus.

Dépendant uniquement de leurs ventes de marchandises et de services, les marchands comme Dora – laveurs de voitures, restaurateurs ambulants ou encore vendeurs de légumes, de vêtements et de produits alimentaires − ont dû arrêter leurs activités à la suite du confinement de cinq semaines imposé par le Président Cyril Ramaphosa pour enrayer la propagation du COVID-19.

L’Afrique du Sud a payé un lourd tribut en vies humaines et le virus a porté un coup dur à l’économie. Les secteurs de l’hôtellerie, du sport, du divertissement, du tourisme, de la restauration, des boissons alcoolisées et de la restauration rapide − entre autres piliers de l’économie − sont désormais à l’arrêt du fait des réglementations liées au confinement.

Plongée dans l’incertitude

Avec plus de 2 173 cas positifs et au moins 25 morts (au 12 avril) liés au COVID-19, le pays a connu pour la première fois cette année des vacances de Pâques bien calmes, la plupart des églises, des stades, des cinémas, des écoles, des universités, des hôtels et des aéroports ayant été désertés. Les patrouilles des forces de sécurité à pied et en véhicules blindés faisant appliquer le confinement aux côtés de la police sont désormais une vision familière, de même que les longues files d’attente devant les banques et les supermarchés.

Les citoyens se retrouvent face à de nombreuses incertitudes, mais la majeure partie de la population respecte l’appel à rester chez soi.

À la veille de l’annonce du confinement, Dora Makopane avait toutes les raisons d’être inquiète. Assise derrière un stand de fortune à côté de ses marchandises, des habits et quelques médicaments à base de plantes, elle semblait effondrée : « À partir de demain, je ne pourrai plus vendre ici à cause du confinement. Je comprends les raisons du Président Ramaphosa, [mais] cela va être dur pour nous et nos familles. »

Au centre commercial de Kempton Square à quelques mètres de là, Jane Kabiru, une ressortissante kényane qui a trouvé l’asile politique il y a deux ans en Afrique du Sud, partage ces inquiétudes.

Ayant deux enfants à charge et payant un loyer relativement important au centre commercial pour occuper un espace extérieur et pouvoir vendre des sacs, des tissus et des coussins, elle explique que ses sentiments sont partagés à l’égard des mesures annoncées par le Président : « Je comprends la nécessité du confinement, mais je ne vais plus pouvoir nourrir ma famille, ni payer le loyer », explique-t-elle avant de fermer son étal.

Le confinement fonctionne

À l’occasion du week-end de Pâques, le Président Ramaphosa a concédé que les deux dernières semaines du confinement initial de 21 jours avait fortement perturbé la vie de la population. Néanmoins, il a annoncé que celui-ci était prolongé de 14 jours, soulignant que le confinement national avait montré des résultats positifs.

L’augmentation journalière des infections confirmées est passée de 42 % au cours des deux semaines précédant le confinement à une moyenne de 4 % pendant le confinement, a-t-il déclaré lors d’une allocution diffusée en direct à la télévision.

« Il y a suffisamment de preuves qui montrent que le confinement marche. […] C’est beaucoup vous demander, [mais] il s’agit d’une question de survie. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir de lourdes pertes en vies humaines. […] Je vous demande d’endurer [cette situation] encore plus longtemps et de réaliser des sacrifices encore plus grands. Si nous ne prenons pas ces mesures maintenant, la pandémie risque de submerger notre pays et de le ravager », a-t-il expliqué.

Au 13 avril, le pays avait déjà réalisé 83 000 tests de dépistage du COVID-19 et le Président a indiqué que ce nombre allait augmenter.

Une partie de l’opinion publique craint que le nombre de personnes infectées explose lors de la saison hivernale prochaine, associée aux épidémies de grippe. Kerrin Begg, une spécialiste du Département de la santé mondiale à l’Université de Stellenbosch, se montre toutefois optimiste quant à une baisse du nombre de personnes infectées, à condition que tous les Sud-Africains respectent le confinement.

Citant en exemples la Corée du Sud, Singapour et la Chine, où le confinement a eu des résultats positifs, elle affirme : « Dans deux semaines, nous devrions voir un ralentissement [de la propagation] du virus. Le Président Ramaphosa a fait preuve de leadership en déclarant l’état de catastrophe nationale. »»

Kerrin Begg ajoute que les personnes infectées ne développent les symptômes du coronavirus qu’au bout de 14 jours. Selon elle, l’interdiction de se déplacer est donc « vitale pour ralentir le taux de transmission », car 70 % des cas de COVID-19 en Afrique du Sud sont importés. « Ces personnes, qui viennent de l’étranger, [constituent] un nombre considérable de cas par rapport aux transmissions locales », souligne-t-elle.

Elle ajoute que les restrictions de contact interpersonnel au sein du territoire ont permis « d’aplanir la courbe », permettant au personnel de santé dans les structures médicales « de gagner du temps et de faire face à un nombre limité de patients ».

L’Afrique a besoin de ressources médicales

Étant donné le faible nombre de travailleurs médicaux et l’insuffisance des infrastructures dans la plupart des pays africains, toute nouvelle vague du virus sur le continent pourrait avoir un effet dévastateur. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique, qui compte 1,3 milliard d’habitants et représente un tiers de la charge mondiale de la maladie, regroupe seulement 3 % du personnel de santé mondial.

Par ailleurs, l’Afrique subsaharienne compte en moyenne seulement 2 médecins pour 10 000 personnes, allant de 0,6 au Burkina Faso à 9 en Afrique du Sud. Le Nigeria, qui compte le plus grand nombre d’habitants en Afrique, a une densité de 3 médecins pour 10 000 habitants. L’Éthiopie comporte tout juste 1 médecin pour 10 000 habitants, alors qu’il s’agit du 2e pays le plus peuplé d’Afrique.

En comparaison, l’Italie, la France et l’Espagne comptent respectivement 40,9, 40,6 et 32,3 médecins pour 10 000 habitants.

De plus, la densité des hôpitaux à travers le continent africain varie de 0,06 à 0,17 pour 100 000 habitants et le nombre de lits hospitaliers, incluant les lits en unités de soins intensifs, est limité.

Alors que les cas positifs de coronavirus en Afrique risquent d’augmenter rapidement au cours des prochains mois, la Banque africaine de développement (BAD) a estimé que le COVID-19 pourrait engendrer une perte de PIB comprise entre 22,1 milliards et 88,3 milliards de dollars pour le continent.

D’après Akinwumi Adesina, le président de la BAD, les déficits budgétaires pourraient augmenter cette année de 3,5 à 4,9 points de pourcentage, augmentant le déficit de financement de l’Afrique de 110 à 154 milliards de dollars supplémentaires.

Les perspectives semblent sombres pour l’Afrique et il est désormais clair que le continent risque d’avoir des difficultés à surmonter l’impact du COVID-19 s’il ne bénéficie pas de la solidarité et de l’assistance matérielle et financière de la communauté internationale.

(En reportage depuis l’Afrique du Sud)

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